’’Robinson va beaucoup nous manquer’’, Anne-Sophie de La Gatinais

Jointe ce midi par téléphone, Anne-Sophie de La Gatinais, compagne de Sylvain Massa, naisseur de Robinson de Lafont*de Massa, a réagi à la mort du hongre Lusitanien d’onze ans des suites d’un nouvel épisode de coliques. La directrice de l’élevage et de l’écurie Massa lui rend un bel hommage, saluant le couple exceptionnel et atypique qu’il formait avec Arnaud Serre.



’’Comme Anne-Sophie et Arnaud Serre, nous avons été surpris pour la dégradation brutale de l’état de santé de Robinson. Tout semblait montrer qu’il revenait en forme. Il commençait à remarcher sur un tapis, il allait au paddock. Arnaud devait le récupérer dans quelques jours. Tout s’est dégradé très vite. Les vétérinaires ont procédé à un nouvel acte chirurgical. Ils ont tout tenté pour le sauver. Hélas, les dommages étaient importants. Je tiens à les saluer pour leur travail, car notre cheval a vraiment été très bien soigné tout au long de sa convalescence.
C’est évidemment une période difficile pour nous, d’autant que les coliques ont toujours un caractère brutal et violent. Mais nous savons que cela fait partie de la vie d’hommes de chevaux. Cela nous rend humble et nous rappelle qu’il faut être heureux quand nos chevaux vont bien, parce que cela ne dure pas toujours. En tout cas, nous sommes très contents de voir tout ce soutien dont les gens font preuve à notre égard, notamment sur les réseaux sociaux. Ça fait chaud au cœur de se dire que Robinson n’est pas parti en laissant les gens indifférents.
C’est aussi un moment difficile pour Arnaud. Évidemment, la disparition d’un tel cheval, ce sont des échéances sportives qui s’envolent. Ensemble, ils pouvaient espérer participer aux Jeux olympiques, même si notre priorité absolue était de remettre Robinson sur pied avant de voir s’il pouvait retrouver son meilleur niveau. Nous avions déjà eu de la chance qu’il se remette de sa première opération. S’il n’était pas revenu au sommet de sa forme, nous l’aurions déclassé ou lui aurions offert une belle retraite dans nos prés. Arnaud est assez philosophe, mais je sais qu’il perd un ami, car Robinson était un peu comme lui, avec un caractère proche du sien. Maintenant, nous allons tous ensemble nous concentrer sur la relève dont Anne-Sophie et Arnaud ne manquent pas.
Parmi les meilleurs moments de la vie de Robinson, je retiens évidemment les Jeux équestres mondiaux de Normandie. Je n’oublierai jamais l’accueil que le public avait réservé à Arnaud et Robinson à leur entrée et leur sortie de piste. Ce couple a amené de la gaieté dans ce sport. Le fait que Robinson soit né et qu’il ait accompli tout sa carrière en France, au service de la France, est aussi une belle histoire dont nous sommes fiers, Sylvain et moi.
Nous retenons surtout que ce cheval a eu la chance de trouver son cavalier, et inversement. Arnaud a su dompter Robinson qui lui a tout donné en piste. C’était un cheval atypique qui est un peu devenu une mascotte. C’était notre clown, notre gros poney ! Il va beaucoup nous manquer. À l’élevage, nous avons conservé son père, Maestro JGB, sa mère, Toutinegra CSM, et son propre frère, Jeronimo de Massa, mais il n’existe aucun produit de Robinson (même s’il est toujours enregistré comme étalon dans les bases de données de la FEI et de la FFE, il a été castré à quatre ans, ndlr).’’