HOMMAGE À STÉPHANE DELAVEAU



Stéphane Delaveau, décédé lundi matin, a marqué le monde équestre par ses succès mais également grâce à ce qu'il était. En 1985, il grimpait par équipes sur la deuxième marche du championnat d'Europe Junior associé à son trotteur Lekkak. Ce jour, une certaine Sophie Pelissier-Coutureau était à ses côtés en selle sur Mousse (avec Christophe Roguet, Max Thirouin et Alexandra Ledermann, cinquième cavalière, ndlr). Elle se souvient de lui comme 'un amour de garçon avec le c?ur sur la main, un très bon vivant mais qui savait également être sérieux dans le travail. Il était peut être moins doué que son frère mais il travaillait énormément pour y arriver.' Lors de cette échéance l'équipe de France ne faisait pas partie des favoris et pourtant ils ont réussi à déjouer les pronostics, 'il y avait un super esprit d'équipe. Nous n'étions que des enfants de cavaliers. Tout était simple. Il fallait monter sérieusement mais sans se prendre la tête. Stéphane a bien sûr énormément participé à cette victoire car lorsqu'il avait décidé de gagner, il tentait tout. Par exemple, lorsqu'il a gagné le Grand Prix de Caen avec Lekkak, le dernier obstacle c'était ça passe ou ça casse!'


Un an plus tard, en 1986, il est à nouveau remonté sur un podium européen. Il s'empare cette fois-ci de l'or par équipes aux côtés de Christophe Roguet et Max Thirouin, comme l'année précédente, et d'une nouvelle coéquipière appellée Eugénie Legrand en selle sur Kali du Moulin (vendu par la suite au Japon, ndlr). Elle deviendra plus tard Eugénie Angot. Pour cette dernière, Stéphane Delaveau 'était un super cavalier. Dans les juniors c'était déjà quelqu'un qui dominait sa génération, il était notre pilier. Ce n'était pas celui qui avait les meilleurs chevaux mais c'était le plus professionnel et un de ceux qui montaient le mieux. Il était vraiment en avance sur son temps, il avait une longueur d'avance sur la plupart d'entre nous.'


La cavalière qui a depuis fait ses armes dans le haut niveau et glané de nombreux autres succès se rappelle de cet événement, 'c'était super. Lorsque tout s'enchaine comme ça, c'est toujours génial. Je me souviens qu'il y avait un super esprit d'équipe, une super ambiance. Stéphane devait une fois de plus passer en dernier et il a entièrement rempli son rôle.' Le frère de Patrice Delaveau était alors celui sur qui l'équipe pouvait se reposer. 'C'était un soutien parce qu'il était bon, parce qu'on pouvait compter sur lui, parce qu'il avait les épaules pour réaliser un sans-faute malgré la pression. Techniquement et mentalement, il avait tout pour tenir son rôle de pilier. Il avait toujours un bon conseil. C'était ce qu'on appelle un bon soldat et un bon coéquipier.'


Sa bonne humeur et sa joie de vivre s'illustrent aisément à travers une anecdote que raconte Sophie Pelissier-Coutureau, 'un soir, lors d'un CSI organisé à Canteleu, il y avait un groupe de musciens qui mettait un peu l'ambiance et Stéphane a voulu prendre la place du batteur donc il a récupéré les deux baguettes et a commencé à jouer! D'un seul coup trente ou quarante personnes sont arrivées pour le regarder!'


Dans le monde des chevaux, Stéphane Delaveau était depuis longtemps admiré et respecté. Bruno Courtureau se souvient d'ailleurs d'une histoire qui en est la preuve : 'Lorsque je suis arrivé en Normandie, j'avais une profonde admiration pour Stéphane Delaveau et lors d'un concours j'ai vu qu'il avait coupé ses gants en mitaines. Je ne me suis alors pas posé de questions et, en rentrant chez moi j'ai découpé toutes mes paires de gants de la même manière, pour faire comme lui! Plus tard, j'ai appris qu'il avait fait cela seulement car il avait des trous au bout de ses gants. Il trouvait donc mieux de les couper!'


La famille équestre gardera le souvenir d'un homme doué, travailleur, bon et sympathique.


Tout l'équipe de Grand Prix présente ses plus sincères condolèances à sa famille et à ses proches et s'associe à leur douleur.

Marie de Pellegars-Malhortie