'LES CSIO, C?EST MON RÊVE!', FRÉDÉRIC BUSQUET



Ce week-end, Frédéric Busquet a remporté le Grand Prix du CSI 3* de Parme, en selle sur Plume de la Roque. Après une fin de saison riche en performances, le cavalier est aujourd’hui entouré d’un piquet de chevaux prometteurs, dans lesquels il fonde de vrais espoirs. Toujours en quête de jeunes prodiges, il compte bien étoffer ce cheptel afin d’assurer la relève tout en continuant à exercer son métier de commerçant. En 2015, le cavalier de Malville en Loire-Atlantique espère aussi pouvoir acquérir plus de crédibilité et prendre part à des CSIO. Entretien.

 

GrandPrix-Replay.com : Pouvez-vous revenir sur votre victoire dans le Grand Prix du CSI 3* de Parme, ce week-end avec Plume de la Roque (Kannan x Adelfos, la propre sœur de Padock du Plessis*HN). Comment s’est déroulée la compétition?

Frédéric Busquet : Quand on gagne, ça se passe forcément bien! Il y avait beaucoup d’engagés, donc la vraie difficulté était de se qualifier: nous étions quatre-vingt-quinze au départ et nous nous sommes retrouvés dans les soixante, ce qui était déjà bien. Actuellement, Plume en est à son sixième sans-faute ou double sans-faute consécutif en Grand Prix. Rien n’est jamais acquis puisque j’ai concédé quatre points dans les qualificatives, ce qui m’a quand même permis d’être qualifié, mais sans réussir de prouesse. Nous sommes désormais prêts à aller sur les parcours à 1,50m et 1,55m. Plume a terminé cinquième du Grand Prix de Liège, qui était vraiment très difficile, elle a gagné un Grand Prix du CSI 2* à Vilamoura en octobre, fini quatrième du Grand Prix CSI 4* de Dinard, deuxième d’une épreuve cotée à 1,50m au CSI 4* de Fontainebleau. Elle est vraiment devenue performante. Arrêtée au mois de mars, elle a repris les concours en juin, et elle est réapparue sur les épreuves à 1,50m en juillet. Depuis, elle n’a quasiment rien raté, elle est très régulière.

 

GPR. : Vous finissez l’année en beauté avec de bonnes performances. Quel bilan tirez-vous de cette saison?

F.R. : J’aurais souhaité que la saison ne s’arrête pas là, et de prolonger en indoor. Mais en France, nous avons un niveau de cavaliers très élevé, et la Fédération a très peu d’impact sur les organisateurs de concours, pour leur imposer des cavaliers qui n’ont pas de très bons classements mondiaux. Il est toujours difficile d’intégrer ces concours. Liège et Parme, j’ai dû me débrouiller par moi-même pour pouvoir y aller. La Fédération française ne joue malheureusement pas un grand rôle. Mon souci actuel, maintenant que j’ai prouvé que ma jument est performante sur ce type de parcours, est donc d’essayer de me lancer dans quelques CSI 5*, mais c’est très compliqué.

 

GPR. : L’an dernier, vous aviez participé à la Coupe des nations de Lisbonne. Cette année, vous n’avez pas été sélectionné. Est-ce une déception? Essaierez-vous de vous rattraper en 2015?

F.R. : Bien sûr que c’est une déception. La jument s’était fait une petite entorse à Vilamoura au mois de février. Nous ne l’avons arrêtée que trois semaines, mais nous avons préféré prolonger le repos avec une rééducation progressive. Nous avons vraiment pris notre temps et l’avons fait redémarrer doucement. Elle a tout de suite été compétitive, mais pour les instances nationales, je crois que ce n’était pas suffisant pour intégrer un CSIO. J’étais un peu déçu, mais c’est le jeu, ce n’est pas très grave. Je vais essayer de me rattraper en 2015, mais j’aimerais avoir assez de crédibilité pour qu’on me fasse confiance. Je pense que ce devrait être possible. Ce serait agréable d’essayer de nouveaux couples, outre les incontournables du saut d’obstacles français.

