CHRISTIAN AHLMANN GRAVE SON NOM DANS LE MUR DE LA SOERS!
Après Hambourg et Leipzig notamment, Christian Ahlmann a ajouté un nouveau classique allemand à son palmarès, le classique des classiques même, cet après-midi à Aix-la-Chapelle. Seul triple sans-faute d’une épreuve passionnante et mouvementée, le champion d’Europe 2003 a également confirmé le retour au tout premier plan de Codex One, absent durant six mois et demi l’automne et l’hiver dernier. Les trois Français en lice, eux, n’ont pas passé le cut de la première manche.
Après avoir dû par deux fois laisser résonner God Save The Queen dans l’impressionnant Hauptstadion, en 2012 pour Michael Whitaker et Amai puis en 2013 pour Nick Skelton et Big Star, le public allemand a acclamé l’un des siens, cet après-midi, en la personne de Christian Ahlmann, lauréat du Grand Prix à un million d’euros support du Grand Chelem formé par les CSIO d’Aix et Calgary et le CSI de Genève. Après avoir été le jeune à qui tout réussissait puis le mouton noir en raison du cas de dopage de Cöster aux Jeux olympiques d’Athènes, le grand costaud de Marl, véritable héritier de l’équitation allemande, a fait l’unanimité à la Mecque des sports équestres, sous les yeux de 45.000 spectateurs parmi lesquels on a noté la présence de la Princesse Haya de Jordanie, en pleine campagne pour sa réélection à la tête de la FEI en fin d’année. Signant trois tours magnifiques de fluidité et de puissance, Ahlmann et Codex One, un peu à la traîne dans la course à la sélection pour les Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie en raison de l’absence pour blessure de l’étalon l’automne et l’hiver derniers, ont marqué de très gros points cet après-midi.
De ce point de vue, si l’on peut dire, ils profiteront aussi du malheur de Katrin Eckermann. Ce Grand Prix restera en effet marqué par l’impressionnante chute de la jeune cavalière. En selle sur le très prometteur Firth of Lorne, lauréat du Grand Prix de Hambourg, elle a malheureusement répété sa gamelle de la seconde manche de la Coupe des nations, jeudi soir. Après que l’on a craint le pire au long d’une interminable interruption de quelque vingt minutes, elle n’a finalement déploré qu’une clavicule cassée. Le fils de For Pleasure, lui, s’est fait très mal à l’antérieur droit. Évacué de la piste dans un van ambulance, il ne souffrirait que d’une entorse, et en tous les cas pas de la moindre fracture. On pourra disserter longtemps sur l’à-propos de ressauter une rivière de 4,30m deux jours et demi après une chute. L’entourage du cheval a sûrement fait ce qui lui semblait le plus juste…
Le nouveau refus de Nino des Buissonnets
Si cet accident a quelque peu refroidi l’ambiance, le CHIO d’Aix s’est finalement terminé sans orage ni tempête malgré l’inquiétante annonce du speaker, et avec du très beau sport. Des quarante couples au départ, quinze ont su déjouer les difficultés techniques proposées par Frank Rothenberger, à la hauteur d’un tel Grand Prix mais sans excès. Les trois Français au départ n’ont malheureusement pas fait partie de ceux-là, ni des trois autres couples repêchés en seconde manche. Le premier à s’élancer, Julien Épaillard, a accusé deux franches fautes sur le piégeux vertical numéro deux puis sur la rivière, où Qarat de la Loge n’a pas produit de saut. Partis une bonne demi-heure plus tard, Pénélope Leprevost et Kevin Staut ont déroulé deux très beaux tours maîtrisés, mais ont échoué sur le même obstacle, l’oxer placé à l’entrée du traditionnel double de bidets. Pour le reste, Nayana et Estoy Aqui de Muze*HDC ont vraiment laissé une belle impression. Ce CSIO ne demeurera pas dans les annales du jumping français.
