Et si vous achetiez un cheval de Grand Prix en société ?

Installés à Chaumont-sur-Tharonne, à proximité de Lamotte-Beuvron, dans le Loir-et-Cher, Delphine Bertraneu, qui dispute actuellement le championnat de France Pro 1 avec Baccara Van Weltevreden, et son mari Michel, membre de l’équipe de France de dressage lors des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, adoptent un procédé original pour conserver leurs chevaux de haut niveau. Explications.



Delphine et Michel Bertraneu ont une façon bien à eux de garder les meilleurs chevaux de leur écurie de dressage. En effet, ils créent une Société Civile d’Exploitation Agricole (SCEA) pour chaque cheval dont ils vendent les parts. Actuellement, trois chevaux sont sous ce procédé courant dans le monde des courses mais peu pratiqué pour les chevaux de sport : Baccara, le cheval de tête de Delphine, Hilton, cinq ans, et Dakota, une jeune jument de trois ans dont la moitié des actions ont été vendues.
Concrètement, après avoir acheté leurs parts, les associés contribuent à l’entretien de leur cheval à hauteur de 1.000 euros par an pour celui qui en détient un dixième. Si si celui-ci est vendu, le prix est partagé entre les associés. ’’La majorité des associés sont cavaliers’’, précise Delphine. ’’Mais nous en avons qui n’ont rien à voir avec le monde de l’équitation. Ceux-ci sont séduits par le côté sportif pratiqué avec un animal qui fait rêver. La moitié des parts de Dakota ont ainsi été achetées par des gens de tous horizons à la suite d’une journée que nous avons organisée le 10 juin dernier avec les étudiants du Pôle formation alternance, une école de commerce parisienne. Cet événement nous a permis d’avoir des premiers contacts avec des chefs d’entreprise pour nous aider à construire notre carrière au haut niveau avec pour objectif une participation aux Jeux olympiques de Tokyo avec Baccara. Mettre en avant son image en vue de cet objectif est quelque chose qui plait aux entreprises.’’
Alexandra Semon, propriétaire de deux chevaux aux écuries Bertraneu qu’elle sort en compétition Club a investi dans Hilton, le cinq ans : ’’J’ai beaucoup d’admiration pour les cavaliers de haut niveau et j’ai toujours rêvé de faire cela’’, avoue-elle. ’’Grâce à cet investissement, je participe à un projet commun avec mon mari, photographe professionnel qui n’est pas du tout cavalier, et mes deux enfants adolescents aux cotés d’une cavalière que j’apprécie énormément. Cela nous passionne de voir le cheval évoluer. Si Hilton est vendu, j’utiliserai l’argent gagné pour racheter des parts dans un autre cheval monté par Delphine.’’
Depuis un an, l’écurie Bertraneu propose aussi aux éleveurs français de chevaux de dressage de prendre en pension leurs chevaux afin de les travailler et de les sortir en concours ce qui permet de bénéficier d’un réservoir de chevaux dressés à vendre. ’’Cette idée nous est venue après qu’on nous ait demandé quatre chevaux de niveau Saint-Georges pour la Chine, ce qui a été impossible à trouver’’, constate Delphine. ’’C’est aussi un moyen de faire savoir qu’il y a de très bons chevaux de dressage en France et qu’il n’est pas nécessaire de les acheter à l’étranger.’’