'NOUS AVONS BESOIN DE VOIR UNE NOUVELLE FOIS LES COUPLES', ALAIN FRANCQUEVILLE



Alain Francqueville, chef de l'équipe de France, revient tout juste du CDI 3* de Pompadour où il a vu évoluer quelques couples intéressants. Il a accepté de prendre quelques minutes pour dresser un état des lieux des couples français au lendemain des événements tests au stade d’Ornano et à l’aube des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie.


GrandPrix-replay.com : Qu’avez-vous pensé des infrastructures du stade d’Ornano et de l’organisation des événements test ?


Alain Francqueville : Pour moi, tout a été super. Nous voulions voir deux choses en particulier. Tout d’abord les sols, aussi bien ceux des détentes que ceux de la piste. Nous avons trouvé cela parfait. L’autre point que nous souhaitions observer était les écuries. Celles-ci sont très satisfaisantes d’autant plus que l’organisation a prévu de rajouter des aérations pour éviter qu’il y fasse trop chaud. Le seul petit point faible, s’il faut en donner un, est le fait que nous ne puissions pas utiliser les vélos entre les écuries et la piste. Il y a en effet une distance assez conséquente entre ces deux points, tout comme à Aix-la-Chapelle ou à Herning, et il serait vraiment bien que nous ayons la possibilité de parcourir ce chemin à vélo.

GPR. : Comment se sont déroulées les reprises des deux Françaises présentes à Caen en début de semaine dernière ?


A.F. : Le cheval de [Julia Chevanne] n’a pas été très bien. Il allait là-bas pour rectifier le tir après Compiègne où il avait été éliminé en raison d’un problème technique. Ce couple est, de toute manière, moins avancé pour une éventuelle sélection en vue de l’échéance normande. [Alizee Froment] a présenté de belles reprises avec [Mistral du Coussoul] même si de vrais soucis perdurent encore sur le piaffer. Le cheval est limité dans les points pour cette raison. La cavalière a également présenté [Ehrendorf], tout comme à Pompadour ce week-end. Ces deux compétitions étaient un essai pour le couple. Ils sont toujours autour d’un score de 66%. Les deux athlètes présentent très bien mais il y a des petites difficultés dans le piaffer et sur les changements de pied au temps.

GPR. : Quels sont vos critères de sélection ? Où en êtes-vous dans vos choix ?


A.F. : Nous prendrons les chevaux qui nous paraîtront les plus disponibles et les plus aptes à performer en août. Les deux éléments qui sont importants pour notre sélection sont que les chevaux répondent à une bonne inspection vétérinaire et présentent un Grand Prix de qualité. Nous ne pouvons observer ces deux critères qu’en compétitions internationales puisque les chevaux ne peuvent être sous traitement. Le Grand Prix est très important car c’est la Coupe des nations. Ce week-end va être important car il y a le CDI 3* de Vierzon où seront [Marc Boblet] et [Noble Dream]*Concept Sol, [Jessica Michel] associée à [Riwera de Hus] ainsi qu’[Anne-Sophie Serre] sur [Rossini]. Pour le premier couple, le but est de réussir à réaliser les mêmes performances que celles de cet hiver en indoor. La jument a été retirée du concours de Munich où elle était trop excitée. À Rotterdam, elle a reçu une note de 64% car elle était trop compliquée même si Marc a fait du mieux qu’il pouvait. Elle a ensuite réalisé 67% lors du Grand Prix Spécial. Le problème relève aujourd’hui de ce qu’on appelle la mémoire des émotions. La préparation pour le circuit extérieur n’a pas pris en compte de manière assez sérieuse le changement de contexte et Noble Dream n’a pas réussi à rester similaire à ce qu’elle était en indoor. Elle se rendra donc à Vierzon puis au CDI 3* de Deauville pour essayer de se caler. Le problème n’est que psychologique car elle sait réaliser tous les mouvements demandés. Riwera, quant à elle, est absente depuis le CDI 3* de Barcelone fin mars. Nous allons voir comment le couple se comporte à Vierzon notamment sur les séquences piaffer/passage. Rossini a lui aussi besoin de prouver sa bonne forme. Il a réalisé plusieurs performances mais il n’a pas été satisfaisant à Rotterdam. Parallèlement, il y aura deux chevaux, actuellement en bonne forme, mais qui doivent confirmer au CDI 4* de Fritzens en Autriche. Ce sera [Lights of Londonderry] et [Star Wars], les montures d’[Alexandre Ayache] et [Bertrand Liegard]. Les deux cavaliers seront accompagnés de Jan Bemelmans, entraîneur national. Alexandre Ayache et son fils de Londonderry présentent toujours des reprises notées à 67%, 68%. Bertrand, quant à lui, est absent des terrains depuis le CDI 3* de Saumur en raison notamment d’une chute l’ayant forcé à prendre du repos. Il se rendra à Fritzens puis à Deauville à la fin du mois pour confirmer. Parmi les autres couples pouvant espérer une sélection il y a [Arnaud Serre] et [Robinson de Lafont]*de Massa, qui sont performants depuis un moment avec des notes autour de 69%, mis à part un problème de langue vraiment exceptionnel lors du CDI 3* de Saumur qui leur a valu un score de 61%. Il y a également [Ludovic Henry] et son fidèle [After You]. Ils se sont stabilisés aux alentours de 66% tout comme [Claire Gosselin] et [Karamel de Lauture], malgré leur problème de piaffer. Jan et moi-même en saurons davantage après les concours de Vierzon, Fritzens et Deauville.

GPR. : Vous n’enverrez donc pas d’équipe à Aix-la-Chapelle ?


A.F. : Non, nous avions pris cette décision depuis longtemps. Nous étions en réserve et nous avons pensé que cela était inutile de n’envoyer qu’un seul couple là-bas. Le plus judicieux était donc de suivre nos couples à Vierzon et à Deauville. Mis à part Bertrand Liegard et Ludovic Henry, tous les couples ont déjà concouru en équipe. Nous les aurions envoyés à Aix-la-Chapelle si nous avions fait le choix d’y aller mais cela nous a semblé plus intelligent de ne pas nous y rendre.

GPR. : Quels sont actuellement vos objectifs pour les JEM ?


A.F. : Pour le moment, notre objectif est de constituer la meilleure équipe possible ! Mais il ne faut pas se leurrer, nous n’avons aucune chance de médaille. Les cinq premières places seront sans aucun doute occupées par l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède. Derrière il y aura des pays tels que le nôtre, l’Autriche, l’Italie ou l’Espagne. Il est important de se rappeler que nous étions sixièmes aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, septièmes aux championnats d’Europe d’Herning l’an passé. L’idée est donc de confirmer voire améliorer notre position pour rentrer dans les nations qui se qualifieront pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro lors des prochains championnats d’Europe.

GPR. : Quel est votre état d’esprit ?

A.F. : Je suis serein. Les conditions techniques sont excellentes. Jan et moi-même restons ouverts sur la finalisation de l’équipe puisque nous avons eu quelques soucis à Saumur et à Rotterdam. Nous avons besoin de voir une nouvelle fois les couples afin de prendre notre décision définitive. L’idéal serait que les couples déroulent des reprises à 69% et plus. Cela rassurerait l’équipe technique !

Propos recueillis par Marie de Pellegars-Malhortie