ASTIER NICOLAS REPOND AU DIRECTEUR TECHNIQUE NATIONAL



Son cas ayant été pris en exemple par le directeur technique national dans sa réponse au collectif de cavaliers de complet, jeudi dernier (lire ici), Astier Nicolas a pris la plume à son tour. Sans contester les chiffres de Pascal Dubois, il tient à les replacer dans le contexte économique du complet français, appelant la Fédération française à une plus grande écoute et davantage d’ambition. Voici l’intégralité de son courrier.


 
"Non, je ne pointe pas à la FFE…
Après l’article paru sur GrandPrix-Replay.com, dans lequel j’ai été cité, je me permets d’apporter quelques précisions sur ces échanges concernant la politique sportive, qui implique les cavaliers de concours complet.
Tout d’abord je suis fier d’avoir pu contribuer pendant ces dix dernières années, par un travail patient et continu, au succès des équipes de France Poneys, Juniors et Jeunes Cavaliers. L’action de la FFE, tout comme mon engagement et celui de mes entraîneurs, ont été les ingrédients nécessaires à ces résultats.
Il faut bien constater que pour les Seniors, la donne n’est pas aussi simple car les contraintes économiques auxquelles nous, cavaliers, pour la plupart professionnels, sommes confrontés et le coût toujours croissant de la préparation des chevaux au très haut niveau laissent à très peu d’entre nous la possibilité de prétendre à une place honorable dans les grandes échéances internationales, le tout dans un environnement où de plus en plus de nations prétendent à accéder aux podiums.
Cela impose d’oser réviser les schémas anciens et implique un engagement concerté, durable et visible de toutes les instances en charge de la politique sportive du CCE en France.
Si on revient sur les chiffres publiés – certainement exacts à l’euro près – on peut s’apercevoir, en excluant les primes aux propriétaires qui seront versées de manière conditionnelle en 2013, qu’une somme d’environ 3.000 euros par cheval et par an m’a été versée par le ministère de la Jeunesse et des Sports et la FFE sur les trois dernières années. C’est une somme importante mais malgré tout faible au regard des coûts induits par un cheval de haut niveau.
Peut-on imaginer un instant qu’il suffirait de faire un chèque de 3.000 euros par cheval et par an pour obtenir un ticket gagnant dans les grandes échéances internationales? La réponse est évidemment non. Sans la passion, sans la rage de gagner, cela est impossible. On doit aussi s’interroger sur l’ensemble des actions en amont qui font la politique sportive du haut niveau, tant du point de vue de la préparation de l’élite que de la pépinière, et qui feront les succès de demain. C’est là l’attente des cavaliers.
Prétendre aujourd’hui récolter des médailles par équipes dans les échéances mondiales signifie entre autres d’être en mesure de placer typiquement cinq cavaliers dans le Top cinquante du classement mondial FEI* et une dizaine d’autres dans le Top cent cinquante*. Force est donc de constater qu’en France, aujourd’hui, le compte n’y est pas. Il faudra plus qu’une action coup de poing pour redresser la barre.
Ce n’est certes pas aux cavaliers de construire la politique sportive pour les années à venir mais ils doivent s’y sentir partie prenante. Pour apporter leur adhésion, ils ont besoin de visibilité. Que chacun prenne donc ses responsabilités. Dans l’immédiat, la traversée du désert risque d’être encore longue. Pour ma part, je rechausse mes bottes et m’apprête à remonter sur mon cheval.
Astier Nicolas
*À ce jour, seuls l’Australie, l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Nouvelle Zélande et les États-Unis remplissent un de ces critères."

 
Sébastien Roullier