’’Le cross indoor de Paris est différent mais intéressant’’, Michel Asseray

Rendez-vous très attendu du Salon du Cheval de Paris, le Derby Indoor présentera pour la première fois au public francilien. Ce récent format, déjà proposé à l’occasion du Jumping de Bordeaux ou encore du CHI de Genève, est l’occasion de rassembler, en plein hiver et sous un hall d’exposition, les cavaliers de concours complet le temps d’une compétition aussi sportive que chaleureuse. À cette occasion, Michel Asseray, directeur technique adjoint en charge du concours complet, revient pour GrandPrix-Replay sur le succès de ce nouveau format, et les particularités à attendre de cette grande première parisienne. 



GrandPrix-Replay :  Pour cette première édition du cross indoor de Paris, à quoi doit-on s’attendre ?
Michel Asseray : Le cross indoor en lui-même est un nouveau produit. On sait bien que ce n’est pas tout à fait du concours complet, mais cela permet de présenter nos champions à un public principalement venu du saut d’obstacles. Nous évoluons d’année en année, et ferons sur Paris une synthèse de ce qui se voit à Bordeaux et à Genève, en gardant le barème A au chronomètre utilisé à Bordeaux, qui oblige les cavaliers à avoir une belle équitation, à bien maîtriser les sauts, sans dissocier vitesse et contrôle pour voir du beau sport. C’est un format qui évolue beaucoup, en concertation avec la Fédération équestre internationale pour pouvoir adapter un produit qui soit agréable pour le public et qui reste du beau sport, et qui mette en valeur nos champions de la discipline que nous avons très envie de fêter en ce moment après le bel été qu’ils nous ont fait passer.
 
GPR. : Le cross indoor de Paris est très attendu du public et des sportifs, quelles seront ses spécificités ?
M. A. : Comme à l’habitude, nous reprenons une idée qui nous plait beaucoup, passer d’un terrain à l’autre, à savoir le début et la fin du tour sur le terrain principal, et un passage par le couloir et le terrain de détente au milieu du village exposant. Nous installerons un obstacle d’eau ainsi qu’une banquette qui sera à franchir à plusieurs reprises, pour que le public voit les chevaux monter et descendre, ce qui a toujours du succès, suivi de l’obstacle directionnel qui oblige à reprendre du contrôle. Nous attendons tout le talent du chef de piste Pierre Michelet que nous avons également à Bordeaux, qui était le chef de piste des Jeux olympiques de Rio, ce qui nous promet du beau sport.
 
GPR. : Après Bordeaux et Genève, y a-t-il des enseignements tirés du format cross indoor à appliquer sur l’édition parisienne ?
M. A. : Cela sera assez proche de ce qui se fait à Bordeaux, où nous pensons avoir trouvé un bon équilibre. Le cross indoor de Stuttgart la semaine dernière se courait au barème C, ce qui d’après moi n’est pas le bon barème pour ce produit. Ce n’est qu’un avis personnel, mais je le défends auprès de la FEI avec fermeté, car le barème C implique de compenser la chute d’un obstacle par une nouvelle prise de vitesse, soit des risques supplémentaires, ce qui n’est absolument pas ce que je souhaite voir. Je préfère voir appliquer le barème A, et m’en remettre au grand Pierre Michelet pour faire rêver le public avec de la galopade et des tournants intéressants, plutôt que des cavaliers qui prendraient trop de risques pour essayer de gagner l’épreuve. Genève propose également un barème A, mais cette fois avec un temps optimum, ce qui est encore différend mais se défend aussi. En revanche le barème C n’est pour moi pas adapté. L’objectif est de montrer le savoir-faire de nos champions, avec la technique qui les caractérise et leurs chevaux d’extérieur habituels, tout en projetant si possible de vraies images de concours complet pour qu’un public moins habitué puisse voir ce en quoi consiste notre belle discipline.
 
GPR. : Comment décririez-vous à ce public moins habitué les contraintes particulières d’un derby indoor par rapport à un cross ”normal” ?
M. A. : C’est d’abord évidemment différent du point de vue de l’espace, car le derby indoor est complètement enfermé, et devient une sorte de mélange du cross et du concours hippique, avec beaucoup moins de distance qu’un cross. Les chevaux sont habitués à avoir une grande galopade, qui n’est pas comparable sur ce format-là. C’est aussi la raison pour laquelle il y a obligatoirement une warm-up avant, cela permet aux chevaux de s’habituer à être dans une nouvelle enceinte plus enfermée, et je pense qu’elle est nécessaire pour le respect des chevaux et leur découverte de cet environnement inhabituel pour eux. Ils s’y font assez rapidement, mais c’est tout un travail de passer du grand galop de cross de six-cent mètres par minute dans une prairie, au galop de barrage dans un hall fermé. C’est un produit différent, mais pratique en hivers, intéressant pour les propriétaires qui peuvent suivre une compétition sans souffrir des caprices du climat et de l’extérieur, et cela pourrait même être une deuxième carrière pour un cheval de concours complet qui n’a peut-être plus tout-à-fait le physique ou le moral pour faire de gros événements, mais qui trouverait sa voie sur ce format. C’est un format que nous ferons évoluer, en trouvant le meilleur équilibre pour que cela reste un très bon produit qui présente le concours complet sans en être vraiment.
 
GPR. : Faut-il d’après vous imaginer la mise en place d’un circuit international composés de formats derby indoor ?
M. A. : Je pense que la question se pose depuis un certain temps déjà. On en retrouve en Suisse, en Allemagne, désormais deux en France, jusque dans les pays nordiques, je crois qu’il faut y réfléchir. Si les cavaliers et les propriétaires sont assurés d’avoir une épreuve toutes les deux ou trois semaines en hivers, on peut imaginer voir apparaitre des spécialistes de ce format-là parmi les compétiteurs, ce qui serait aussi intéressant. Il est certain que tous les organisateurs y pensent, et réfléchissent aux moyens de mettre cette idée en place. Ils ont parfois des partenaires différents, ce qui n’est pas toujours facile à combiner. Mais si cela doit se développer, je pense effectivement que tous les acteurs y trouveraient leur compte.