Le règlement concernant les traces de sang évolue en 2018

En 2017 comme par le passé, le règlement concernant les traces de sang a soulevé le débat dans les sports équestres, toutes disciplines confondues. Dès le début d’année, une modification du règlement devra être appliquée par les commissaires au paddock et les juges des compétitions internationales.



Scott Brash et Hello Forever en juillet 2017.

Scott Brash et Hello Forever en juillet 2017.

© Scoopdyga

La considération du bien-être animal grandissant, la Fédération équestre internationale a apporté quelques précisions concernant le règlement des traces de sang, sujet de controverse ces dernières années. En concours complet, dressage et saut d’obstacles, plusieurs cas ont suscité la polémique lors des quelques saisons écoulées, et on se souvient notamment du cas de Bertram Allen dans le Grand Prix de la ville de Londres, qu’il a remporté avec Quiet Easy en 2015. Épinglé pour une trace de sang retrouvée sur le flanc de son hongre par un steward de la Fédération équestre internationale en sortie de piste, le jeune irlandais avait aussitôt été disqualifié, ce qui avait entrainé une prise de position forte de plusieurs cavaliers internationaux.
Cette année encore, Scott Brash a lui aussi été disqualifié lors de la Global Champions League d’Estoril, en juillet. Après un sans-faute qui a mené son équipe à la victoire, lui et les Miami Glory ont finalement été disqualifiés pour du sang retrouvé au niveau des flancs de son cheval Hello Forever. À l’époque, l’entité régisseuse des sports équestres avait expliqué qu’une “disqualification suivant le règlement n’impliquait pas une intention de blesser le cheval, mais que la règle avait été édictée dans l’intérêt des chevaux concourant sur les évènements de la FEI”. Cette décision avait été vivement critiquée, notamment par le co-fondateur de la Global Champions League Jan Tops, qui a pris la défense du cavalier britannique. “Je sais à quel point Scott prend soin de ses chevaux et il se comporte très bien avec chacun d’entre eux, il ne mérite pas ça. C’est la règle, mais je pense que les choses doivent changer”, avait déclaré le chef d’équipe du Qatar. Coéquipière du pilote écossais dans la Global Champions League, Georgina Bloomberg avait également pris sa défense. “Je comprends que certains affirment qu’aucun cheval ne devrait avoir une trace de sang par la faute de son cavalier. Malheureusement, la réalité est que chaque Homme de cheval sait qu’une petite blessure ou marque sur la peau d’un cheval est parfois inévitable”.
 
La saison de compétition étant sur le point de reprendre de plus belle, la règle actualisée de la Fédération équestre internationale semble avoir pris en considération ces contestations, au moins en partie. En effet, chaque année l’entité apporte des modifications aux règlements des trois disciplines olympiques, et les règles pour le saut d’obstacles et le concours complet donneront à l’avenir davantage de pouvoir décisionnaire aux officiels présents sur le terrain, au moins concernant le sang retrouvé dans la bouche des chevaux.
Une approche moins automatique a en effet été mise en application dès le 1er janvier, et les modifications en gras ont été apportées au règlement de concours complet, tandis que les mots barrés ont été supprimés.
“526.4 Du sang retrouvé sur un cheval peut être une forme de maltraitance et doit être traité au cas par cas par le jury. Tous les cas ne mèneront pas à une élimination. Dans les cas de traces de sang légères retrouvées dans la bouche, comme lorsqu’un cheval se mord la langue ou la lèvre, ou d’une trace mineure sur un membre, le jury pourra, après étude et en consultation avec un vétérinaire, autoriser un athlète à poursuivre la compétition ou non.”


La disqualification cède la place à l’élimination

En saut d’obstacles, une trace de sang retrouvée sur le flanc d’un cheval ne se soldera plus par une disqualification immédiate, mais par une élimination, ce qui constitue une sanction un peu moins sévère. En effet, dans le premier cas le couple cavalier/cheval se verrait interdit de prendre le départ d’une autre épreuve pour toute la durée de la compétition, tandis que dans le deuxième le couple est éliminé pour l’épreuve en question. La disqualification peut par ailleurs être rétroactive. Le discernement des juges sera toutefois mis à rude épreuve puisque si une trace de sang entrainera l’élimination automatique, “l’utilisation excessive des éperons” conduira à l’élimination.
 
Plus de disqualification mais place également à l’élimination concernant le sang retrouvé dans la bouche, la seule nuance par rapport à la règle des flancs étant que la décision revient à l’appréciation du juge. “Dans les cas de traces de sang mineures retrouvées dans la bouche du cheval, comme en cas de morsure de la langue ou de la lèvre, les officiels peuvent donner l’autorisation de rincer ou d’essuyer la bouche et permettre à l’athlète de poursuivre, toute autre trace de sang se soldera par une élimination”.


En dressage, rien n’a changé par rapport à l’an passé et le règlement ne prévoit aucune discussion. Ainsi, la moindre trace de sang frais retrouvée dans la bouche d’un cheval ou sur ses flancs entrainera automatiquement son élimination. Le juge en C peut se réserver le droit d’arrêter le couple lors de sa reprise afin de vérifier la bouche du cheval. Si une trace de sang frais est trouvée, le duo est alors éliminé tandis que dans le cas contraire, il pourra continuer son test. S’il s’avère que le couple a été éliminé, un vétérinaire de la FEI pourra alors intervenir pour déterminer si oui ou non le cheval pourra prendre part à une autre épreuve sur le concours.