'NOUS SOMMES MORALEMENT RUINÉS', MICHEL ASSERAY



Avec la disqualification de Qalao des Mers des derniers championnats du monde (lire ici), c’est tous les espoirs olympiques de l’équipe de France qui se sont envolés. Désormais, si les Bleus veulent aller défendre leurs chances à Rio, ils doivent impérativement figurer parmi les meilleurs aux championnats d’Europe de Blair Castle, en septembre prochain. Mais Michel Asseray, Directeur technique national en charge du concours complet, y croit plus que jamais.

GrandPrix-Replay : La Fédération française d’équitation n’a pas cessé d’affirmer son soutien à Maxime Livio, depuis l’annonce du contrôle positif de Qalao des Mers, le 5 septembre dernier. Quelle est sa position aujourd’hui que le hongre a été officiellement disqualifié ?

Michel Asseray : Nous n’allons pas lâcher Maxime maintenant. Nous sommes dans le même état d’esprit et surtout aussi tristes que lui. Même si nous nous attendions à une telle décision, nous gardions tout de même espoir : Maxime avait préparé une bonne défense, il a pu prouver que Qalao des Mers n’était pas sous les effets du produit pendant le test de dressage. Honnêtement, nous sommes tous un peu abasourdis aujourd’hui, renoncer à des Jeux olympiques est toujours très difficile.

GPR : Vous aviez donc préparé les cavaliers de l’équipe de France à cette disqualification ?

M. A. : Dans l’équipe, personne n’en veut à Maxime. Nous sommes tous solidaires, nous avions tous le couperet au-dessus de la tête et nous avons tous gardé espoir. Mais les textes de la Fédération équestre internationale sont clairs : si les échantillons A et B d’un cheval contrôlé pendant un championnat sont positifs, alors c’est la disqualification immédiate. Nous sommes moralement ruinés, les Jeux olympiques sont le plus beau concours auquel un cavalier peut rêver de participer.

GPR : Cette disqualification entraine-t-elle un changement de tactique pour les championnats d’Europe, notamment pour ce qui est des sélections ?

M. A. : Je n’ai pas encore échangé avec Thierry (Touzaint, sélectionneur national, ndlr) depuis que nous avons appris la nouvelle. Nous allons établir une nouvelle ligne ce week-end, à Pompadour. Mais il est certain que ce n’est pas la même chose entre courir des championnats en étant déjà qualifiés et les courir pour les gagner. Nous allons commencer à réfléchir à tout cela mais il faudra surtout choisir les couples qui seront les meilleurs au moment de la sélection. Tout repose là-dessus : il faudra faire le bon choix au bon moment. Nous allons essayer de faire un bon groupe mais il y a tellement de données qui entrent en compte : forme des cavaliers, santé des chevaux, etc. Néanmoins, les programmes établis pour chaque couple vont rester tels qu’ils ont été définis au début de la saison.

GPR : La France peut-elle encore croire à sa sélection olympique ?

M. A. : Bien sûr qu’elle le peut ! Je suis très déçu, et même au fond du trou, mais je vais être le premier à remonter les troupes ! Nous allons tout faire pour nous requalifier, et nous allons y arriver. Pour se qualifier aux championnats d’Europe, nous devons figurer parmi les deux meilleures nations pas encore qualifiées. C’est tout à fait possible sur le papier mais le sport reste le sport et il arrive que l’on soit moins performant sur un concours. Si la qualification sur les championnats d’Europe ne marche pas, nous pourrons toujours compter sur le classement mondial. Le problème est, qu’à l’heure actuelle, nous ne pourrions envoyer que trois cavaliers à Rio, pour rivaliser contre des équipes qui en ont aligné cinq. Ce ne serait pas très juste sportivement. Et puis je serais très peiné de ne permettre qu’à trois cavaliers de vivre les Jeux olympiques.

Propos recueillis par Johanna Zilberstein