L’affaire Steve Guerdat peut-elle faire évoluer la politique sur le dopage ?

Après le contrôle positif de ses chevaux Nino des Buissonnets et Nasa lors du CSIO 5* de La Baule, Steve Guerdat a vécu plus de deux mois associé au mot ’dopage’. Bien que, dès son premier communiqué, la Fédération équestre internationale ait mentionné une possible contamination alimentaire, le Suisse dénonce aujourd’hui une mauvaise communication quant à son cas. Mais, face au tollé suscité par la suspension du vainqueur de la Coupe du monde, le FEI semble prête à ajuster son règlement.



Le 21 juillet dernier, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Le champion olympique Steve Guerdat a été suspendu pour dopage, après le contrôle positif de ses chevaux, Nino des Buissonnets et Nasa, lors du CSIO 5* de La Baule, où il a remporté le Grand Prix avec son hongre bai. Dans son communiqué, la Fédération équestre internationale mentionnait toutefois la possibilité d’une contamination alimentaire, hypothèse la plus probable pour justifier la présence d’oripavine, codéine et morphine, que l’on ne trouve dans aucun médicament. Malgré tout, le mot ’dopage’ avait évidemment été associé au champion suisse.
 
Aujourd’hui entièrement blanchi dans cette affaire, Steve Guerdat a tenu à s’exprimer sur ce sujet, ce matin, lors d’une conférence de presse.  ’’Dans tous les titres, les mots ’Steve Guerdat’ et ‘doping’ étaient associés. J’ai dû accepter ce qu’il m’arrivait et aller de l’avant car, avec tous les magnifiques moments que j’ai vécu grâce à mon sport, je m’estime comme étant un privilégié. Cependant, je pense que des changements importants doivent être apportés. Attention à ne pas briser de carrières.’’ Un constat que partage Charles Trolliet, président de la fédération des sports équestres suisses. ’’Il faut tirer des leçons de cette pénible affaire’’, a-t-il expliqué. ’’Les substances soumises à une médication contrôlée ne consiste pas en du dopage au sens où le grand public le comprend. C’est-à-dire que ce n’est pas un acte délibéré d’administrer un produit dans le but de modifier la performance sportive. Elles ne relèvent pas d’une claire volonté de tricher. Une annonce publique comme celle qui a été faite pour Steve amène à des réactions négatives, quelques soient la nature, l’origine et l’activité des substances. Ces réactions sont parfois justifiées, mais elles peuvent avoir des retombées catastrophiques.’’
 
De son côté, Mikael Rentsch, directeur du département légal de la FEI, a rappelé ’’la nécessité d’être transparent. Les chevaux ont été positifs à une substance interdite, nous devons le dire. De plus, il a clairement été mentionné la possibilité d’une contamination alimentaire, car nous avions déjà l’expérience de trois autres cas. Quant à savoir si le responsable légal est coupable ou non, c’est au Tribunal de décider.’’


Vers un nouveau règlement ?

En plus d’une nouvelle communication, c’est également un nouveau traitement des cas impliquant des substances soumises à médication contrôlée que réclame Charles Trolliet. ’’Nous accordons une importance particulière au bien-être des chevaux et il doit passer avant tout, en toutes circonstances. Il est inacceptable que les chevaux aient à souffrir de leurs activités sportives. La lutte contre le dopage et l’usage incorrect de certaines substances sont des éléments qui permettent d’assurer le bien-être et l’équité dans le sport. C’est pour cela que la FSSE propose la création d’une commission ad hoc qui analyserait les cas qui relèvent des substances interdites d’origine naturelle, grâce à des juristes, des experts vétérinaires et pharmacologiques ainsi que des analystes, avant publication. Il est impossible d’éviter toute contamination mais nous devons réduire les risques le plus possible.’’  De son côté, Steve Guerdat a souligné que ’’en acceptant notre accord, la FEI a fait un grand pas en avant’’.
 
Et cela ne semble pas être le seul pas en avant de la FEI puisque l’instance internationale a annoncé être prête à créer une nouvelle catégorie de substances, les substances spécifiées, qui regrouperait les substances interdites qui peuvent avoir une origine naturelle. ’’Avec ce nouvel élément, la FEI pourrait avoir plus de souplesse dans ses mesures immédiates et dans sa communication’’, se réjouit Charles Trolliet.