De retour au top avec un nouveau champion, Greg Patrick Broderick surclasse deux Bleus à Gijón

Le CSIO 5* historique de Gijón s’est achevé hier soir en Espagne. Après la victoire de l’Italie vendredi dans la Coupe des nations, le Grand Prix est tombé hier dans l’escarcelle de Greg Patrick Broderick. En selle sur Westbrook, frère d’Ohlala et fils de Jaguar Mail, l’Irlandais a grillé la priorité à deux Français, Mathieu Billot et Félicie Bertrand, respectivement associés à Quel Filou 13 et Sultane des Ibis.



On avait découvert Greg Patrick Broderick avec un certain MHS Going Global, septième du Mondial des sept ans en 2013 à Lanaken, auteur d’une belle première Coupe des nations fin 2014 au CSIO 3* d’Arezzo et brillant au plus haut niveau dès 2015 en Grands Prix, terminant troisième au CSI 5* de Cascais, et surtout en Coupes des nations: quatre puis zéro aux CSIO 5* de Lummen et La Baule, puis double sans faute aux CSIO 5* de Saint-Gall et Dublin. Sélectionné pour les championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle, le couple s’était montré moins performant, avant de conclure sa saison correctement en finale mondiale des Coupes des nations, avec des tours à cinq et quatre points.
 
En 2016, Going Global avait été davantage préservé. Deuxième du Grand Prix CSI 2* de Balmoral, il avait surtout réussi un excellent CSIO 5* de Saint-Gall, désigné sélectif pour les Jeux olympiques, par Robert Splaine, l’ancien chef d’équipe irlandais, avec un double clear round dans la Coupe et une quatrième place dans le Grand Prix. Ainsi, le couple avait finalement hérité de l’unique place individuelle dont disposait l’Irlande pour Rio 2016, au grand dam des piliers du Trèfle, Cian O’Connor en tête. Après un nouveau double sans-faute à Dublin, le trentenaire avait abordé les JO dans les meilleures conditions. Pourtant, son aventure brésilienne s’était achevée dès la deuxième qualificative, avec treize points concédés en deux jours. Après une sixième place dans le Grand Prix CSIO 5* du Masters de Calgary et une belle finale à Barcelone (zéro puis quatre), le hongre ISH par Quidam Junior et une mère par Cavalier Royale avait été acquis à très grands frais par le Grecque Athina Onassis.
 
Depuis, Going Global a obtenu quelques classements en CSI 5*, dont des six et septième places dans des Grands Prix disputés sur la grande piste de Doha, en 2018 et 2019, et une quatrième place à Cannes avec l’Italien Alberto Zorzi, qui l’a monté quelque temps en 2017. En revanche, on ne l’a plus revu en championnat, la Grecque s’étant éloignée du très haut niveau depuis la terrible mort de Camille Z le 11 décembre 2014 à Genève. Pour sa part, Greg Broderick avait presque disparu des écrans radar, excepté quelques bons classements avec Charly Chaplin S (KWPN, Harley x Burggraaf), qu’il monte de temps à autre en alternance avec son élève américaine Kerry Mc Cahill, Chinook II (KWPN, Verdi TN x Little Rock), que lui prêtait parfois son ancienne élève américaine Veronica Tracy, Charmeur (KWPN, Calvaro x Heartbreaker) et Dabelle (sBs, Nabab de Rêve x Chin Chin), désormais associés respectivement à l’Américain Michael Hughes et au Néerlandais Niels Kersten, ou encore Duco (KWPN, Vigaro x Calvados), auteur d’un double sans-faute au printemps dernier dans la Coupe des nations du CSIO 3* de Lisbonne, mais à l’arrêt depuis.
 


Meilleur fils de Jaguar Mail et digne frère d'Ohlala !


La semaine passée à Gijón, dans la province espagnole des Asturies, au bord de l’Atlantique, l’Irlandais a été sélectionné pour son deuxième CSIO 5* de l’année, et le premier de ce niveau au sein de l’équipe nationale depuis 2016. Ce retour au premier plan, le trentenaire le doit surtout à Westbrook, un hongre SWB de onze ans sur lequel il concourt également en alternance avec Kerry Mc Cahill. Né – chez Jonas Jönsson – et formé en Suède, notamment par Sofia Nilsson-Falkman, ce très beau gris était apparu en CSIO 5* pour la première fois en 2016 sous la selle du champion d’Europe et vice-champion olympique Peder Fredricson.
 
