'À AIX-LA-CHAPELLE, IL FAUT DES CHEVAUX 100% PRÊTS !', OLIVIER GUILLON
Le 27 juin dernier, [Olivier Guillon] n’a pas vécu le meilleur jour de sa carrière de cavalier à Aix-la-Chapelle. En grande difficulté, son hongre de quatorze ans Lord de Theize n’est pas parvenu à réitérer l’exploit de l’année précédente, où le Selle Français avait participé à la belle victoire de la France dans la plus prestigieuse des Coupe des nations. Contacté par GrandPrix-Replay, Olivier Guillon a donné son avis sur cette contre-performance, et a confié ses futurs projets avec Lord et ses autres chevaux.
GrandPrix-Replay : Vous avez vécu un week-end difficile à Aix-la-Chapelle avec Lord de Theize. Vous avez été éliminé de la première manche de la Coupe des nations, et réalisé dix-huit points en seconde manche. Comment expliquez-vous les difficultés rencontrées à deux reprises en première manche ?
Olivier Guillon : En première manche, je faute sur la rivière. Je crois bien que c’est la première fois qu’il touchait la rivière, et il a trébuché juste après. Je me suis dit qu’il s’était peut-être fait mal, et dans la demi-seconde qui a suivi, j’ai tourné, ce qui n’était pas forcément la meilleure solution. Pour le triple, le cheval se reculait beaucoup depuis le début du parcours, notamment dans le double de spa/vertical. Il a dû faire un gros effort sur la spa, et s’est retrouvé loin du deuxième, qu’il a pu sauter parce que c’était un vertical. Cela s’est à nouveau produit dans le triple, il est resté vraiment derrière moi. Il est rentré plutôt normalement sur le vertical, mais a du faire un effort pour le deuxième, et a eu un temps d’arrêt juste après. La trajectoire était devenue impossible, et je ne pouvais pas sauter le dernier.
G.P.P. : Lord s’est-il fait peur ou n’était-il tout simplement pas en forme ? Comment était-il au paddock avant d’entrer en piste ?
O.G. : Non il ne s’est pas forcément fait peur. Il y a deux carrières de détente à Aix-la-Chapelle : une petite détente juste avant l’entrée de piste et une grande plus loin. Depuis que je l’emmène là-bas, cela va faire la cinquième fois, je suis à chaque fois obligé de détendre Lord sur la grande piste qui est plus loin, ce qui n’est pas l’idéal. Il a dû se passer sept ou huit minutes entre mon dernier saut à la détente au paddock, et le vertical numéro un de l’épreuve. Mais je n’ai pas vraiment le choix car dans le petit paddock, il est terrorisé. Il y a beaucoup de chevaux en même temps, et il ne se sent vraiment pas à l’aise, donc je ne peux pas sauter à cet endroit-là. J’ai donc préféré procéder comme d’habitude, et le détendre sur le grand terrain. Le problème, c’est que le grand paddock avait malheureusement été complètement inondé dans la nuit, très peu de chevaux sautaient là-bas. Le terrain était vraiment gras, ce qui n’était pas idéal pour détendre, mais nous avons malgré tout essayé de trouver un endroit où c’était à peu près praticable. Mais c’est sûr que cela a pu jouer.
G.P.R.: Comment Philippe Guerdat a-t-il réagit après la première manche ? Avez-vous hésité à repartir lors de la seconde manche ? En avez-vous discuté ensemble ?
O.G. : Non, nous n’avons pas hésité. La première chose, c’était de vérifier que tout allait bien après le saut manqué de la rivière. Nous avons attendu dix ou quinze minutes, et l’avons fait trotter pour voir s’il était droit. Et l’on est en Coupe des nations à Aix-la-Chapelle, donc à partir du moment où le cheval est droit, on repart !
G.P.R. : Comment était Lord depuis le début de la semaine à Aix-la-Chapelle, avant la Coupe des nations ? Sentiez-vous que Lord n’était pas au mieux de sa forme ou n’avez-vous rien vu venir ?
