EDWINA TOPS-ALEXANDER FAIT BRILLER LA GENT FÉMININE À DOHA



L’ultime dénouement du CHI d’Al Shaqab a eu lieu ce soir avec le Grand Prix du CSI 5*. Face au plateau de rêve présent à Doha, le chef de piste avait concocté des parcours techniques laissant planer le doute sur les choix de foulées dans certaines lignes. Bon nombre de cavaliers s’y sont cassé les dents mais six d’entre eux ont réussi le double parcours sans-faute se qualifiant ainsi pour le barrage. Cette épreuve de vitesse a poussé les cavaliers à prendre des risques, parfois trop. L’une des deux femmes du barrage, Edwina Tops-Alexander l’a emporté avec sa formidable Lintea Tequila permettant ainsi de mettre en avant au Moyen-Orient la place de la femme dans le sport notamment.

Quarante-trois cavaliers, et non des moindres, ont foulé le sable qatari de l’arène d’Al Shaqab à la course à la victoire du Grand Prix du CSI 5* de Doha. Une épreuve de longue haleine s’est déroulée puisque deux manches et un barrage ont départagé les couples. Seuls dix-huit cavaliers allaient être qualifiés à l’issue de la première manche. Frank Rothenberger, le chef de piste, avait monté un parcours composé de treize obstacles et seize efforts. La rivière située en numéro huit, six foulées après le mur a été très fautive tout comme le triple placé en dixième position.

L’objectif était alors de réaliser un parcours parfait et quand bien même une barre était poussée à terre la course au temps était lancée afin d’entrer dans le cercle fermé des partants de la deuxième manche. Ce scénario a eu lieu pour Scott Brash associé à Hello Sanctos. Le numéro un mondial britannique a fauté sur le milieu de triple alors que Cassio Rivetti et Vivant, eux, n’ont pu éviter une faute sur la sortie. L’Allemand Marco Kutscher lui a poussé à terre l’entrée du double de verticaux sur bidet, cinquième élément. Enfin derniers des quatre points à s’être qualifiés en deuxième manche, Adbelkebir Ouaddar et Quickly de Kreisker n’ont pas touché une barre mais comme lors des Jeux équestres mondiaux cet été la rivière leur a été fatale.

Abdullah Al Sharbatly et Gerco Schröder, respectivement en selle sur Talan et Glock’s Cognac Champblanc, se sont laissés piéger par le chronomètre repartant donc en deuxième manche avec un point au compteur.

Ces cavaliers allaient alors devoir se mesurer en deuxième manche à neuf couples ayant déjà réussi l’exploit de réaliser un parcours parfait lors de la première. Parmi ceux-ci, un seul Bleu, Kevin Staut et Estoy Aqui de Muze*HDC. Les deux autres Tricolores ne sont quant à eux pas parvenus à trouver la clé du parcours. Roger-Yves Bost a réalisé un début de parcours sans encombre mais son fils d’Idéal de la Loge, Qoud’Coeur de la Loge a finalement renversé la sortie du triple puis le vertical numéro douze. Simon Delestre n’a lui fauté qu’à une reprise avec Stardust Quinhon, sur l’entrée de double de verticaux mais son chronomètre l’a laissé aux portes de la seconde manche.

Une deuxième manche sélective

Lors de la deuxième manche, seul neuf couples sur les dix-huit réussissent le parcours parfait. Premier à s’élancer Scott Brash le sait, s’il veut espérer être dans le top 10 il lui faut réussir un sans-faute et être rapide. Une fois encore le numéro un mondial prouve son talent et son assurance en bouclant le tour sans pénalité s’offrant ainsi la dixième place finale. L’Ukrainien Cassio Rivetti l’imite et ce avec davantage de rapidité. Il est finalement neuvième avec son âgé mais non moins fringuant Vivant. Abdullah Al Sharbatly et Talan sont les derniers à s’élancer avant le bal des sans-faute et parviennent à rectifier le tir de la première manche en terminant sans aucune pénalité. Leur point de temps du parcours initial les relègue néanmoins à la septième place.

