En complet et dressage aussi, des stars manqueront à l’appel, mais l’argent n’y est pour rien!

Contrairement au saut d’obstacles, et heureusement d’ailleurs, presque tous les meilleurs cavaliers de complet et dressage qui le peuvent seront bien au rendez-vous des Jeux équestres mondiaux, qui débutent mardi prochain à Tryon aux États-Unis. En effet, si la moitié du top vingt des classements mondiaux de ces deux disciplines seront absents, c’est essentiellement le fait de blessures ou de choix de sélectionneurs nationaux.



Depuis mardi, on connaît les listes définitives des couples qui prendront part aux Jeux équestres mondiaux de Tryon en dressage, concours complet, reining et endurance. Et si l’on superpose celles deux premières disciplines citées avec les classements mondiaux concernés, on se rend compte que dix des vingt meilleurs cavaliers de complet et dix des vingt meilleurs couples de dressage de la planète ne seront pas en lice aux États-Unis. Pour autant, il n’y a lieu ni de céder à la panique, ni de crier au loup. Dans ces deux sports, il faut s’en réjouir, les enjeux financiers et sportifs ne se télescopent pas – ou en tout cas, pas au point de provoquer des défections telles qu’on peut en déplorer en saut d’obstacles.
 
Pour autant, en complet, où l’épreuve débutera le 13 septembre, on ne verra pas le numéro un mondial, le Britannique Oliver Townend, que sa Fédération a puni pour son comportement inapproprié vis-à-vis de ses chevaux lors du cross du CCI 4* de Badminton, qui lui avait d’ailleurs valu un avertissement du jury. Outre-Manche, le bien-être animal est une valeur non négociable. Cela n’empêchera pas la Grande-Bretagne, championne d’Europe en titre, de débarquer en Caroline du Nord avec le statut de grande favorite. Encore faut-il rappeler que, dans cette discipline, six des vingt meilleurs mondiaux, selon le dernier classement publié cette semaine, portent les couleurs de cette nation!
 
D’ailleurs, British Eventing a également choisi de se passer de Sarah Bullimore, Laura Collett et Izzy Taylor, qui pointent aux rangs quatre, six et quinze de ce classement, pour des raisons classiques. La première a essuyé deux récentes contre-performances de Rêve du Rouet, qui a refusé au cross du prestigieux CICO 3* d’Aix-la-Chapelle puis concédé huit points à l’hippique du CICO 3* du Pin-au-Haras. La deuxième s’est montrée bien plus convaincante avec Mr Bass, terminant deuxième du CCI 4* de Luhmühlen et troisième au Pin, mais elle n’a pas été retenue par Richard Waygood,
chef d’équipe, et Christopher Bartle, entraîneur national. Alors qu’elle devait prendre part le week-end passé au CCI 4* de Burghley, elle y a finalement renoncé, estimant que Mr Bass n’était pas à 100%. Ceci explique peut-être cela. Enfin, la troisième avait abandonné lors du CCI 4* de Badminton avec Perfect Stranger et essuyé pas moins de cinquante points de pénalité au cross du CIC 3* de Marnes-la-Coquette avec Call Me Maggie May, pourtant lauréate fin mai du CCI 3* de Tattersalls.
 


Michael Jung dans le creux de la vague

 
Du côté de la Nouvelle-Zélande, une star et un excellent cavalier manqueront à l’appel. Septième mondial et surtout ancien numéro un, Andrew Nicholson est fâché avec sa Fédération nationale depuis les JEM de 2014 et s’est officiellement retiré de la sélection. Et Clarke Johnston, dix-neuvième, a dû renoncer à Tryon en raison de la blessure tardive du génial Balmoral Sensation, sixième des Jeux olympiques de Rio et, cette année, septième du CIC 3* d’Arville et cinquième à Aix. En ce qui concerne l’Australie, on passera rapidement sur le cas d’Andrew Cooper, dixième du classement FEI, qui n’a jamais concouru que dans l’hémisphère sud.
 
