ET POURTANT, SCOTT BRASH EST BIEN DE CETTE PLANÈTE!



Scott Brash et Hello Sanctos se sont magistralement adjugé le Grand Prix du CSI 5* de Genève, étape suisse du Grand Chelem de saut d’obstacles, cet après-midi à Palexpo, deux jours après avoir triomphé dans la finale du Top Ten. Auteurs d’un barrage quasiment parfait, le Britannique et son fabuleux sBs sont entrés dans la légende genevoise. Les Français, particulièrement en verve, ont placé trois couples dans le top cinq. Un beau dimanche.

La question méritait de lui être posée: 'Vous sentez-vous sur une autre planète?', l’a interrogé un journaliste suisse en conférence de presse. Tout sourire, Scott Brash lui a répondu que non: 'Je suis définitivement humain et issue de cette planète. Parfois, je commets aussi des fautes, comme la semaine passée à Paris (il s’était fait piéger par un vertical dans le barrage du Grand Prix, ndlr). Il faut quand même bien avouer que quand on monte un tel cheval, tout est sacrément plus facile. Sanctos est le cheval de ma vie. Je dois vraiment en profiter, car je ne crois pas que j’aurai l’opportunité d’en trouver un autre comme lui. Je suis incroyablement chanceux!' Si les hommages rendus par certains cavaliers à leur monture sonnent parfois faux, celui-là est aussi sincère qu’évident.

Jugez plutôt : avant de débarquer à Genève, avec son fils de Quasimodo van de Molendreef et d’une mère par Nabab de Rêve, âgé seulement de douze ans, l’écossais était devenu champion olympique par équipes, champion d’Europe par équipes et médaillé de bronze individuel, et il avait déjà remporté la Coupe des nations de Dublin et les Grands Prix Coupe du monde d’Oslo et Wellington, GCT de Londres, Cannes, Doha et Estoril, ainsi que celui du CSI 5* final de Wellington. Ce soir, celui qui pourrait bien prolonger encore un peu son bail au sommet de la hiérarchie mondiale quitte Palexpo avec deux énormes victoires de plus: la finale du Top Ten et le fameux Grand Prix support du Grand Chelem de saut d’obstacles.

Que lui reste-t-il encore à prouver? Plus grand-chose. En 2015, on ne le verra pas en finale de la Coupe du monde, et sans doute pas non plus aux championnats d’Europe, Aix-la-Chapelle étant, de l’aveu même de son cavalier, 'le seul terrain où Sanctos n’est pas très à l’aise. J’espère qu’Ursula XII (blessée après la finale de la Coupe du monde, puis à nouveau cet automne lors de son concours de reprise à Birmingham, ndlr) sera remise sur pieds pour tenter le Grand Chelem, puis m’accompagner aux championnats d’Europe (les deux rendez-vous programmés à Aix, ndlr). Ce Grand Chelem est vraiment excitant. Quand on gagne une étape, on a forcément envie de tenter la suivante. Ce circuit, ses organisateurs et Rolex (son sponsor titre, ndlr) ont vraiment hissé le sport à un niveau inédit.'

 

Pénélope et Kevin font les bons choix

 

Beau vainqueur et sublime Grand Prix, une fois encore. Les tribunes, archicombles depuis hier, en ont eu pour l’argent, cet après-midi. Cinq Français comptaient parmi les quarante partants. Trois d’entre eux ont accédé au barrage, tandis que la palanque de l’oxer onze est tombée au passage de Jérôme Hurel et Quartz Rouge, et que Patrice Delaveau et Lacrimoso 3*HDC, laissant une très belle impression, ont connu un peu de flottement au tournant de l’avant-dernière ligne, ce qui a fini par leur causer une faute sur l’entrée du triple, alourdie d’un peu de temps dépassé. Parmi les favoris, on a surtout déploré la faute de Steve Guerdat et Nino des Buissonnets, les tenants du titre, sur l’entrée du deuxième double de ce parcours à dix-sept efforts, technique et fair-play dans les cotes, dessiné par le Belge Luc Musette et le Suisse Gérard Lachat.

Vu la liste des treize élus, ce barrage promettait du très grand sport. Une promesse tenue. Le Suisse Paul Estermann montre à ses adversaires ce qu’il faut faire, avec un très bon chrono, et ce qu’il ne faut pas faire, avec trois fautes de Castlefield Eclipse. Il termine treizième et premier non classé... Alain Jufer, son compatriote, ne prend pas tous les risques et assure un beau double sans-faute avec Wiveau M, déjà vu à son avantage à Calgary. Rolf-Göran Bengtsson allie grand train et prudence. Perdant un peu de temps devant le piégeux portail des Tours du Mollard, le Suédois termine troisième, ce qui clôt en beauté la plus belle saison de Casall Ask, quinze ans.

Pénélope Leprevost, très convaincante, retire une foulée dans les deux premiers contrats, profitant de la grande action de Vagabond de la Pomme. Elle ne fléchit pas jusqu’à la dernière ligne, où elle choisit de ne pas tout demander à son bel étalon bai, qui finit à une très prometteuse cinquième place. L’Italien Lorenzo de Luca, lui, assure son double sans-faute et la septième place. L’oxer neuf surmontant des bidets regardants sape les espoirs du Néerlandais Maikel van der Vleuten, neuvième avec VDL Groep Verdi TN. Scott Brash, lui, demande plutôt sept que six foulées à Sanctos dans la deuxième ligne, ce qui lui permet de tourner plus court pour filer vers le double. À l’intérieur de toutes les traces, le Britannique établit un temps sérieux, mais a priori encore battable.

Bosty confirme encore avec Qoud’Cœur!

Christian Ahlmann, en course pour le Petit Chelem, n’y parvient pas avec Codex One, qui embroche le sacré portail pour la onzième place. Kent Farrington, son dauphin à Aix-la-Chapelle, commet la même faute avec la huitième place à la clé. Kevin Staut, lui, choisit de laisser galoper Rêveur de Hurtebise*HDC sans lui demander de trop allonger ses foulées. Un bon choix qui lui permet de boucler un vif double sans-faute et de s’offrir la cinquième place.

Henrik von Eckermann empoigne Cantinero à la mode de son boss, Ludger Beerbaum. La chevauchée est impressionnante, mais l’oxer sur bidets aux couleurs du Selle Français n’y résiste pas, et le Suédois dégringole au douzième rang. Troisième et dernière chance française, Roger-Yves Bost part en confiance avec son Quoud’Cœur de la Loge, vainqueur à Lyon et encore classé à Doha. Les premiers sauts de l’étalon sont presque trop généreux, au point que Bosty ne trouve pas la bonne distance partout. Il tourne surtout un poil trop large après le double, ce qui n’empêche pas ce très, très beau couple de conclure son affaire avec juste un quart de seconde de retard sur les vainqueurs. Cette deuxième place sonne comme une confirmation et porte en elle de très grands espoirs pour 2015. Sans surprise, le Néerlandais Gerco Schröder ne joue qu’à moitié le jeu avec Glock’s London. Pourtant, il se laisse, lui aussi, surprendre par l’oxer sur bidets. Plus personne ne peut empêcher Scott Brash d’inscrire son nom au palmarès du meilleur concours indoor du monde et de revenir en piste avec sa groom – et accessoirement petite amie – ainsi que ses deux bienfaiteuses, Lady Harris et Lady Kirkham. Une belle image de fin.

À Genève, Sébastien Roullier

 

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