LE CRI D'ALARME D'ÉLEVEURS FRANÇAIS AU MINISTRE DE L'AGRICULTURE



À l’initiative de François Lévy du Haras de Vulsain, une pétition signée par dix-sept personnalités du monde de l’élevage français vient d’être adressée au ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. Assez sévère contre l’ANSF et la nouvelle SHF, ce cri d’alarme a le mérite d’ouvrir le débat sur l’avenir de la filière cheval nationale.


 
"Lors des ventes du Mondial du Lion d’Angers, nous avons écrit ce texte sur un coin de table. À l’exception des responsables présents de l’ANSF et de la SHF, ce que je peux d’ailleurs comprendre, la plupart des éleveurs présents l’ont signé", raconte François Lévy, responsable du Haras de Vulsain, établi en Côte-d’Or. Dix-sept signatures de personnalités accompagnent l’envoi de cette lettre à Stéphane Le Foll, le nouveau ministre de l’Agriculture. Pour l’heure, ces premiers signataires ne souhaitent toutefois pas se faire connaître publiquement. "Il y a certaines personnalités importantes. Il ne s’agit pas de les mettre en porte-à-faux. Le moment venu, elles se feront connaître", justifie l’initiateur de cette pétition.

 
La pétition

 
Que dit-elle ? En voici un condensé.
"- Il existe une prime au naisseur dans le trot et le galop. Nous souhaitons, pour les éleveurs de chevaux de sport, le même traitement. Une procédure sera conduite dans ce sens auprès du ministère de l’Agriculture car nous vivons dans un pays de droit et ce qui est accordé aux uns doit être accordé aux autres.
- Pour réduire la charge qui pèse sur les éleveurs, nous suggérons la suppression de la présentation des trois ans montés, la suppression du testage des étalons, la réduction du coût à la naissance de chaque SF, du coût à l’agrément d’un nouvel étalon, ainsi que la simplification du mode d’attribution de notes dans les concours d’élevage. Pour compenser le manque à gagner ANSF, nous suggérons la réduction de ses frais de fonctionnement : train de vie, effectifs, missions, éditions, etc.
- Nous suggérons le regroupement de la Grande Semaine de l’Élevage et des journées Selle Français à Fontainebleau. Une seule et même réunion, tournée vers la sélection et le commerce. Pour permettre ce regroupement : supprimer la sélection à deux ans, coûteuse et inappropriée. Ne présenter à la Grande Semaine que des jeunes chevaux à vendre avec prix indiqués à l’inscription. Favoriser la sélection des étalons de quatre ans et limiter la sélection des trois ans coûteuse.
- Nous souhaitons la suppression des parcours de formation obligatoires des quatre ans en les rendant non obligatoires et à réserver pour certains chevaux à la diligence des propriétaires. Nous exigeons la réduction du nombre de parcours à effectuer pour les quatre et cinq ans permettant la qualification. Nous suggérons la création, à l’occasion de la Grande Semaine de l’Élevage, d’une grande vente aux enchères de deux et trois ans pour éviter que le fonds de commerce de la SHF soit détourné par d’autres…
- Nous suggérons la création, au moment des Championnats de France, de la finale des quatre, cinq et six ans, avec les meilleurs de chaque génération, à vendre ou pas, et choisis sur les mêmes bases que celles de la sélection réalisée par la Grande Semaine.
- Pour favoriser les éleveurs professionnels, nous suggérons de susciter une loi pour que seuls les professionnels puissent accorder des garanties aux clients à l’occasion de la vente d’un cheval. Reconnaissance de la profession de marchand de chevaux.
- Pour permettre aux éleveurs de se défendre, nous suggérons de favoriser la création d’un syndicat des éleveurs professionnels au travers des syndicats régionaux à repositionner en tant que syndicats professionnels et non en tant qu’association se comportant le plus souvent en faire-valoir des organismes de tutelle au lieu de nous défendre auprès de ces mêmes organismes. C’est ce syndicat professionnel qui devra négocier avec les pouvoirs publics en lieu et place de la SHF et l’ANSF dont la fonction même les rend inaptes à négocier les intérêts vitaux des éleveurs car contradictoires avec leurs propres intérêts.
- Nous exigeons la refonte des statuts de la SHF pour ramener l’usine à gaz à sa mission première qu’elle n’aurait jamais dû abandonner. Cette maison-mère permet aux pouvoirs publics de réduire chaque année ses aides. L’amalgame élevage, sport et commerce est contre nature. Il faut remettre l’église au milieu du village.
En conclusion, nous demandons un plan d’action tourné vers la rentabilité des éleveurs par la diminution de leurs charges, l’amélioration de l’organisation, le développement du commerce et la formation des jeunes chevaux de tous les stud-books choisis par les éleveurs, sans discrimination. Pour l’ANSF et la SHF, nous demandons une gestion économique tournée vers les besoins des éleveurs. Nous souhaitons, pour ces deux organismes, que soient mis en place des directeurs généraux professionnels à temps plein, travaillant en liaison avec la base, sous l’autorité des présidents et de leur conseil d’administration. Pour les présidents et administrateurs, trois réunions par an autour d’un plateau repas pour contrôler la direction générale mise en place et corriger la feuille de route. Place au professionnalisme…"

 
"De nouveaux soutiens chaque jour"

 
"La filière du cheval de sport est fragilisée par l’absence de coordination de la part de votre Ministère. Cette pétition a été signée en une heure par plusieurs éleveurs importants de notre filière lors d’une manifestation hippique samedi dernier au Lion d’Angers. Elle pourrait être signée, semble-t-il, par la quasi-totalité des éleveurs de notre pays ! Cette pétition est rédigée sous forme de feuille de route, à approfondir, à vérifier et à compléter, mais c’est une première base de réflexion. Notre objectif est de favoriser le commerce et réduire les charges. Ainsi, nous pourrons améliorer la rentabilité de nos exploitations et lutter plus efficacement contre l’invasion de chevaux étrangers", ajoute François Lévy dans la lettre accompagnant la pétition envoyée au ministre.
"De nouveaux soutiens et signatures nous arrivent tous les jours. Je renverrai notre pétition au ministère dans un mois", conclut l’éleveur bourguignon.

 
Sébastien Roullier (avec communiqué)