'UN REFUS TRÈS DOULOUREUX', KEVIN STAUT
Tout juste rentré de Las Vegas, où la finale de la Coupe du monde de saut d’obstacles s’est achevée dimanche soir sur la magnifique victoire de Steve Guerdat, accompagné sur le podium de Pénélope Leprevost et Bertram Allen, Kevin Staut a accepté de revenir sur sa propre contre-performance. Après une Chasse rapide pénalisée d’une petite faute, le Normand a essuyé un refus inattendu de Silvana*HDC dans la très difficile épreuve du deuxième jour. Trop loin de la tête, l’ancien numéro un mondial a monté les deux derniers tours de dimanche sans autre enjeu qu’offrir de l’expérience à Qurack de Falaise*HDC. Il revient sur cette finale douloureuse.
GrandPrix-Replay : Quel bilan tirez-vous de cette finale de Coupe du monde?
Kevin Staut : Je suis profondément déçu. C’est une déception personnelle, parce que j’avais beaucoup misé sur cette finale, dont j’avais fait un vrai objectif, même si ce n’est pas le seul de l’année. Je traverse une phase un peu moins fructueuse depuis quelque temps, je comptais là-dessus pour repartir de l’avant. C’est aussi une déception d’équipe, non pas pour la France, car Pénélope (Leprevost, ndlr) a réussi un parcours fantastique avec Vagabond de la Pomme, mais pour l’écurie HDC que nous formons avec Patrice. L’un comme l’autre, nous aurions vraiment voulu faire mieux, d’autant plus qu’Armand et Emmanuèle (Perron-Pette, les propriétaires de Silvana, Orient Express et Qurack de Falaise, ndlr) ont le déplacement jusqu’à Las Vegas pour nous voir. Généralement, entre Patrice et moi, quand l’un va moins bien, l’autre gagne. Cette fois, nous avons échoué tous les deux, pour des raisons différentes. Même s’ils ne nous le montrent pas, et qu’ils ont toujours une attitude exemplaire dans la défaite ou la contre-performance, je sais que c’est un coup dur pour eux aussi. C’est douloureux pour nous tous…
GPR : Comment analysez-vous cet incroyable refus de Silvana le deuxième jour?
K.S. : Ce refus, pour un couple d’expérience comme le nôtre, avec un cheval que je connais aussi bien que Silvana, c’est très douloureux, très difficile à supporter. Je ne sais pas trop quoi dire. Techniquement, j’aurais sans doute pu faire une foulée de moins, mais bon... Mon premier jour ne s’est pas parfaitement goupillé, comme l’année dernière à Lyon, où nous avions déjà fauté dans la Chasse. Là encore, c’était une petite faute, et nous n’étions pas si loin, mais nous n’avions pas le droit à l’erreur le deuxième jour. Après ce refus, Silvana a survolé toutes les difficultés...
GPR : Comment jugez-vous la performance de Qurack de Falaise*HDC, dimanche?
K.S. : C’est une très vraie source de satisfaction, même si sur le moment, cela n’a pas suffi à effacer l’immense déception de cette finale. Qurack a montré un vrai potentiel et un très bon mental. Il n’a pas commis de vraie faute technique, juste des erreurs de jeunesse et de métier sur des obstacles isolés. C’est de bon augure pour l’avenir.
GPR : L’ennemi numéro un de cette finale n’était-il pas cette piste si particulière à bien des égards ? Y étiez-vous bien préparé?
K.S. : Oui, cette piste était très spéciale, très réduite, très bruyante, mais je m’attendais à ça. D’ailleurs, Philippe (Guerdat, ndlr) nous l’avait très bien décrite. Techniquement, une piste réduite aurait dû avantager Silvana. Après, le sol n’était vraiment pas bon, même si le personnel de maintenance a beaucoup travaillé pour essayer d’améliorer les choses sur place. Malheureusement, les chevaux n’ont pas été très à l’aise, spécialement Orient, qui s’est sans doute blessé dans le virage de la Chasse où il a glissé.
GPR : Quel est votre plan pour les semaines à venir?
K.S. : Nous n’allons pas tarder à aborder les CSIO, des concours que j’adore. J’ai hâte d’y être. Si tout va bien, je devrais aller à Lummen et La Baule avec Rêveur de Hurtebise*HDC et Ayade de Septon*HDC. Le premier sauterait les Coupes des nations et la seconde les Grands Prix. Avant cela, je me rends au CSI 5* d’Anvers ce week-end avec Quismy des Vaux*HDC. Entre Lummen et La Baule, j’irai aussi au CSI 5* de Shanghai avec les chevaux qui rentrent de Las Vegas.
GPR. : Dans quel état d’esprit abordez-vous les championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle? Avec quel cheval défendrez-vous vos chances ?
K.S. : Les championnats d’Europe, c’est évidemment l’autre grand objectif l’année. Pour l’instant, Estoy Aqui de Muze*HDC, sur laquelle je misais en première intention, est indisponible. Nous devrons encore en discuter avec Emmanuèle, Armand et Philippe, mais il est possible que nous misions sur Ayade. Philippe a la volonté de préparer au mieux les Jeux olympiques avec la possibilité de pallier à tous les imprévus. Sinon, ce pourrait être Rêveur, qui malgré son âge, a encore besoin d’être endurci en vue des grands événements. Aux Jeux équestres mondiaux, il a été excellent les trois premiers jours, puis il a accusé un peu le coup dans la demi-finale individuelle. Si j’ai la chance de pouvoir disputer les Jeux olympiques de Rio, j’aimerais y aller avec des chances de médaille individuelle.
Propos recueillis par Sébastien Roullier