 

GPR. : Plume est régulière et performante. Est-elle à vendre?

F.R. : Il m’est difficile de répondre à cette question. Si elle avait vraiment été en vente, elle aurait déjà été vendue, puisque nous avons déjà reçu pas mal d’offres. Nous essayons de la conserver, mais il est vrai que si nous recevions une offre déraisonnable, nous la vendrions quand même. Nous sommes une écurie professionnelle (SNC Ellipse, ndlr), donc nous nous devons de commercialiser les chevaux, et d’avoir une vitrine. Nous sommes attachés à cette jument, et comme nous avons bien travaillé cette année au niveau des jeunes chevaux, notamment lors de la Grande Semaine de Fontainebleau où nous avons vendu notre champion des six ans (Irco, monté par Robin Lesqueren, le cavalier secondant Frédéric, ndlr) aux États-Unis (à Brianne Goutal, lire ici, ndlr), nous pouvons nous permettre de refuser des offres.

 

GPR. : Ti Pol du Plessis (Kashmir van’t Schuttershof x Narcos II) a réussi de bonnes choses sur le circuit des sept ans, terminant notamment troisième du championnat de France, à Fontainebleau. Quels sont vos projets pour lui ?

F.R. : Le but est de continuer sa formation. Nous avions trois sept ans à la finale (Robin Lesqueren montait Tokyo d’Ellipse, Kashmir van’t Schuttershof x Double Espoir, et Twig du Veillon, Diamant de Semilly x Tornado d’Hotot). Robin Lesqueren se concentre vraiment sur les jeunes chevaux, les CSI 2* et les Nationaux. Il est important dans notre dispositif: si je peux m’éloigner avec deux ou trois chevaux dans les concours importants, c’est aussi parce qu’il est là pour préparer les jeunes en amont. J’ai monté Ti Pol cette année, car il en avait déjà deux autres. Il doit suivre son cursus de formation. Dans ce cadre, Plume hisse tout le monde vers le haut, car elle me permet de former les jeunes sur d’autres concours. Nous fondons de bons espoirs sur Ti Pol. Actuellement, nous l’avons laissé complètement au repos, je ne l’ai pas embêté avec les concours indoor, car il a vécu une longue saison, et réalisé beaucoup de performances. Il ressortira en début d’année, probablement au Portugal.

 

GPR. : Comment jugez-vous l’évolution de Syvana de la Bride (Robin II Z x Papillon Rouge)?

F.R. : Syvana est toute proche de devenir un cheval de Grand Prix. Elle s’est classée quatrième à Liège, troisième à Parme. Elle commence à courir de belles épreuves à 1,50m, et à les boucler sans faute ou avec quatre points. Il m’appartient aussi de la faire progresser et de mieux la monter. Elle représente la relève. Si je veux rester à ce niveau, il faut d’autres chevaux de la qualité de Plume, c’est indispensable.

 

GPR. : Quels sont vos objectifs pour 2015 ? Conserverez-vous le même piquet?

F.R. : Oui, j’aurais le même piquet de chevaux, que je vais essayer d’étoffer, avec notamment Ti Pol et d’autres sept ans que nous avons en réserve. Nous avons également acheté des jeunes pour élargir le cheptel. Nous fonctionnons toujours ainsi pour pouvoir en conserver, mais aussi en vendre. Mon prochain objectif consiste à prouver que l’on peut compter sur moi pour les CSIO. C’est mon rêve. D’ici là, cet hiver, j’aimerais déjà accéder à un ou deux très beaux CSI 5*. Je pense que ma petite Plume le mérite, elle n’a pas touché une barre depuis un mois et demi. J’ai déjà participé à ce genre d’épreuves avec elle (deux participations au CSIO 5* de La Baule, en 2012 et 2013, ndlr). Je sais qu’elle peut le faire! J’aimerais bien que Philippe Guerdat m’aide à accéder à un ou deux beaux concours, c’est son rôle.

 

Propos recueillis par Margaux Rivière