'TOUT CE QUI M?IMPORTE, C?EST GENÈVE', STEVE GUERDAT
Le CSI 5* de Genève débute jeudi au Palexpo. Lors d’une audioconférence de presse tenue ce matin, Steve Guerdat, le tenant du titre du Grand Prix support du Grand Chelem de saut d’obstacles et enfant du pays, a livré ses impressions à l’approche de ce grand rendez-vous international. Il revient également sur son piquet de chevaux, ses nouvelles recrues et les espoirs qu’il fonde en ses jeunes chevaux. Retour également sur une année de compétition très riche, comme toujours, pour le champion olympique.
Quels chevaux avez-vous choisi pour remettre votre titre en jeu, et comment vous sentez-vous ?
Steve Guerdat : Je me sens toujours nerveux à l’approche de ce rendez-vous, mais en même temps très excité, car je sais que les attentes sont grandes. J’ai donc vraiment essayé de me focaliser là-dessus et de me tenir prêt pour ce gros combat. Je suis prêt à tout donner. Pour ça, j’emmènerai mes trois meilleurs chevaux, Nino (des Buissonnets, ndlr), Albführen Paille (de la Roque, ndlr) et Concetto Son. Nasa n’étant pas spécialement à son aise en indoor – elle est vraiment meilleure dehors – je pense qu’il est plus judicieux de courir moins de concours indoor et de privilégier la saison extérieure, où elle est plus à même de performer. Pour ce qui est de Nino, il a suivi la même préparation que l’année dernière. J’ai essayé de l’avoir dans la meilleure forme possible pour Genève. Ses victoires d’avant ou après ne sont pas importantes. Ce qui m’importe, c’est qu’il soit dans sa meilleure forme à Genève, car je focalise tout sur ce concours. Une seule chose est sûre, c’est lui qui est censé sauter le Grand Prix de dimanche. Pour le reste, c’est encore ouvert. Normalement, Concetto devrait sauter l’épreuve majeure de jeudi. Pour la finale du Top Ten, je ne sais pas encore si je monterai Paille ou Nino.
Vos attentes sont naturellement élevées pour le Grand Prix et la finale du Top Ten…
S.G. : C’est certain, je ne peux pas partir avec des attentes plus élevées que l’année dernière, puisque j’avais gagné… mais je suis motivé pour donner tout ce que je peux, car beaucoup d’épreuves me tiennent à cœur ce week-end. Évidemment, comme chaque année, le Top Ten et le Grand Prix sont les principales, mais ma victoire de l’an dernier ne me fait pas me sentir obligé de gagner cette année. Je me sens simplement obligé de tout donner et de faire du mieux possible devant mon public. Il y a de très bons, voire de meilleurs cavaliers que moi. Il en est de même pour les chevaux. Nous serons dix au départ du Top Ten – les dix meilleurs couples du monde – et quarante au départ du Grand Prix dimanche – quarante des meilleurs couples du monde – dont beaucoup sont capables de nous battre. Sur un tel plateau, quatre-vingt-dix pourcents des couples sont capables de gagner. Il y a du pain sur la planche ! (rires). Nous ferons le bilan dimanche soir, j’espère qu’il y aura du positif à retenir de ce concours. Pour ce qui est du Top Ten, je ne peux pas parler pour les autres cavaliers, mais je pense que nous ressentons tous à peu près la même chose. C’est un grand honneur de pouvoir monter cette épreuve. C’est la seule épreuve de l’année que l’on est réellement reconnaissant et fier d’avoir la possibilité de sauter. Y prendre part est déjà un vrai succès. Toutes les personnes qui m’entourent ou font partie de mon équipe sont très fières de pouvoir terminer l’année ainsi.
Quelques cavaliers ne pourront pas être à Genève parce que leurs chevaux sont blessés ou fatigués, tels que Jeroen Dubbeldam, Rodrigo Pessoa ou Éric Lamaze. Qu’en est-il de Nino et de toutes vos montures ?
S.G. : Genève devrait être le onzième concours de Nino (treizième en comptant les deux petits concours de préparation de Lanaken en mars, ndlr), ce qui est quand même beaucoup moins que la plupart des autres chevaux. Maintenant, certains chevaux concourent davantage, car ils en ont besoin. Je n’ai pas à juger la gestion des autres cavaliers, mais pour moi, il est important que les chevaux continuent à ignorer le fait que nous sommes en fin de la saison, c’est-à-dire qu’ils ignorent Noël ou le changement d’année. Pour eux, tout ça ne doit être qu’un enchaînement de concours. C’est pour cela qu’il est important, pour pouvoir les garder le plus longtemps possible, d’essayer de ne pas trop les faire forcer pour que la santé, et surtout le moral, tiennent bon.
Vous avez d’autres chevaux performants et avez d’ailleurs gagné à Paris avec Albführen Memphis, ce week-end. Que pouvez-vous dire sur ces plus ou moins nouvelles montures?
S.G. : Paille a obtenu d’excellents résultats : deuxième du Grand Prix de Los Angeles, huitième à Helsinki, dixième à Vérone, et encore quatrième hier à Paris. J’ai vraiment confiance en l’avenir que peut offrir cette jument. Elle fait partie de mes meilleurs chevaux, ce qui en dit beaucoup. Concetto Son est un cheval en lequel j’ai toujours cru. Il est encore très vert, il n’a que deux ans d’expérience en compétition de saut d’obstacles pour l’instant, et tout prend du temps. C’est un cheval très sensible, qui n’est pas si difficile à monter en piste, mais assez compliqué à gérer pour tout ce qu’il y a autour. Les derniers concours ont été très prometteurs, il a notamment très bien sauté à Calgary (cinq puis neuf points dans la Coupe des nations, ndlr), Stuttgart (trois tours sans faute à 1,50m et 1,55m, ndlr) ou Madrid (quatre points dans le Grand Prix Coupe du monde, ndlr). Je pense que nous nous rapprochons d’un sans-faute dans une grande compétition telle que Genève. J’espère vraiment que tous les espoirs que j’ai fondés en lui finiront par payer.
Le principal apport de l’année en termes de recrues a été celui d’Albführen, qui m’a amené trois chevaux, dont deux déjà très expérimentés à haut niveau, Paille et Memphis. Memphis est très compétitif. Étant un peu plus âgé que Paille (treize et onze ans, ndlr), il ne sautera pas beaucoup de Grand Prix, mais il est capable de gagner beaucoup d’autres épreuves. Albführen’s Happiness fait partie, avec Kavalier et Corbinian, des trois huit ans en lesquels je place de grands espoirs pour les années à venir. Le reste de l’écurie tourne un peu, c’est vrai qu’il y a des chevaux que l’on souhaite placer sur le long plutôt que sur le court terme, et d’autres avec lesquels on essaie de gagner des épreuves là où on peut. J’ai sûrement moins de montures que certains autres cavaliers, mais je pense que j’en ai de très bonnes et que c’est un vrai confort de pouvoir choisir qui partira dans le camion le lundi. Par exemple, je sais que Nasa est prête à me rejoindre, si jamais il se passe quoi que ce soit avec les chevaux à Genève. C’est une chance formidable.
Une des nouveautés de l’édition 2014 du CHI de Genève, c’est le cross country. Qu’en pensez-vous? Pourriez-vous un jour y participer?
S.G. : Je ne suis pas certain d’être assez courageux pour me lancer dans un cross. J’imagine que ce sera très spectaculaire à Genève et que ce sera une très bonne première. C’est une excellente nouveauté pour le concours, et surtout pour le public!