O.G. : Il était plutôt bien. J’avais eu un souci l’année dernière aux Jeux olympiques. Lord avait eu un boulet qui avait commencé à bouger. Depuis, nous devons donc gérer cela. J’essaie de le travailler au mieux par rapport à ce souci. C’est maintenant réglé, mais c’est vrai que depuis quelques semaines, quelques mois, j’étais obligé de lui demander un travail beaucoup moins intensif que ce que j’ai pu lui demander l’année précédente.
G.P.R. : Votre dernier concours ensemble avant Aix datait de la Baule, en mai dernier, où vous aviez également abandonné dans le Grand Prix. Avec le recul, pensez-vous que Lord aurait eu besoin de courir d’autres concours avant d’entamer une compétition si importante, ou avait-il besoin de repos ?
O. G. : Le Grand Prix de La Baule était très particulier, parce que le terrain n’était vraiment pas bien ! Le premier jour, Lord était sans-faute dans la grosse épreuve, et également dans la première manche de la Coupe des nations. Il ne fait que quatre points dans la deuxième manche. L’idéal, après la Baule, aurait été de refaire un concours, c’est vrai, mais je n’en ai pas trouvé qui pouvait réellement lui correspondre. Par rapport aux soins que nous lui avions fait, ce n’était pas dans le programme. Donc plutôt que de l’emmener dans un concours qui ne correspondait pas forcément au cheval, j’ai préféré l’emmener sauter sur une grande piste en herbe pour travailler à l’extérieur de la maison. Je crois que c’est un tout. Malgré l’expérience du cheval, et de la mienne aussi, on se rend bien compte que pour une Coupe des nations comme Aix-la-Chapelle, il faut avoir des chevaux 100% prêts, et dans la compétition.
G.P.R. : Ce résultat semble avoir compromis toutes chances de sélection pour les prochains championnats d’Europe. Comment vivez-vous cela ?
O.G. : Très honnêtement, dans ma tête, depuis le début de saison, je n’ai absolument pas envie d’aller aux championnats avec Lord cette année. Il a déjà fait quatre championnats, il a fait son travail dans l’équipe de France. Aujourd’hui, il n’a pas besoin de ça. C’est un cheval qui a énormément de qualité mais qui a aussi des défauts, et je n’ai pas envie de lui redemander des efforts dans des championnats qui sont vraiment des concours qui demandent une importante charge de travail en préparation. Et par rapport à la carrière de Lord, et à tout ce qu’il a fait, ça ne serait pas très malin, ou en tout cas pas très sympa de lui redemander des efforts pareils. Bien sûr que j’ai envie de refaire des championnats et de continuer, mais pas avec Lord, je crois qu’il a fait son boulot.
G.P.R. : Depuis avril dernier, vous avez récupéré Norman Pre Noir, un étalon de douze ans. Fondez-vous beaucoup d’espoir en lui ? Comment se passent vos débuts ensemble ?
O.G. : C’est un cheval qui a douze ans, qui saute bien, mais ce n’est pas un cheval que j’emmènerai dans des championnats, c’est bien clair. Il faut arrêter de croire au Père Noël !
G.P.R. : Et parmi vos autres jeunes chevaux, Leena 11, Walda Z, Silver Deux de Virton*HDC, lequel vous parait avoir le plus de potentiel ?
O.G. : J’aime beaucoup Silver. Il n’a pas du tout couru l’année dernière à six ans, mais c’est un cheval qui a un beau potentiel. Après, il y a tellement de choses qui entrent en ligne de compte, on ne sait jamais ce que fera un cheval à cet âge-là. Certains seront surprenants, d’autres décevants, mais Silver a un beau potentiel.
G.P.R. : Comment envisagez-vous la suite de la saison avec Lord de Theize ? Quelles sont vos prochaines échéances ?
Je vais emmener Lord dans des concours trois étoiles. À priori, j’ai prévu de faire Dinard et Royan. Ensuite je verrais en fonction de ces concours, et ce que je ressens avec le cheval. Je prendrais telle ou telle direction ! En tout cas, c’est sûr que dans un premier temps, je ne vais pas lui redemander des efforts aussi importants qu’en Coupe des nations !
Propos recueillis par Charlotte d'Yvoire