BOSTY OU L?ART DU PERPÉTUEL REBOND
Moins de vingt-quatre heures après avoir rendu hommage à sa championne d’Europe 2013, Castle Forbes Myrtille Paulois, Roger-Yves Bost a ouvert une nouvelle page du grand livre de sa carrière en s’adjugeant le Grand Prix Coupe du monde de Lyon, cet après-midi à Eurexpo. Associé au puissant Qoud’Cœur de la Loge, Bosty a devancé Wout-Jan van der Schans sur Capetown et Hans-Dieter Dreher sur Embassy II.
On l’avait bien senti hier soir. Après les départs à la retraite de Castle Forbes Cosma et Vivaldo van het Costersveld, les adieux à la scène de Myrtille Paulois, la magnifique championne d’Europe d’Herning, a clos une des plus belles phases de sa carrière. Cet après-midi, Roger-Yves Bost, qui vient de présenter son livre, 'Bosty, l’amour des chevaux', publié chez Lavauzelle, a écrit les premières lignes d’une nouvelle page, qui s’annonce faste. Aussi belle que la précédente? On ne peut que le lui souhaiter, tant il semble éprouver un plaisir intact à monter à cheval et à régaler le public de ces barrages dont il a le secret. Ceux qui ont eu la chance d’assister à celui de Saint-Lô, dimanche dernier dans la Manche, où il avait battu Patrice Delaveau et Ornella Mail*HDC, ont sûrement misé une pièce sur le couple qu’il forme avec Qoud’Cœur de la Loge. Bien leur en a pris parce que sept jours après avoir remporté son premier CSI 3*, ce duo, formé il y a très longtemps déjà, a gagné son premier Grand Prix CSI 5*. Et non des moindres : à Lyon où Bosty a souvent brillé, et en Coupe du monde. On imaginait le cavalier de Barbizon parti pour quelques mois de transition, le voilà déjà à mi-chemin d’une qualification pour la finale de Las Vegas. Chapeau, Monsieur.
Un peu plus de deux heures avant la Marseillaise, le premier des quarante couples en lice s’est élancé sur un premier tour costaud et technique dessiné par Frank Rothenberger. Inspiré dans son tracé, le chef de piste allemand l’a peut-être moins été en rallongeant de deux secondes son temps accordé après le passage de quatre paires, dont trois des moins rapides du circuit, ce qui a sans doute rendu la tâche moins stressante pour d’autres et accouché d’un barrage à quatorze. Côté français, il y a eu de l’excellent, et du moins bien. Quatre points sur le large oxer quatre qui ouvrait la terrible ligne du triple pour Timothée Anciaume et Quorioso Pré Noir, les champions de France, auteurs d’un très bon tour. Huit pour Jérôme Hurel et Quartz Rouge, le cavalier n’ayant pas toujours trouvé les meilleurs abords. Dix-sept pour Marie Hécart et Pénélope Leprevost sur Vatson Sitte et Vagabond de la Pomme, leurs deux sBs de neuf ans, encore en formation sur ces hauteurs. Et deux abandons, hélas, pour Julien Épaillard et Philippe Rozier. Le parcours était peut-être un peu trop haut pour Cristallo A*LM, tandis que Rahotep de Toscane manquait sans doute de préparation après un mois sans concours.
Wout-Jan van der Schans sur les chapeaux de roue
Quatre 'Vestes bleues' ont pris part au barrage de ce Grand Prix, qu’elles n’avaient encore jamais remporté. L’ouvreur, Wout-Jan van der Schans, a tenté de faire oublier l’absence du tenant du titre, son compatriote Maikel van der Vleuten, dont le cheval de tête, VDL Groep Verdi, se repose après avoir beaucoup donné cet été. Avec l’excellent Capetown, vainqueurs des Grands Prix CSI 4* de Fontainebleau et CSI 3* de Paderborn, ainsi que de la Coupe de la Reine du CSIO 5* de Barcelone, le Néerlandais est parti avec d’énormes intentions, demandant neuf longues foulées entre les deux premiers obstacles. Une option payante, d’autant plus que le couple n’a pas fléchi jusqu’à couper la ligne d’arrivée dans un vrai bon temps… qui lui offrira la deuxième place.
