“Avoir pu emmener Volnay à ce niveau est ce qui nous fait le plus plaisir”, Alexandra Francart

Il y a un an, Alexandra Francart se préparait pour les Jeux équestres mondiaux de Tryon, avec son formidable Volnay du Boisdeville. Une échéance à laquelle ils sont parvenus après une fulgurante saison 2018, où le couple avait pris part à plusieurs Coupe des nations. Engagée à Fontainebleau le week-end passé pour le GRANDPRIX CLASSIC Summer Tour, l’Ardennaise est revenue sur l’une de ses meilleures saisons, avant de se confier sur les années à venir, avec ses jeunes chevaux.  



Alexandra Francart et Appolon Bleu

Alexandra Francart et Appolon Bleu

© © Loïc Baur

Avec quels chevaux êtes-vous venue à Fontainebleau ?
Je suis venue avec cinq chevaux. Pour les épreuves 2*, j’ai engagé Betty du Prieure et Mixcoac Ls La Silla. Betty est une jument que j’ai depuis longtemps. Elle court des épreuves 2* et vendredi, elle a a réalisé son premier parcours à 1,45m (le couple a fini à la trente-deuxième place avec douze points de pénalité, dans un temps raisonnable, ndlr). Il faut encore qu’elle s’aguerrisse sur ces hauteurs-là. En revanche Mixcoac est arrivé récemment aux écuries. Il commence à bien se comporter sur des hauteurs à 1,35m. Avec lui j’ai visé le Grand Prix à 1,40m, où nous terminons douzièmes avec cinq points de pénalités. Je participe également aux épreuves jeunes chevaux avec Drako de Maugre, six ans, et Chanel de Courcel, sept ans. Ils sont là pour apprendre.  Appolon Bleu est ici aussi. Il est très performant jusqu’aux épreuves 2*, mais ce week-end c’est mon second cheval, dans le but de consacrer plus de temps à Betty.

Depuis la vente de Volnay du Boisdeville, qui évolue désormais avec l'Israélien Teddy Vlock, avez-vous plus de jeunes chevaux en compétition ?
Finalement, pas tant que ça. Je les avais déjà l’année dernière, quand je tournais sur du très haut niveau. Mais mon organisation de l’époque n’était pas orientée pour eux. Elle était ciblée vers le haut niveau, et nous n’avions pas l’habitude de gérer cet enjeu. Certains jeunes chevaux ont donc pris un peu de retard. Cette année est une année de transition pour pouvoir recommencer. Nous sommes dans un sport où il est possible de pouvoir monter à très haut niveau, très longtemps. Je ne suis donc pas inquiète.

Que pensez-vous du GRANDPRIX CLASSIC ?
Je suis une fidèle participante de GRANDPRIX CLASSIC ! Je ne crois pas avoir loupé une édition depuis que le concours est organisé. J’aime beaucoup venir à Fontainebleau, surtout pour cet événement. Les chevaux s’y sentent bien, tout est pratique pour eux. Je sais ce qu’on a dit du Grand Parquet, et pour l’avoir foulé plusieurs fois, je ne comprends toujours pas pourquoi il a été si critiqué . 


"La vente de Volnay de Boisdeville est une belle performance professionnelle"

Alexandra Francart et Appolon Bleu

Alexandra Francart et Appolon Bleu

© © Loïc Baur

Que vous a permis la vente de Volnay ?
Nous étions en petite copropriété sur le cheval, mais très responsables vis-a-vis du propriétaire de l’époque, Hubert Hosteau, qui était également son éleveur. La responsabilité était grande, car il est très rare qu’un éleveur garde son cheval jusqu’à cet âge. Il a été courageux, patient et a réellement cru en nous pour pouvoir nous suivre jusqu’au bout. L’éleveur et moi n’avons rien de plus que les autres, mais il y a un moment où nous sommes sur des sphères tellement importantes, que des ventes comme celles-ci représentent de superbes performances professionnelles. Nous avons abouti à un commerce de haut vol. La vente a duré un mois, ça a été une pression tout autant difficile à supporter que le très haut niveau, et nous étions presque soulagés quand cela s’est fini. Désormais la relève est présente, nous allons continuer. Mais nous sommes très fiers.

Depuis votre superbe saison en 2018, votre approche du sport a-t-elle changée ? 
Mon approche du sport n’a pas vraiment changé. J’imaginais certaines choses, qui ont été confirmées par cette saison de concours. Ça a été une saison sportive extraordinaire à vivre, évidemment. L’équipe et moi avons tout fait correctement, et nous en sommes très fiers. Cette vie à haut niveau n’est pas une vie qui m’a attirée jusqu’ici, alors pouvoir amener un cheval à ce niveau a vraiment été royal pour nous. L’année dernière a vraiment concrétisé des projets que nous espérions depuis longtemps, mais on aime toujours autant trouver des "pépites", les travailler, les former. Avoir pu amener Volnay à ce niveau est ce qui nous a fait le plus plaisir.

Avez-vous appris des choses, personnellement ?
Bien sûr ! Philippe, notre entraineur de l’année dernière, m’a beaucoup apporté. Après j’ai toujours eu le réflexe d’observer ce qu’il se passait. Je ne pense pas avoir changé radicalement mon équitation. Ce que je faisais avant, je devais le faire encore mieux. Les centimètres supplémentaires demandent simplement de la précision, un certain équilibre du cheval et du cavalier. À cheval, tout le monde a des qualités et des défauts que l’on essaie de pallier au quotidien, et ces petits défauts deviennent rapidement problématiques sur des hauteurs à 1,60m. 

Suivez-vous son parcours avec le jeune Israélien Teddy Vlock ?
Je n’ai pas le choix ! (rires). J’ai des retours en permanence. On est très content car le cheval est en Europe en ce moment et tout se passe au mieux pour lui. La fierté est donc d’autant plus grande quand le couple "match" après une vente. Pour nous, la mission est complètement remplie. 

Espérez-vous retrouver le plus haut niveau un jour ?
Oui, bien sûr ! J’aimerai beaucoup le retrouver, c’est formateur, autant dans l’équitation que dans la vente d’un cheval. Mais courir les 5* n’est pas une vie que j’aurai aimée mener pendant de longues années. Être dans les avions du vendredi au mardi, parcourir les villes les unes après les autres… Tout cela ne me ressemble pas, et ne colle pas avec une vie de maman. J’essaie de passer le plus de temps possible avec mon fils, et l’élever de la meilleure des manières dont pourrait le faire une cavalière professionnelle. Donc une carrière en 5* n’aurait sûrement pas été pour moi. 

Qu'en est-il de vos aptitudes à la formation ?
Je me rends toujours dans des écuries pour former et enseigner. Il y a des endroits où je vais régulièrement, d’autres un peu moins. J’apprécie vraiment la transmission du savoir, c’est quelque chose de primordial pour moi. J’ai été formée de cette manière, et je tiens vraiment à reproduire cela.