La compétition bat son plein lorsque les neuf concurrents n’ayant aucun point au compteur s’élancent. La première à réitérer l’exploit est Edwina Tops-Alexander associée à son incroyable Lintea Tequila. La fille de Campbell et l’Australienne survolent les difficultés et s’assurent la qualification pour un éventuel barrage. Et barrage il y aura ! Martin Fuchs rappelle que malgré son jeune âge il fait partie de l’élite mondiale du saut d’obstacles. Le Suisse avec Clooney 51, qui participe ici seulement à son deuxième Grand Prix en CSI 5*, franchit la ligne d’arrivée sans encombre. Il est imité par son compatriote Steve Guerdat sur son cheval olympique Nino des Buissonnets puis par la Portugaise Luciana Diniz avec Fit For Fun. Philipp Weishaupt et Chico 784 s’inclinent sur la sortie de triple, désormais numéro neuf, et sur le dix, ultime obstacle. Kevin Staut ne parvient pas non plus à éviter la faute d’antérieur d’Estoy Aqui sur l’oxer de sortie de triple. Les barragistes sont finalement rejoints par Daniel Deusser et Emanuele Gaudino.

Audacieuse Edwina !

Le dernier acte du CSI 5* de Doha a sonné. Six couples pour une victoire. Dix efforts pour un sans-faute.

Honneur aux femmes, Edwina Tops-Alexander entre en piste et semble bien décidée à montrer à ses concurrents masculins que ce soir la reine ce sera elle. L’Australienne lance sa pétillante baie à vive allure qui répond très positivement à ses sollicitations. Elles serrent les virages et gagnent un très précieux temps en ne réalisant que cinq foulées entre le vertical et l’entrée de l’initial triple transformé en double quand elles en avaient fait six lors des parcours d’avant. Rien ne bouge, l’amazone annonce la couleur et fixe le temps de référence, 38’86.

Martin Fuchs lui ne prend aucun risque avec son fils de Cornet Obolensky encore inexpérimenté à ce niveau. Le duo boucle un parcours sans pénalité en 48’34. Le jeune cavalier croise à l’entrée son ami Steve Guerdat lui donnant quelques dernières informations. L’Helvète tente sa chance. Le demi tour entre le troisième et le quatrième obstacle du barrage ne se passe pas comme prévu et Nino fait une lourde faute sur ce vertical. Il réitère l’erreur sur le vertical avant le triple. Les champions olympiques doivent se contenter d’une honorable sixième place.

Il n’y a désormais plus que trois concurrents à pouvoir détrôner l’amazone confortablement installée sur la plus haute marche du podium fictif. Cette dernière tremble lorsque Luciana Diniz et Daniel Deusser, respectivement en selle sur Fit For Fun et Cornet d’Amour, franchissent les obstacles à vive allure mais c’est sans compter sur l’ultime difficulté qui tombe à chaque parcours. Vient ensuite l’Italien Emanuele Gaudiano et son tempétueux Admara 2. Les deux complices prennent des risques mais essuient une barre sur la sortie du double anciennement triple. Leur chronomètre de 38’87 leur offre néanmoins la troisième place.

La victoire est donc féminine et elle est signée Edwina Tops-Alexander et Litea Tequila. L’Australienne récolte les acclamations de la foule qui applaudit ici la femme de l’entraîneur de leur équipe nationale et celui ayant participé à la qualification du Qatar pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016, Jan Tops. Du beau sport pour un dénouement tant heureux que symbolique dans une partie du continent où la place de la femme est parfois négligée.

Les résultats ici.

La réaction d'Edwina Tops-Alexander ici.

La réaction de Martin Fuchs ici.

À Doha, Marie de Pellegars-Malhortie