Quito de Baussy s'est éteint

Alors qu'il avait fêté ses trente-trois ans en mars dernier, Quito de Baussy, compagnon de légende d'Éric Navet, a disparu hier. Depuis dix-sept ans, il coulait une paisible retraite dans l'Eure, chez Sylvie Navet, la soeur de son cavalier, avant de rejoindre les écuries d'Éric, il y a peu.



Quito de Baussy s'est éteint hier. À trente-trois ans, le compagnon d'Éric Navet, qui a remporté six médailles en cinq grands championnats, a rendu son dernier souffle. "Il avait déjà trente-trois ans, c’est vraiment énorme pour un cheval surtout avec la carrière qu’il a eu", témoigne Sylvie Navet, chez qui il a passé la plus grande partie de sa retraite. "Il y a quinze jours encore, il était en forme. Et puis ça s’est dégradé très vite. Ses membres se fatiguaient ces derniers temps, il avait de plus en plus de mal à se déplacer. Il a fini par s’endormir paisiblement chez Éric." Le mythique fils de Jalisco B et d'une mère par Prince du Cy avait quitté le sport en 1993, après cinq ans au plus haut niveau et six médailles ramenées des plus prestigieux championnats.

La carrière de Quito a démarré en 1990, après avoir été débourré et débuté en compétition par Éric Navet. Né chez son père, Alain, l'étalon bai est un pur produit de l'élevage familial. Après avoir participé à la Grande Semaine à quatre et cinq ans, Éric Navet le récupère à l'âge de huit ans et l'engage directement dans le CSI-W de Paris Bercy. Quito y fait forte impression en terminant deuxième du Grand Prix, juste derrière Alexandra Ledermann et Punition. Le couple s'illustre ensuite lors de la Coupe des nations de Lucerne, en Suisse, qu'il remporte aux côtés de l'équipe de France avant d'arracher également la victoire dans le Grand Prix.

Alors qu'Éric Navet refuse dans un premier temps d'engager son jeune cheval dans la course aux Jeux équestres mondiaux, dont la première édition se déroule à Stockholm, en Suède, en 1990, il est finalement du voyage. Éric Navet et Quito de Baussy deviennent alors les premiers champions du monde par équipes puis en individuel de l'histoire du saut d'obstacles. Deux ans plus tard, les deux ajoutent à leur palmarès une médaille de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Barcelone, avant d'être également couverts de bronze l'année suivante, lors des championnats d'Europe de Gijon. En 1994, Quito de Baussy décroche sa dernière médaille, une médaille d'argent par équipes, lors des Jeux équestres mondiaux de La Haye. Malheureusement, il ne rééditera pas son exploit en individuel.


Retraite précoce

À trente-trois ans, Quito de Baussy était encore bon pied bon oeil.

À trente-trois ans, Quito de Baussy était encore bon pied bon oeil.

© Collection privée

En 1995, alors qu'il n'est âgé de que treize ans, Éric Navet décide de donner à son compagnon la retraite qu'il mérite, estimant qu'il a assez donné au sport. L'étalon fait ses adieux à La Baule, au coeur du Stade François-André, devant des tribunes combles. "Il aurait pu continuer plus longtemps, il était en parfaite santé", témoignait Éric Navet. "Physiquement, il était encore très bien. Mentalement, je le sentais lever le pied, moins motivé, moins généreux. Je trouvais qu’il était en train de redescendre. Par respect pour le cheval, j’ai préféré ne pas aller pour loin."

Quito de Baussy continue ensuite à honorer sa carrière d'étalon. D'abord au haras de Baussy, il part ensuite un an faire la monte au Chili, en 1997. En rentrant d'Amérique Latine, l'étalon rejoint les écuries de Sylvie Navet, la soeur d'Éric, avant de retrouver, il y a quelques temps, les écuries de Panilleuse de son cavalier, où il s'est paisiblement éteint, ce 6 octobre. "C’était un cheval très attachant. Il toujours su exactement ce qu’il fallait faire au moment où il fallait le faire. Au travail il était attentif, au pré il était joueur, au box il était adorable et en concours, il était toujours concentré. J’ai appelé mon frère hier soir, il était naturellement très attristé de la nouvelle, mais nous nous disons qu’il a pu profiter de belles années de retraite et que nous avons pu profiter de lui jusqu’au bout", a ajouté Sylvie Navet.

Du début à la fin Quito a prouvé son caractère exceptionnel. Les années de compétition n’ont en rien entaché le moral de cet étalon qui a tout donné pour le sport et l’élevage français. À trente-trois ans, il a fait rêver bien des générations de passionnés.