Dans la cabane de Jean-Michel Roudier : ’’Sans les piaffers, nous sommes hors-jeu’’

Juge français officiant pendant cette édition 2015 des championnats d’Europe, Jean-Michel Roudier analyse chaque soir pour GrandPrix-Replay les reprises de la journée et dévoile les points forts et les points faibles des couples le plus marquants. Ce mercredi, il revient sur les reprises de Diederik van Silfhout, Fiona Bigwood, Isabell Werth et dresse un constat quant à la suprématie des trois nations qui règnent sur le dressage mondial. Il revient également sur les performances de Ludovic Henry et Pierre Volla.



Les performances par équipes
’’Dans les performances par équipes, j’ai évidemment retenu les Français. Pour le moment, nous sommes septièmes mais à quelques points seulement des autres. Aujourd’hui, il y a eu énormément de chevaux entre 68 et 70% et les autres se tiennent à très peu de choses. Pour ce qui est des trois premières équipes, Allemagne, Pays-Bas et Grande-Bretagne, elles sont largement au-dessus du lot. Prenons Isabell Werth, par exemple. Don Johnson n’a pas une qualité extraordinaire, il n’est pas spécialement gracieux. Mais lorsque l’on voit ce qu’elle arrive à en faire, c’est époustouflant.’’

Le podium individuel
’’Fiona Bigwood ne monte son cheval en compétition que depuis un an et demi. Et pourtant, elle a une qualité dans le piaffer/passage qui est fabuleuse, tout comme ses extensions. Mais j’avoue que j’ai noté un peu plus bas pour Atterupgaards Orthilia et Arlando, le cheval de Diederik van Silfhout. J’accorde beaucoup d’importance à la tension et, pour moi, l’absence de tension est plus importante que l’activité. Le cheval de Fiona Bigwood avait souvent la bouche ouverte. Quant à Arlando, je trouve qu’il a la ligne du dessus très mécanique, il manque de souplesse et d’élasticité.’’

Ludovic Henry et After You
’’Ludovic a fait sa meilleure reprise de l’année ! Je l’ai vu souvent, j’étais notamment à Rotterdam, et je peux assurer qu’il a réalisé sa meilleure performance. Il a ce défaut de trop monter son cheval. Mais aujourd’hui, il l’a laissé dans sa qualité naturelle sans demander excessivement. Ça a été très payant. J’espère qu’il va enregistrer cela pour la suite car c’était vraiment une superbe reprise. Sans parler de la qualité d’After You, qui a énormément de facilités dans le rassemblé, notamment. D’une manière générale, au jour d’aujourd’hui, je crois que sans les piaffers/passages, nous sommes totalement hors-jeu.’’

Pierre Volla et Badinda Altena
’’Nous sommes cinq juges à avoir noté Pierre et Badinda au-dessus de 70%. Nous sommes donc cinq juges du même avis. Le juge qui l’a noté à 66.800% a été un petit peu bas. Nous n’en avons pas encore discuté -nous ne discutons pas des chevaux entre les deux jours du Grand Prix – mais je pense qu’il a un peu sous-noté Badinda à cause de la contraction qu’il a ressenti au galop. Badinda est plus difficile au galop, et a le dos moins souple et élastique. En revanche, elle a signé des piaffers/passage absolument extraordinaires et montre un potentiel fantastique.
Pour moi, la reprise de Badinda n’était pas une surprise. La seule chose qui m’effrayait, c’est que Pierre n’ait pas les nerfs pour supporter tout cela. Mais il a un tel état d’esprit qu’il pense plus à être au mieux avec la jument qu’à la performance en elle-même. Il ne peut que progresser. Sa sortie de piste était d’ailleurs extraordinaire. Il a quitté le stade en lâchant complètement les rênes et sa jument était d’une décontraction incroyable, comme Valegro et Totilas. Nous avons vu Badinda complètement relâchée avec son cavalier, totalement en confiance. Tout cela ne peut présager que d’un très bel avenir.’’


La deuxième partie du Grand Prix
’’Les jeux sont très ouverts. Après les trois équipes de tête, toutes cherchent la qualification olympique et se tiennent dans un mouchoir de poche. Pour ce qui est du podium, tout est encore ouvert. Il suffit que Don Luis fasse la même reprise qu’à Vierzon pour que la France fasse la différence. L’Espagnole Beatriz Ferrer Salat peut elle aussi faire pencher la balance en faveur de son équipe. Elles ont autant d’expérience l’une que l’autre, et de très bons chevaux. Tout peut arriver.''