’’Aujourd’hui, Ohm est moins performant qu’il y a deux ans’’, Jérôme Hurel
2015 a été une saison des plus importantes pour Jérôme Hurel. Devenu l’un des piliers de l’équipe tricolore avec Quartz Rouge, le Francilien a ainsi décroché sa qualification pour les championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle, ses premiers à haut niveau sous couleurs tricolores. Quartz en tête, il dispose désormais d’un piquet de chevaux bien fourni, où l’on retrouve notamment Ohm de Ponthual, son ancien cheval de tête. Entre deux épreuves à Equita’Lyon, Jérôme Hurel a accepté de faire le point sur l’année écoulée et de regarder vers celle qui arrive.
Jérôme Hurel : Dans l’ensemble, je suis assez content de Quartz Rouge, j’ai quand même réussi à faire de belles choses avec. Tout au long de l’année, nous avons poursuivi notre progression vers Aix-la-Chapelle. Quartz a été plus que régulier puisqu’il a fait ou sans-faute ou quatre points et, au pire, quatre points avec du temps dépassé. Notre objectif était les championnats d’Europe, que nous avons atteint, malgré quelques déceptions mais, dans l’ensemble, Quartz a vraiment fait une bonne année.
GPR : Vous attendiez donc cette sélection en équipe de France ? Était-elle évidente pour vous ?
J. H. : J’ai essayé de tout faire pour que je sois prêt au moment décisif. Mais tout ne dépend pas que de moi, il faut aussi voir la forme des autres couples. J’ai fait mon programme pour l’année en privilégiant les Coupes des nations car c’est le format qui correspond le mieux aux championnats. J’ai été dans les six prétendants.
GPR : Au lendemain de la finale par équipes des championnats d’Europe, vous étiez quelque peu dépité par la tournure des événements. Avec le recul, comment analysez-vous ces championnats ?
J. H. : Sur l’ensemble du championnat, tout a été parfait le premier jour. J’ai fait exactement ce que l’on attendait de moi et Quartz a fait exactement ce que j’attendais de lui. Le deuxième jour, la déception a plus été personnelle parce que ma faute sur le numéro un m’a écarté de la finale individuelle mais cela n'avait que peu d’incidence sur l’équipe. Là où je m’en veux, c’est de ne pas avoir réussi à faire ne serait-ce que quatre points le dernier jour parce que ça aurait vraiment tout changé pour l’équipe.
Même si je n’ai fait qu’une faute dans les combinaisons le dernier jour, j’ai eu quelques sursis dessus tout au long du championnat. Je crois qu’il va falloir travailler les combinaisons courtes afin d’éviter de faire cette faute de trop. Il faut que j’arrive à ce que Quartz saute un peu plus groupé afin qu’il ne s’ouvre pas quand la distance est courte. Pour le reste, il a bien sauté tous les jours, malgré une puis deux fautes et c’est assez encourageant pour la suite.
GPR : Quartz Rouge a tout de même fait une très belle saison. A-t-il passé un cap cette année ?
J. H. : Pas forcément mais il devient de plus en plus fiable et régulier d’une année sur l’autre. Nous n’en sommes pas encore à gagner un Grand Prix 5* parce qu’il n’est pas forcément rapide et qu’il n’a pas encore vraiment l’expérience des barrages mais il fait de bonnes performances. Lorsque le temps est très serré, c’est encore un peu problématique mais de moins en moins. Je crois que ce problème-là est presque complétement résolu. Pour notre problème dans les combinaisons, j’ai monté un planning de travail afin d’améliorer cela. Après, il faudra avoir un petit plus de vitesse dans les barres. Je vais du coup profiter de cette période sans Coupes des nations pour faire plus de Grands Prix et travailler cela.
"À Rio, tout sera différent"
GPR : Ohm de Ponthual, votre cheval de tête il y a deux ou trois ans, semble bien revenir. Est-ce votre sentiment ? Pourrait-il redevenir votre cheval de tête ?J. H. : Il saute bien mais manque encore de régularité. Il a fait un très bon début d’année puis s’est un peu relâché en milieu, où il a fait pas mal de parcours à quatre points. Ensuite, il s’est très bien comporté lors du CSIO 5* de Calgary, notamment le dernier jour où il fait une jolie performance. Je dois commencer à le préserver, il prend un peu d’âge (Ohm prendra quatorze ans en 2016, ndlr) et je pense qu’il va falloir cibler des objectifs qui lui sont accessibles. Il est plutôt voué à rester mon deuxième cheval, bien qu’il puisse tout à faire me servir de cheval de tête sur un CSI 3 ou 4*. Aujourd’hui, il est peut-être un peu moins performant qu’il y a deux ans.