Les passionnés d’élevage apprécieront l’intérêt de son pedigree. Ainsi, son père n’est autre que le Selle Français Jaguar Mail (Hand in Glove, Ps x Laudanum, Ps), finaliste des Jeux olympiques de 2008 à Hong Kong avec le Suédois Peter Eriksson et frère de Katchina Mail (SF, Calavro), vice-championne du monde par équipes en 2010 à Lexington avec Patrice Delaveau et elle-même mère des jeunes étalons Catchar (SF, Diamant de Semilly) et Delstar Mail (SF, Utrillo van de Heffinck). Figurant depuis 2015 dans le top cinq des meilleurs père de gagnants internationaux en concours complet, Jaguar produit également des chevaux performants en saut d’obstacles. Désormais, Westbrook est sans aucune doute le meilleur d’entre eux. En outre, un rapide coup d’œil à sa souche maternelle suffit à se rendre compte que, quatre ans avant la naissance du gris, Carrera (SWB, Cardento x Bonaparte), sa mère, avait déjà engendré la prodigieuse – et désormais retraitée – petite Ohlala (SWB, Orlando van de Heffinck), double médaillée de bronze des Jeux panaméricains de Toronto en 2015, victorieuse de nombreuses épreuves dont le Grand Prix CSI 4*-W de Washington et la très relevée épreuve genevoise endeuillée par la mort de Camille Z, sans oublier une cinquième place dans le Grand Prix CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle en 2014.
 


Mathieu Billot et Félicie Bertrand encore au rendez-vous

© Xurde Margaride


En avril 2017, Westbrook a été racheté par le Canadien Mario Deslauriers, avec lequel il avait obtenu de nombreux classements cette année-là, terminant notamment quatrième d’un Grand Prix CSI 5* de la tournée estivale de Spruce Meadows, à Calgary, où il s’était encore fort bien comporté dans la Coupe des nations du Masters (quatre puis zéro), deux mois plus tard. Après une dixième place en janvier 2018 dans un Grand Prix CSI 3* à Wellington, en Floride, Mario Deslauriers avait revendu Westbrook à la famille de Kerry Mc Cahill, cavalière de vingt-deux ans évoluant aux niveaux 2* et 3*. À noter encore que l’an passé, Westbrook avait ébloui Aix-la-Chapelle avec deux classements très prometteurs, dont une quatrième place dans le très sélectif Prix de l’Europe, sous la selle de l’Irlandais Darragh Kenny, qui ne l’a plus jamais remonté depuis…
 
Après une première période de quelques semaines fin 2018, marquée par une victoire dans un Grand Prix CSI 2* à Vilamoura, Greg Broderick a retrouvé le gris au début de l’été. Depuis, le couple a enchaîné une sixième place dans un Grand Prix CSI 3* du Knokke Hippique en Belgique, des performances correctes au CSIO 5* de Dublin et donc ce CSIO 5* de Gijón. Vendredi, le couple a concédé deux fois quatre points dans la Coupe des nations, contribuant à la quatrième du Trèfle. Mais hier, on n’a pas compté la moindre pénalité dans le Grand Prix, disputé sur l’une des plus belles pistes en herbe du circuit. Grâce à son double clear round, le plus rapide des cinq enregistrés hier, le couple a ainsi remporté son premier Grand Prix CSIO 5*.
 
Comme souvent, cette épreuve en deux manches s’est avérée coriace, avec neuf abandons et dix parcours à neuf points et plus sur quarante-huit concurrents, de niveaux divers il est vrai. Quant aux Français, troisièmes de la Coupe des nations sous la conduite d’Édouard Coupérie, l’adjoint de Thierry Pomel, ils ont encore répondu présent. Ainsi, si Max Thirouin et Utopie Villelongue (SF, Mylord Carthago x Calypso d’Herbiers) n’ont pas passé le cut, avec huit points, les trois autres couples tricolores au départ se sont qualifiés pour la seconde manche. Pénalisés de quatre points à chaque tour, Pierre-Marie Friant et Urdy d’Astrée (SF, Bouffon du Mûrier x Pamphile), qui poursuivent leur belle première saison à haut niveau, se sont classés septièmes. Et l’on retiendra évidemment les très belles deux et troisième places des Normands Mathieu Billot et Félicie Bertrand, respectivement associés à Quel Filou 13 (DSP, Quidam’s Rubin x Cascavelle) et Sultane des Ibis (SF, Quidam de Revel x Élan de la Cour), tous deux doubles sans faute comme vendredi. Déjà trois et quatrième des Grands Prix CSIO 5* de Falsterbo et CSI 5* de Dinard, le Deauvillais et son impressionnant gris ont fini à seulement trois dixièmes des vainqueurs, confirmant leurs capacités à briller sur les grandes pistes en herbe, tandis que Félicie et Sultane, onzièmes à La Baule, ont signé là leur plus belle performance de la saison extérieure.
 
Les résultats