Outre Townend et Nicholson, l’autre grande star qui a dû renoncer à Tryon n’est autre que Michael Jung, double champion olympique en titre, champion du monde en 2010 et médaillé d’argent en 2014. Cette saison, le génie allemand, ancien numéro un mondial, traverse une phase plus difficile avec une écurie en reconstruction et pas mal de chevaux blessés. Tandis que Fischer Takinou d’Hulm, double médaillé d’or des Européens de Blair en 2015, reprend à peine la compétition, et que l’incomparable Sam est presque à la retraite, l’actuel numéro quatorze mondial ne pouvait plus compter que sur Fischer Rocana FST... qui s’est légèrement blessée il y a quelques jours. Dommage pour le sport et le spectacle.
 
Enfin, dans l’équipe américaine, on ne verra à l’œuvre ni Bruce O. Davidson Jr., dix-septième, ni William Coleman, son plus proche poursuivant. Le premier n’a plus concouru avec Cooper Beach depuis sa dixième place au CCI 4* de Lexington, en raison d’une probable blessure du hongre, et ne s’est sûrement pas montré assez convaincant avec Carlevo, vingt-troisième à Aix et non partant au CICO 3* de Millstreet. Quant au second, il a été éliminé à Aix avec Obos O’Reilly, sa monture de tête.
 


Cathrine Dufour, la grande absente en dressage

 
En dressage, si dix des vingt premières paires du dernier classement mondial ne fouleront pas le rectangle du Tryon International Equestrian Center, c’est d’abord et surtout un affaire de mathématiques. En effet, huit d’entre elles concernent des cavaliers qui seront bien là, mais avec d’autres chevaux. Ainsi, l’insubmersible Isabell Werth, championne d’Europe et vice-championne olympique en titre, ne montera ni Weihegold, classée numéro un, ni Emilio 107, deuxième, ni Don Johnson FRH, huitième, mais la revenante Bella Rose 2, cinquante et unième, que l’Allemande avait dû retirer des JEM de Normandie après le Grand Prix. Une blessure qui l’aura tenue éloignée de la compétition pendant trois ans et demi...
 
Mêmes causes et mêmes conséquences pour trois autres vedettes du circuit. Ainsi, le Suédois Patrik Kittel, septième avec Deja et treizième avec Delaunay, a préféré miser sur Well Done de la Roche, seulement vingt-troisième. L’Allemande Jessica von Bredow-Werndl, onzième avec Unee BB et quatorzième avec Zaire-E, a finalement été sélectionnée avec TSF Dalera BB, «seulement» cinquante-troisième. Et la Suédoise Tinne Vilhelmson-Silfvén, dix-neuvième avec Paridon Magi, sera associée au revenant Don Auriello, de retour depuis fin juin après une convalescence de près de deux ans – on ne l’avait plus revu depuis les JO de Rio.
 
La seule véritable étoile qui manquera aux États-Unis est la Danoise Cathrine Dufour, quatrième du classement mondial avec Atterupgaard’s Cassidy, double médaillé de bronze des derniers Européens Longines de Göteborg. Hélas, le hongre de quinze ans s’est légèrement blessé voici quelques semaines, et sa cavalière ne dispose que de lui pour concourir au niveau Grand Prix. Ajoutons, pour être complet, qu’on ne devrait pas non plus voir évoluer Helen Langehanenberg, sixième avec Damsey FRH. Après plusieurs mois d’absence liée à un heureux événement, l’Allemande et son étalon de seize ans ont signé un excellent retour au CDIO 5* d’Aix, terminant notamment troisième du Grand Prix et deuxième du Spécial, mais le staff germanique a préféré la désigner réserviste.
 
À titre de comparaison, en 2014, seuls trois cavaliers du top vingt de complet manquaient à l’appel, l’Australienne Sonja Johnson, l’Américaine Marilyn Little et la Britannique Izzy Taylor. Ils seront donc dix cette année, mais il semble difficile, voire périlleux, d’en tirer des conclusions générales. En ce qui concerne le dressage, les Jeux de Normandie avaient dû déplorer les forfaits tardifs de l’Allemand Matthias Alexander Rath, qui montait alors l’extraterrestre Totilas, blessé, et de la Néerlandaise Danielle Heijkoop, dont le crack Siro s’était également blessé, tandis que les Allemandes Jessica von Bredow-Werndl et Ulla Salzgeber n’avaient pas été retenues par leur fédération avec Unee BB et Herzruf’s Erbe.
 
La liste des engagements définitifs en concours complet
La liste des engagements définitifs en dressage
La liste des engagements définitifs en endurance
La liste des engagements définitifs en reining