Les Bleus ont débriefé leur saison à Lyon

Ce matin à Lyon, Sophie Dubourg, directrice technique nationale de la Fédération française d’équitation, et Philippe Guerdat, sélectionneur national de saut d’obstacles, ont convié une douzaine de cavaliers ayant sauté des Coupes des nations de Division 1 européenne et des CSI 5* à un débriefing de la saison extérieure. Le bilan mitigé de l’équipe de France, sur lequel se penche Grand Prix Magazine dans son numéro de novembre, actuellement en kiosques, fait apparaître un vrai paradoxe matérialisé par de belles performances individuelles et deux échecs par équipes, aux championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle et lors de la finale mondiale de la Coupe des nations, à Barcelone. Deux échecs que le staff technique tricolore a tenté d’expliquer pour ne pas reproduire les mêmes erreurs aux Jeux olympiques de Rio.



Ce matin à Lyon, Philippe Guerdat a livré à ses cavaliers son analyse des championnats d’Europe, dont la France a pris la cinquième place tout en classant trois couples dans le top dix individuel. "Je suis circonspect, car jamais une nation ayant trois cavaliers dans le top dix, dont un sur le podium, est repartie d’un championnat sans médaille par équipes", rappelle le sélectionneur avant d’énoncer une à une les hypothèses de cet échec collectif.
 
État d’esprit
 
"Le matin même de la seconde manche, mes cavaliers envisageaient de devenir champions d’Europe, et nous avons fauté trois fois sur la même palanque (ondulée, ndlr). Moi, j’aurais signé pour quelque médaille que ce soit. La veille au soir, nous avons organisé un dîner avec tous les cavaliers, propriétaires et élus de la Fédération parce que cela nous tenait très à cœur. La date était peut-être mal choisie – nous étions un peu dans l’euphorie, cela a peut-être sorti un peu trop les cavaliers de la compétition – mais c’était la seule où nous pouvions réunir tout le monde... Ceci dit, les Suisses étaient dans le même restaurant, et eux ont été médaillés le lendemain. Mais idéalement, ce dîner aurait sans doute été plus à propos le lendemain soir.
Comme il y a deux ans à Herning, j’ai toujours dit que nous ne jouions pas notre vie aux championnats d’Europe, même si ce sont des passages obligés, mais que nos vrais objectifs étaient les Jeux équestres mondiaux de Normandie et les Jeux olympiques de Rio. Je n’ai peut-être pas assez bien mené l’équipe à Aix, même si je pense que nous avions les meilleurs couples disponibles à ce moment-là. Pour être bon, il faut être à 100%, mais pour gagner, il faut être à 120%. Nous n’y étions sans doute pas. En ce qui me concerne, ma vie personnelle n’a pas été très simple cette année (en raison du contrôle positif des chevaux de Steve, son fils, au CSIO 5* de La Baule et des événements qui en ont découlé, ndlr)."
 
Stage préparatoire
 
"Cette année, nous avions choisi de nous réunir à Valkenswaard, non loin d’Aix, en faisant travailler les chevaux des championnats d’Europe en marge des épreuves du CSI 5*. J’ai voulu faire plaisir à mes cavaliers et à leurs propriétaires en ne les empêchant pas de monter leurs autres chevaux dans ce beau concours. A posteriori, je pense que c’était une erreur. J’aurais dû monter au créneau pour imposer un stage plus classique. D’ailleurs, les Suisses n’étaient pas à Valkenswaard, ni les Néerlandais, à domicile, sauf un de l’équipe (Maikel van der Vleuten, ndlr) qui faisait des allers-retours entre leur stage et le concours. Cela doit nous servir de leçon : l’année prochaine, je pense que nous n’irons pas sauter un concours trois jours avant de prendre l’avion pour Rio."
 
Une absence de préparation pour Barcelone
 
"Après notre contre-performance des championnats d’Europe, nous avions la finale de la Coupe des nations pour nous remettre dans le droit chemin. Nous avions deux chevaux des championnats d’Europe (Flora de Mariposa et Rêveur de Hurtebise*HDC, ndlr). Ryan des Hayettes (médaillé de bronze à Aix avec Simon Delestre, ndlr) était au repos. Nous avons fait rentrer Number One d’Iso*Un Prince (avec Nicolas Delmotte, ndlr) qui avait été arrêté un bon moment avant (ainsi que Roger-Yves Bost et Qoud’Cœur de la Loge, réservistes à Aix, ndlr). Nous aurions dû mieux nous préparer à cet événement en faisant sauter tous les chevaux dans un concours ou un stage avant d’aller à Barcelone. Comme il y avait des étapes du Global Champions Tour, j’ai laissé les cavaliers gérer leur programme comme ils l’entendaient, j’ai sans doute été trop laxiste. Les programmes sont tellement chargés… Je ne peux pas non plus entrer systématiquement en conflit avec tous les cavaliers et les propriétaires."
 
D’après Sophie Dubourg et Philippe Guerdat, les cavaliers ont plutôt partagé leurs analyses. "Ils ont également analysé techniquement leurs fautes individuelles", précise la directrice technique nationale. Une nouvelle réunion de préparation des Jeux olympiques devrait être organisée lors du Jumping de Bordeaux, début février. D’ici là, la France saura dans quelles Coupes des nations elle pourra se produire en 2016.


Le bilan des équipes de France de saut d’obstacles, concours complet, dressage, endurance, attelage, voltige, reining et para-dressage sont à lire dans le numéro de novembre de Grand Prix Magazine, actuellement kiosques.