Aux JO de Tokyo, les chevaux devraient concourir le matin pour éviter les effets d’un climat trop pénible…

Les résultats d’une étude commanditée par la Fédération équestre internationale, visant à identifier les meilleures pratiques en matière de gestion de l’entraînement et de la compétition des chevaux dans des environnements chauds et humides, ont été publiés aujourd’hui. À un peu plus de huit mois des Jeux olympiques de Tokyo, ces conclusions ne sont pas alarmistes mais invitent clairement les dirigeants à avancer les horaires des compétitions, notamment celui du cross-country.



Réalisée en août 2019 lors des épreuves tests des Jeux olympiques de Tokyo et dirigée par le Dr David Marlin, expert en climatologie de la Fédération équestre internationale (FEI), l’étude a surveillé les effets combinés des trajets de longues distances, des perturbations liées au décalage horaire, de la chaleur et de l’humidité sur les chevaux en compétition. Les chevaux ont été suivis avant et pendant le concours test, notamment au sujet de leur adaptation au climat difficile de Tokyo. Les données recueillies sur les parcours et après la compétition sont au cœur du rapport, ce qui a permis une analyse détaillée du test de cross-country.
 
Les résultats de l’étude montrent que les chevaux ont généralement très bien géré les conditions et sont restés en bonne santé pendant toute la durée de l’événement test, qui s’est déroulé au même moment de l’année que les Jeux de 2020, malgré le fait que les conditions étaient thermiquement difficiles, avec des indices de températures au thermomètre-globe mouillé (WBGT) fréquemment compris entre 32 et 33. Le rapport relève que l’indice WBGT était élevé lors de la journée dédiée au cross-country, le 13 août, et que la montée initiale abrupte et les virages serrés sur le parcours ont constitué un défi important pour les chevaux en compétition. Les fréquences cardiaques pendant l’épreuve ainsi que le taux de lactate, la fréquence cardiaque et la température rectale après le cross ont indiqué que les chevaux travaillaient à une capacité presque maximale. Un nouveau moniteur de fréquence cardiaque affichant également l’électrocardiogramme, ainsi que l’imagerie thermique infrarouge, permettant une estimation rapide et précise de la température des chevaux, ont été des éléments techniques essentiels utilisés pour la collecte de données dans le cadre de l’étude.
 
Le rapport souligne que “doivent être explorées toutes les possibilités d’atténuer les effets des probables conditions climatiques, y compris, en fonction des conditions, une réduction de la distance [du cross] et la reprogrammation de l’épreuve afin d’éviter les conditions de WBGT les plus élevées, qui culmineraient normalement entre la fin de matinée et le milieu d’après-midi”. À la suite de discussions entre le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo (TOCOG), le Comité international olympique et la FEI, un consensus s’est dégagé sur la nécessité d’avancer l’heure de départ du cross, le 2 août 2020, à 7h30 ou 8h. La commission exécutive du CIO prendra une décision finale à ce sujet, pleinement mis en évidence dans les conclusions du rapport Marlin publié.
 
“Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le TOCOG pour mettre en place les meilleures mesures de lutte contre la chaleur pour nos athlètes équins et humains aux Jeux de Tokyo 2020, et les résultats de cette importante étude joueront un rôle crucial dans l'orientation des décisions finales concernant les installations et le soutien appropriés”, a déclaré Göran Åkerström, directeur vétérinaire de la FEI. “Ce rapport constituera également un outil précieux pour les athlètes et les fédérations nationales qui prépareront leurs chevaux en vue des prochains Jeux olympiques et paralympiques.”
 
Les mesures préventives contre la chaleur déjà en place pour les chevaux comprennent des écuries climatisées sur les deux sites équestres (Bajikoen, où se dérouleront les tests de dressage et de saut d’obstacles et Sea Forest, où se tiendra le cross), des séances d’entraînement et des compétitions matinales et nocturnes sous des projecteurs, une surveillance étroite et constante par une équipe vétérinaire de pointe et de multiples outils de refroidissement : tentes à l’ombre, ventilateurs refroidissants, glace, eau ou encore appareils mobiles de refroidissement. “En collaboration avec le Dr Marlin, la FEI s’efforce d’optimiser les performances équines dans des conditions climatiques difficiles depuis les Jeux olympiques d’Atlanta, en 1996. Le Dr Marlin a travaillé avec la FEI ces trois dernières années, en particulier à Tokyo. Il a examiné les relevés historiques du climat, analysé les données recueillies sur le site principal de Bajikoen et lors du parcours de cross à Sea Forest (SFC) et mené le projet de recherche lors de l’événement test”, rappelle le communiqué de la FEI.
 
Les résultats de ces recherches ont été envoyés au TOCOG, au CIO, à tous les comités nationaux olympiques et paralympiques comptant des cavaliers de compétition ainsi qu’à toutes les fédérations nationales affiliées à la FEI. Pour rappel, il y a quelques jours, le CIO n’avait pas hésité à prendre une mesure très forte pour le marathon et les épreuves de marche (athlétisme) des JO, en décidant unilatéralement de les déplacer à Sapporo, au nord de la péninsule japonaise, où les températures moyennes sont généralement inférieures d’environ 5°C à celles enregistrées à Tokyo.
 
Le rapport complet est disponible ici