La seconde manche a débuté avec la démonstration de l’Américaine Lucy Davis sur Barron, battu sur le vertical douze au premier tour et fabuleux cette fois, avec une sixième place à la clé au mérite du meilleur chrono. Elle s’est poursuivie avec le refus spectaculaire de Nino des Buissonnets sur l’entrée du double après une petite faute sur la rivière en première manche avec Steve Guerdat, l’abandon d’Éric Lamaze et Zigali PS après deux fautes dont une énorme sur l’oxer quatre, les douze points d’André Thieme et Contanga, et enfin l’élimination de Paul Estermann et Castlefield Eclipse pour deux refus dans les deux combinaisons… La Suisse a bu le calice jusqu’à la lie.
Les oxers sept B (milieu du triple) et onze sont respectivement tombés au passage de Jeroen Dubbeldam sur Zenith SFN et Luciana Diniz sur Fit For Fun 13. Auteur d’une authentique démonstration en première manche, Meredith Michaels-Beerbaum a sagement décidé d’en rester là avec le jeune Fibonacci 17. On espère le premier double sans-faute enfin réussi par la seule Selle Français encore en course, la généreuse Showgirl, mais Yann Candelé cède sur le vertical neuf et l’oxer onze.
Le premier à y parvenir est Christian Ahlmann, aussitôt imité avec la manière par Marcus Ehning sur un Plot Blue impeccable et Kent Farrington sur un Voyeur vif et aux ordres. Le milieu du difficile triple prive Henrik von Eckermann de barrage avec Gotha FRH. Pas de problème pour les magiques Daniel Deusser et Cornet d’Amour, piégés deux fois ici par le temps l’an passé. Ludger Beerbaum, lui, manque le bouquet final pour une faute de postérieurs de Chiara 222 sur le vertical neuf. Grégory Wathelet débute sa seconde manche de parfaite manière avant que le relativement inexpérimenté Conrad de Hus ne baisse quelque peu pavillon, piégé sur la sortie du triple, puis sur le mur dix et l’oxer onze. Malgré une bonne touchette sur ce dernier oxer, très large et massif, Lauren Hough, elle, s’invite au festin des géants avec Ohlala, sa petite SWB par Orlando et une mère par Cardento.
Farrington pèche par excès de confiance
Ahlmann ouvre donc ce barrage à cinq avec un tour plein de maîtrise marqué par des virages serrés comme il les aime. Son temps, certes sérieux, semble largement à la portée de ses poursuivants. Plus d’une demi-seconde plus rapide, Marcus Ehning en fournit une preuve évidente, seulement la quatrième difficulté de ce barrage, un très étroit vertical placé en sortie de courbe, ne résiste pas au passage de son fils de Mister Blue, beau troisième tout de même. C’est plus flagrant encore pour Farrington, qui lance Voyeur comme un boulet de canon. L’Américain, plus de deux seconde et demi plus vif, pèche cependant, comme souvent, par excès de confiance, n’estimant pas nécessaire de reprendre son cheval avant le dernier vertical. La plaisanterie lui coûte 130.000 euros! Deusser, lui, gère mal l’abord du fameux étroit vertical, ce qui le classe quatrième avec son beau gris. Hough, enfin, tente crânement sa chance, mais sa petite mobylette renverse la palanque ovale jaune du vertical placé en troisième obstacle, puis le dernier. Plus rapide qu’Ahlmann elle aussi, elle se contente de la cinquième place. Comme l’an passé, le premier barragiste l’a finalement emporté, ce qui n’est pas si courant. Tant mieux pour l’ancien numéro un mondial, dont le nom sera désormais gravé sur le vertigineux mur d’honneur du stade de la Soers.
Pieter Devos qui abandonné en fin de premier tour avec Dream of India Greenfield et Steve Guerdat ayant échoué, le deuxième reste en course pour le Petit Chelem en cas de succès à Calgary tandis que Ahlmann sera l’homme à battre à Spruce Meadows puis à Genève. En attendant, le cavalier du haras de Zangersheide peut donc espérer accompagner en Normandie Marcus Ehning, probablement sélectionné avec Cornado NRW, Ludger Beerbaum, avec Chiara 222, et Daniel Deusser, avec Cornet d’Amour, à moins qu’Hans-Dieter Dreher ne lui soit préféré avec Embassy II. Réponse dans une dizaine de jours comme dans la plupart des grandes équipes.
À Aix-la-Chapelle, Sébastien Roullier
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