La FFE n’a pas qu’un seul problème à gérer…

Si l’avenir de l’équipe de France de saut d’obstacles occupe largement les colonnes de GRANDPRIX et plus généralement l’actualité équestre depuis quelques jours, ce n’est pas le seul enjeu des réflexions en cours au sein des organes dirigeants de la Fédération française d’équitation. Au moins deux autres disciplines, le dressage et l’endurance, font actuellement l’objet de réflexions en termes de management et de stratégie.



Depuis quelques jours, le sort de Philippe Guerdat, sélectionneur national – toujours pas officiellement renvoyé – de l’équipe de France de saut d’obstacles, fait la Une de l’actualité. C’est tout à fait logique compte tenu de l’importance qu’occupe cette discipline équestre dans le paysage hexagonal. Pour autant, la Fédération française d’équitation, qui gère un nombre incalculable de disciplines, du concours complet au tir à l’arc à cheval en passant par le horse-ball, le TREC et toutes celles issues de l’équitation western, n’a pas que cet urgent problème à régler. Ainsi, au moins deux autres sports majeurs font actuellement l’objet de discussions au sein des instances dirigeantes de la FFE. 

 

Il s’agit d’abord du dressage, où les résultats des couples français peinent toujours à décoller malgré l’investissement matériel et humain de la FFE. Cet été, la direction technique nationale, dont Sophie Dubourg est à la tête depuis 2013, assistée dans cette discipline par Emmanuelle Schramm-Rossi, avait choisi de ne pas envoyer d’équipe de France aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, comme en 2010 à Lexington. Une décision très controversée sur le fond bien sûr mais plus encore sur la forme. Comme lors de la dernière olympiade, le dressage tricolore devra donc en passer par les prochains championnats d’Europe pour espérer participer collectivement aux Jeux de Tokyo. En 2015, cela lui avait réussi, avec une sixième place aux Européens d’Aix-la-Chapelle qualificative pour les JO de Rio.

 

Cependant, depuis lors, notamment avec l’indisponibilité des chevaux de Karen Tebar, le soufflé est franchement retombé, la France terminant dixième des championnats d’Europe Longines de Göteborg. De nouveaux chevaux sont arrivés ou semblent en voie d’atteindre une bonne maîtrise du Grand Prix et la Marseillaise a même retenti en 2017 et 2018 lors de la Coupe des nations du CSIO 3* de Hickstead, mais le plateau n’était en rien comparable à celui des grands rendez-vous. En vérité, la France reste très loin des grandes nations du dressage. Il semblerait que la FFE réfléchisse à l’avenir de cette discipline, mais on ne sait pas aujourd’hui si cela concerne précisément le staff, composé de la directrice technique nationale adjointe et de l’entraîneur-sélectionneur germano-belge Jan Bemelmans, qui animait un stage hier encore au Mans.



Qui succèdera à Bénédicte Émond-Bon ?

Autre chantier, l’endurance. Dans ce sport très pourvoyeur de médailles pour elle, la France semblait tout à fait en mesure de prouver que les championnats d’Europe de Bruxelles, dont elle était rentrée bredouille, n’étaient qu’un accident de parcours. Cet été à Tryon, les Bleus faisaient clairement figures de favoris pour une médaille par équipes, tandis que Jean-Philippe Francès semblait promis au podium individuel avec l’incroyable Tarzibus. Hélas, la course a été neutralisée avant son terme, et l’endurance française a été privée des deux récompenses qui lui tendaient les bras… De cela, la FFE n’est nullement responsable. Elle se bat même avec d’autres fédérations européennes pour obtenir réparation du préjudice matériel subi du fait de l’inconséquence des organisateurs américains.

 

Cependant, elle n’a pas pu empêcher la récente démission de Bénédicte Émond-Bon. Sélectionneuse nationale des équipes Seniors et Jeunes en poste depuis 2010, cette courageuse femme de cheval ne se sentait plus en phase avec l’évolution globale de l’endurance et l’incurie de la Fédération équestre internationale à résoudre ses problèmes existentiels. Désormais, pour l’état-major de la FFE, qui conserve toute sa confiance en Sophie Dubourg, il s’agit donc de lui trouver un successeur. De nombreux cavaliers aimeraient voir nommé Jack Bégaud, ancien numéro un mondial, vétérinaire chevronné et doté d’un long carnet d’adresses, ayant notamment travaillé en étroite collaboration avec le cheikh Mohammed ben Rachid al-Maktoum – bien avant que tous les scandales n’éclatent aux Émirats arabes unis. Éleveur, entraîneur et propriétaire de chevaux, dont Tam Tam Tokay, partenaire de Nicolas Ballarin aux JEM, l’homme de soixante-huit ans sera-t-il l’heureux élu? Ou bien la FFE préférera-t-elle une personnalité plus jeune? Les championnats d’Europe n’étant pas qualificatifs pour un grand événement futur, le temps presse un peu moins qu’en jumping et en dressage.