Mis sous pression, les cavaliers suivants vont en payer les conséquences en fautant, à l’image du Norvégien Dag Ove Kingsrod, battu sur l’avant-dernier, un vertical, avec Dimaro van der Looise Heide, et du Belge Niels Bruynseels, sur le premier, un vertical aussi, puis sur l’oxer huit 'dépolonisé'. Le deuxième double sans-faute est l’œuvre d’Hans-Dieter Dreher, associé à un Embassy II très, très frais. Profitant de la vitesse de son étalon, l’Allemand semble pouvoir faire mieux que van der Schans, mais il ne trouve pas la bonne foulée dans la dernière ligne. Il terminera troisième.
Pas vernie, Marie Etter-Pellegrin voit son Admirable pousser une barre de l’oxer placé au bout de la première longue galopade. Parfaitement dans le coup, la Suissesse, qui avait remporté ici même son dernier Grand Prix pour la France, il y a un an dans le CSI 2*, devra se contenter de la huitième place. Huit points pour l’Irlandais Billy Twomey sur Diaghilev, et quatre sur l’entrée du triple réduit en double pour le Suédois Rolf-Göran Bengtsson sur Casall Ask.
Steve Guerdat en tête devant Jur Vrieling et Kevin Staut
Acclamé par Eurexpo, Roger-Yves Bost relève le défi, connaissant le goût de son Qoud’Cœur pour les barrages. Le mimétisme avec son père, le grand Idéal de la Loge, est troublant. Le fils semble encore plus maniable, peut-être encore plus élastique dans sa manière de s’étirer sur les larges oxers. Bosty lui demande tout et l’étalon, jamais encore prélevé, lui donne tout pour prendre la tête avec moins d’une demi-seconde d’avance sur le Néerlandais. Tout aussi confiant, Simon Delestre déroule un barrage de très haute volée avec un Qlassic Bois Margot en pleine forme. Une seconde plus rapide que Bosty, le Lorrain devra se satisfaire de la cinquième place pour une faute sur le difficile vertical placé à l’entrée de la dernière ligne. Moins de réussite pour Kevin Staut et Rêveur de Hurtebise*HDC, quatorzièmes et fautifs sur l’oxer huit, puis sur le même vertical que Simon et le dernier oxer.
Ce fameux vertical six prive de sans-faute le Belge Peter Devos sur Dream of Inda Greenfield, tandis que Lauren Hough et sa mobylette de luxe, Ohlala, se laissent piéger par l’oxer placé après un virage en épingle consécutif à la première galopade. Comme l’an passé avec Orient Express*HDC, Patrice Delaveau essuie un brutal refus, de Carinjo 9*HDC cette fois, sur l’entrée du double. Dommage, parce que le Normand semblait parti pour l’emporter. Il se retrouve treizième. Comme souvent, Gerco Schröder, lui, choisit de ne pas tenter le diable. Bien vu, puisque son double sans-faute lui offre la quatrième place.
Au classement général de la Ligue d’Europe de l’Ouest de la Coupe du monde, le Suisse Steve Guerdat, deux fautes cet après-midi avec Nasa, reste en tête devant le Néerlandais Jur Vrieling. Derrière ces deux cavaliers, plus très loin de la barre de qualification, Kevin Staut emmène un peloton de poursuivants constitué du Brésilien Marlon Módolo Zanotelli et du Néerlandais Harrie Smolders, vainqueur à Del Mar, le week-end dernier en Californie, à égalité avec Bosty. Simon Delestre est dix-septième avec douze points, Alexandre Fontanelle vingt-quatrième avec huit points, Pénélope Leprevost trente-quatrième avec cinq points et Patrice Delaveau trente-septième avec quatre points. Le prochain rendez-vous, le quatrième déjà, est fixé dimanche prochain à Vérone en Italie, dans le cadre du salon Fiera Cavalli.
À Lyon, Sébastien Roullier
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