MANO A MANO GERMANO-BRITANNIQUE, LA FRANCE EN BALLOTAGE POUR LE BRONZE
Le cross des Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie a profondément redistribué les cartes du concours complet, cet après-midi au Haras du Pin, dans l’Orne. Bien qu’amputé de 500m, le test de fond a véritablement joué son rôle. Sans surprise tout de même, l’Allemagne tient la corde devant la Grande-Bretagne et l’Australie. Quatrième, la France peut encore croire en une médaille, de même que Maxime Livio, huitième avec Qalao des Mers, à deux barres de William Fox-Pitt er Chilli Morning, les nouveaux leaders, qui sont repassés devant Sandra Auffarth et Opgun Louvo.
L’ESSENTIEL
L’essentiel, à savoir disputer ces championnats du monde sur un véritable cross de niveau CCI 4*, a été préservé. Il suffit de jeter un coup d’œil à la feuille de résultats. Après deux tests, et avant la visite vétérinaire de demain matin, qui pourrait bien encore réserver quelques mauvaises surprises, il ne reste plus que soixante des quatre-vingt-quinze couples engagés en Normandie. Des équipes parmi les nations favorites ont d’ailleurs été décimées, à l’image des États-Unis et de la Nouvelle-Zélande. Sur un terrain collant qui n’a guère séché aujourd’hui, sans toutefois trop se dégrader, même s’il n’a pas plu, les dégâts ont été lourds. Aucun couple n’a réussi à rentrer dans les temps et sans pénalité aux obstacles. Après de nombreux bouleversements, y compris après la fin des hostilités, puisqu’on a appris la mort de Wild Lone, le cheval du Britannique Harry Meade (lire ici), l’Allemagne domine toujours le classement par équipes ce soir. La Mannschaft devance la Grande-Bretagne, qui doit en partie sa deuxième place à son haut pilier, William Fox-Pitt, magnifique de maîtrise et de gestion de l’effort avec Chilli Morning parfaitement aux ordres. Avec 12,8 points de pénalité de temps dépassé, le numéro un mondial a fait mieux que limiter la casse. Premier ce soir avec 1,7 point d’avance sur Sandra Auffarth et Opgun Louvo, il s’élancera demain en quête d’un premier titre mondial individuel, tout en tentant de défendre le titre par équipes conquis voici quatre ans à Lexington. La lutte s’annonce épique.
LES BLEUS
Les 'Vestes bleues' n’ont pas vécu le cross qu’elles escomptaient. Si l’on regarde le verre à moitié plein, les quatre équipiers sont rentrés à bon port, ainsi qu’un des deux individuels, Rodolphe Scherer, qui a vécu un cross d’une intensité émotionnelle indescriptible (lire ici). Victimes d’une chute impressionnante sur l’obstacle 14, le Ratelier de Gazobiel, Denis Mesplés et Orégon de la Vigne se sont relevés et aucune blessure n’est à déplorer. Si l’on regarde le verre à moitié vide, la France n’est que quatrième ce soir, loin, trop loin de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, et à la lutte avec la redoutable Australie et les Pays-Bas pour la médaille de bronze. Au moins a-t-elle presque assuré sa qualification pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro, mais les Français ne peuvent se satisfaire de trois refus, essuyés par l’ouvreur Pascal Leroy et par Cédric Lyard sur Minos de Pétra et Cadeau du Roi dans le troisième gué, puis de manière plus surprenante, et sans doute plus évitable, par Jean Teulère et Matelot du Grand Val sur la haie de sortie du Bief de l'Ure. Heureusement, Maxime Livio et Qalao des Mers ont plus que tenu le choc, n’accusant que 13,2 points de temps dépassé pour une huitième place provisoire.
'Ça aurait pu nous sourire. Hélas, c’est plutôt un jour sans, même si d’autres nations, à l’image des États-Unis et de la Nouvelle-Zélande, ont pris plus cher que nous. Nous accusons trois refus à l’arrivée. C’est un de trop. Avec deux seulement, nous serions troisièmes avec une bonne marge d’avance. J’avais des garçons et des chevaux affutés, de très bons galopeurs. Les chronomètres le prouvent malgré ces refus et l’option lente sur le troisième gué pour Maxime Livio et Jean Teulère. Après les refus subis par Pascal Leroy et Cédric Lyard sur cet obstacle, il était évident que nous devions prendre l’option lente. Rien n’est perdu. Nous sommes en course pour une médaille. Contrairement autres nations, il nous reste quatre cavaliers, ce qui constitue un vrai avantage. Pour les autres, tous les points vont compter. Cela semble bien engagé en ce qui concerne la qualification pour les JO. C’est bien, mais notre objectif, c’est une médaille', a commenté ce soir un Thierry Touzaint un peu déçu mais pas abattu.
LES TOPS
Les Néo-Zélandais restent les maîtres incontestés de ces longs cross. S’ils n’ont plus d’équipe (lire plus bas), ils comptent deux vraies chances de médailles individuelles avec Jonelle Price et Andrew Nicholson, quatrième et cinquième du classement provisoire sur Classic Moet et le beau Nereo. Hyper rapides et sans faute aux obstacles, ces deux-là ont été les seuls à se rapprocher du maxi, respectivement à dix et dix-huit secondes. Pas mauvais non plus, les Allemands, sur ce test de fond. Deux sont rentrés en passant sous la barre des onze minutes. Le champion du monde en titre, Michael Jung, est troisième ce soir. Avec Rocana FST, relativement inexpérimentée, le Kaiser a imposé son train d’enfer et une équitation fabuleuse. Il faudra compter sur lui demain. Les mêmes compliments ou presque pour son compatriote Andreas Ostholt, courant en individuel avec So Is Et.
LES FLOPS
Sportivement, les Américains ont clairement déçu. Hormis Boyd Martin, dixième ce soir avec Shamwari 4, les équipiers de l’Oncle Sam ont tous failli, Lynn Symansky concédant deux refus avec Donner, tandis que Phillip Dutton et Bruce Davidson Jr. ont abandonné avec Trading Aces et Ballynoe Castle RM. Coté néo-zélandais, deux vrais flops pour la légende Mark Todd et la jeune gloire Jonathan Paget. Le premier, ouvreur de l’équipe parti en tout début de matinée, a chuté dans le fameux troisième gué, tandis que le second a abandonné avec le fameux Clifton Promise.
En dehors du sport, tout n’a pas été parfait dans l’organisation, loin s’en faut, avec d’interminables bouchons sur les routes accédant au Haras National du Pin. Les organisateurs des JEM ont sûrement fait de leur mieux, prévenant autant que possible les spectateurs d’arriver très tôt pour éviter le rush. Malheureusement, cet appel n’a pas forcément été entendu, et il est vraisemblable que plusieurs milliers de personnes soient restées coincées dans les embouteillages une grande partie de la journée. Dommage…
Au Pin-au-Haras, Sébastien Roullier
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