'KEVIN N'A PAS FAIT DE GROSSE ERREUR MAIS UN MAUVAIS CHOIX', PHILIPPE GUERDAT



Pénélope Leprevost deuxième, Patrice Delaveau éliminé avec Orient Express*HDC et Kevin Staut qui a dû essuyer un refus de Silvana*HDC... Le bilan de la finale de la Coupe du monde est très mitigé pour les Tricolores. Si ces quatre jours resteront marqués par la fabuleuse sensation créée par la Normande et la révélation Vagabond de la Pomme, ils seront à effacer des mémoires des deux cavaliers de Jump Five. Philippe Guerdat, le sélectionneur national de l’équipe de France, tire son bilan de cette trente-septième finale de Coupe du monde.

GrandPrix-Replay : Quel est votre sentiment sur le magnifique week-end de Pénélope Leprevost et Vagabond de la Pomme, qui ont terminé deuxièmes de cette finale de la Coupe du monde ?

Philippe Guerdat : J’ai toujours aimé la manière de faire de Vagabond. Il a de bons moyens et il n’a pas besoin de forcer autant que les autres chevaux. Je pense que c’était une très bonne expérience pour lui. Finalement, nous avions raison de vouloir l’emmener ici même si c’était un peu compliqué parce qu’il était à la monte très peu de temps avant de partir. Il n’a participé qu’au CSI 5* de ‘s-Hertogenbosch avant de prendre part à cette finale. C’est une bonne nouvelle pour l’équipe de France d’avoir une cavalière qui peut être sur le podium de la finale de la Coupe du monde avec son deuxième cheval. Cela veut dire que nous avons un réservoir de chevaux et c’est bon pour l’avenir.

GPR : Si tout s’est bien passé pour Pénélope, le week-end a, en revanche, été plus difficile pour Kevin Staut et Patrice Delaveau. Que s’est-il passé ?

GPR : Je suis très déçu pour Patrice. Il n’a pas vraiment pu défendre ses chances parce qu’en glissant le premier jour le cheval a dû se faire quelque chose (lire ici).

Pour Kevin, le deuxième jour, il a eu une incompréhension avec Silvana. Entre le un et le deux, il fallait faire sept foulées mais il a voulu en faire huit. Il ne les a pas assez demandées et donc sa jument n’a pas compris. C’est pour ça qu’elle s’est arrêtée. Pour moi ce n’était pas une grosse erreur, c’était juste un mauvais choix. Sans ce petit accident, je pense qu’il aurait été dans les dix premiers.

Pour revenir sur les parcours de Qurack de Falaise*HDC, il avait un tout petit avantage par rapport aux autres parce qu’il était plus frais. Mais il n’avait jamais vraiment sauté sur cette piste. De plus, ça ne fait que trois mois qu’il concourt au plus haut niveau. Je pense qu’il a passé un stade. Techniquement, Kevin aurait peut-être pu éviter une faute ou deux. Mais il ne connaît pas encore assez le cheval à ce niveau là pour ça. Je pense que Qurack est un atout pour le futur de l’équipe de France. Même s’il ne le montre pas encore, Kevin est quand même satisfait de son cheval. Mais c’est un compétiteur, il a donc l’impression d’être passé à côté de quelque chose. Et dans deux jours, après avoir remis tout ça à plat, il va se rendre compte que son cheval a fait de très bonnes choses.

GPR : Qu’avez-vous pensé de la compétition ? Les parcours n’étaient-ils pas un peu trop exigeants ?

P. G. : Par rapport aux parcours d’aujourd’hui, j’ai du mal à comprendre que ce soit possible d’avoir une deuxième manche avec douze obstacles dont un triple en numéro dix. Je trouve que c’est trop en demander aux chevaux. En plus, les barres à sauter étaient très hautes pour une petite piste comme celle de Las Vegas. J’étais déjà venu deux ou trois fois ici et les obstacles ne m’avaient jamais semblés si hauts. Le niveau est toujours plus élevé.

GPR : Le choix de Las Vegas a été très critiqué tout au long de la compétition. Patrice a notamment semblé un peu perplexe quant à l’ambiance si particulière qui règne ici. Quel est votre avis ?

P. G. : Par rapport au concours en lui-même, je n’étais pas surpris parce que je savais comment c’était ici. Pour les cavaliers, ça a été un peu différent. Pendant tout l’hiver, je leur ai répété qu’à Las Vegas la piste était vraiment petite mais ce n’est pas facile de se rendre compte tant que l’on n’est pas venu. Aux États-Unis, les choses ne se passent pas comme en Europe. Même si les Européens sont choqués au départ, finalement, ce qui se passe ici donne une certaine légitimité à la démocratisation de notre sport. C’est sûr que ça nous fait drôle de voir de gens manger des popcorns ou danser entre les passages des cavaliers. Mais il faut dire les choses comme elles sont. Si nous faisions un peu la même chose en Europe, je pense que ça serait plus facile parfois d’avoir plus des spectateurs à certains endroits.

Par contre, en ce qui concerne le confort des chevaux, les Américains ont certaines choses à revoir. Dans les boxes, il faisait trop froid les premiers jours et, maintenant, il fait trop chaud. C’est quand même moyen lorsque l’on accueille une finale de la Coupe du monde.

Propos recueillis à Las Vegas par Alice Corbin