GPR : Vous pouvez également compter sur Urano de Cour au Bois, onze ans, Warrior, douze ans, Silène Belmanière, neuf ans, et, bien sûr, Violine de Montsec, six ans, championne de France à la Grande Semaine et championne des CIR cette année. Un sacré piquet ! Pensez-vous qu’il y ait dedans un futur cheval de Grand Prix ?
J. H. : Urano a fait un bon début de saison, notamment au CSIO 5* d’Abu Dhabi. Puis il s’est blessé et est resté arrêté un moment. Il revient depuis quelques semaines seulement, je suis en train de le remettre en route progressivement. Il est appelé à devenir un deuxième cheval pour courir les épreuves intermédiaires. Warrior, lui, est assez efficace et me sert à compléter mon piquet dans les épreuves de vitesse ou dans les épreuves à 1,50m. Il est très polyvalent. Silène a fait un début de saison où il n’a cessé de progresser puis il a eu quelques problèmes de santé. Il reprend tranquillement, techniquement il n’est pas tout à fait au point mais il saute normalement très bien en indoor et devrait être prêt d’ici la fin de l’année. Violine, elle, saute très bien. Je suis co-naisseur de cette jument, dont j’ai racheté la moitié lorsqu’elle avait six mois. J’ai monté sa mère, Svenska. J'ai monté Violine à quatre puis cinq et six ans. Elle va devenir une bonne jument. Je ne sais pas encore ce qu’elle va faire, mais elle fait beaucoup de sans-faute et est très volontaire. Je suis persuadé d’une chose : ce que Violine fera, elle le fera bien ! J’ai aussi un huit ans qui commence à sauter assez bien. Je pense que c’est un cheval assez compétitif. Dans les sept ans, j’ai deux bons chevaux de concours, mais je ne pense pas qu’ils sauteront les gros Grands Prix internationaux.
GPR : Quels sont vos plans pour l’année prochaine ?
J. H. : Forcément, les Jeux olympiques sont en ligne de mire. Fort de l’expérience d’un premier championnat, il va falloir voir ce qui a été et ce qui n’a pas été afin de faire une préparation optimum. La Coupe du monde n’est pas du tout un objectif. S’il y a quelques places en fin de circuit, j’irai peut-être mais ce n’est pas un objectif en soi. Après Calgary, Quartz a fait un petit break, il n’a pas sauté pendant six semaines. En décembre, il va enchainer les CSI 5* de Villepinte et Genève puis, selon les disponibilités, peut-être un concours fin décembre. Ensuite, soit il sautera directement la saison extérieure, soit il fera un dernier concours sur la fin de la saison indoor.
GPR : Pensez-vous que votre sélection à Aix-la-Chapelle pourrait être un atout en vue des Jeux olympiques ?
J. H. : À Rio, tout sera différent. La piste sera plus petite, on ne courra plus sur de l’herbe mais sur du sable et la pression sera bien plus forte. Après, avoir l’expérience d’un championnat peut bien sûr aider. Tous les sélectionneurs vous diront que les Jeux sont très particuliers. Arriver aux JO sans l’expérience d’un championnat est forcément handicapant. J’ai eu l’occasion d’aller à Aix, de voir comment tout se déroulait et surtout de voir les points qu’il reste à travailler, et c’est forcément un point positif.
GPR : Votre bombe, qui fait tant parler, a-t-elle une histoire particulière ?
J. H. : Non elle n’a pas d’histoire ! J’ai du mal à trouver une bombe qui me tienne bien sur la tête. J’ai celle-ci depuis plusieurs années, mais pas tant que ça ! Tout le monde a l’impression que ça fait vingt ans que je l’ai mais elle a juste cinq ou six ans. Elle n’est pas si vieille que ça ! Tant que je n’en trouverai pas une autre qui me tienne aussi bien sur la tête, je conserve celle-là !