"Courir en équipe me manque", Luciana Diniz

Victorieuse à Bâle et à Madrid, cinquième à Doha et à ‘s-Hertogenbosch, septième à Hambourg, huitième à Miami… Luciana Diniz vit un excellent début de saison, grâce notamment à son qualiteux piquet de chevaux, composé, entre autres, des phénomènes Winningmood et Fit For Fun 13. Un début de saison en fanfare pour la Portugaise, dont le sourire rayonne à chacune de ses apparitions. Sa réussite, ses chevaux et ses objectifs, avec, bien sûr, les championnats d’Europe en ligne de mire, la Brésilienne de naissance se dévoile pour GrandPrix-Replay.



GrandPrix-Replay : Dès le mois de janvier, vous avez démarré votre saison en trombe en remportant le Grand Prix CSI 5* de Bâle, sur Fit For Fun 13. Comment vivez-vous ce très bon début de saison ?
Luciana Diniz :
 Je suis très heureuse de ce début de saison. Mes chevaux sont en très grande forme et moi aussi. Ma réussite, je la dois à mon équipe qui fait un travail fantastique et mes proches qui me soutiennent sans faille. Ma famille et mes amis sont toujours là quand je gagne, c’est un signe !
 
GPR : Comment jugez-vous la progression de Fit For Fun 13 ? 
L.D. :
 Fit For Fun a très bien évolué. J’ai pris beaucoup de temps à la construire et à la former, pour la préserver du haut-niveau, qui est difficile. Je lui ai fait faire son premier Grand Prix CSI 5* en fin d’année de neuf ans, ce qui est de plus en plus rare pour le sport. Elle a progressivement enchainé les grosses épreuves et elle l’a très bien vécu. Elle a commencé à vraiment se surpasser en fin d’année, et elle l’a montré en remportant le Grand Prix de Bâle. Je n’ai vraiment aucun regret d’avoir déclaré forfait pour les championnats du monde de Caen. Je savais que ma jument était trop jeune pour courir ce championnat, c’était mûrement réfléchi. Peut-être que si elle était allée aux JEM, elle n’aurait pas fait le début de saison qu’elle a fait, alors je me dis que je ne me suis pas trompée.


"Fit For Fun est exceptionnelle, quels que soient les terrains"

GPR : Après avoir été longtemps convalescents, Winningmood et Lennox semblent être revenus à leur meilleur niveau. Quels sont vos objectifs avec eux ? 
L.D. :
 Ils sont tous les deux revenus en très bonne forme. Je suis heureuse de ça parce que nous avons pris le temps de les remettre vraiment en condition. Pour eux, les objectifs restent les Grands Prix, surtout ceux du Global Champions Tour auxquels je participe souvent. Je monte aussi Sakann, qui est très bonne. Comme je l’ai fait avec Fit For Fun, je prends mon temps avec elle et j’y vais petit à petit. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est talentueuse, intelligente et très respectueuse.
 
GPR : Quels sont vos objectifs cette année ? 
L.D. :
 Les championnats d’Europe est mon objectif numéro un. Si tout se passe bien, ce sera Fit For Fun qui ira. Elle est vraiment exceptionnelle quels que soient les terrains. Que ce soit sur une petite piste intérieure comme à Bâle ou dans sur un énorme terrain en herbe à Aix-la-Chapelle, elle est sans-faute. Mon deuxième objectif sera la finale du Global Champions Tour à Doha, en novembre. C’est un circuit que j’aime énormément parce que le niveau est élevé, les concours toujours bien organisés et les destinations permettent de beaucoup voyager.
 
GPR : Flora de Mariposa, Firth of Lorne, Barron, votre magnifique Fit For Fun et bien d’autres encore. Comment expliquez-vous la montée en puissance de tous ces descendants de For Pleasure ? 
LD :
 Honnêtement, je pense qu’ils sont si bons parce que ce sont eux, et pas parce qu’ils ont telle ou telle origine. Ce ne sont pas des chevaux comme les autres. Flora, Fit For Fun… Ils sont extraordinaires. Cependant, je m’intéresse un peu à l’élevage. J’ai mon propre élevage de saut d’obstacles, mes parents élèvent des chevaux de polo, et élevaient des chevaux de course auparavant.


"Je veux combiner le sport et ma vie personnelle"

GPR : N’est-il pas frustrant de ne jamais pouvoir courir avec une véritable équipe du Portugal ? 
L.D. : 
Quand j’ai choisi de perdre la nationalité brésilienne pour prendre la portugaise, je savais ce que je perdais et ce que j’allais gagner. Évidemment, pouvoir courir en équipe, avoir une vraie chance de médaille par équipe et partager les émotions du sport avec des coéquipiers me manquent beaucoup. Mais être une cavalière européenne me permet d’être dans le cœur du sport. Je peux faire les championnats d’Europe et être invitée à plus de concours européens, entre autres. Ça a été un mal pour un bien et, aujourd’hui, je suis contente d’avoir la nationalité portugaise.
 
GPR : Vous avez accueilli Margaux Rocuet pendant quelques mois dans vos écuries, l’an passé. Elle est assez vite partie chez Ludger Beerbaum. Que s’est-il passé ? 
L.D. :
 Elle est partie que je n’avais pas assez de temps pour la coacher. Je voulais me concentrer sur ma carrière, être proche de mes chevaux et pouvoir mener à bien mes projets sociaux personnels (Luciana a créé une association nommée GROWING visant au développement personnel, ndlr). C’est tout ce que je veux faire, pouvoir combiner le sport et ma vie personnelle. 
 
GPR : Sans vraiment vous connaître, on a le sentiment que votre attitude est assez décalée de celle de la plupart des autres cavaliers du circuit. Avez-vous conscience de cette singularité ? 
L.D. : 
La différence est que je suis proche de mes chevaux et que cela se voit. En fait, pour moi, c’est également une manière de donner l’exemple. Certains oublient souvent la relation homme-cheval dans le sport, et j’aimerais que cela revienne un peu plus au centre. Cela dit, je ne suis pas la seule. J’ai tissé de bons liens par exemple avec Luca Maria Moneta, qui fonctionne un peu de la même manière.