Claude Onesta investi d’une réflexion pour une France plus forte aux Jeux de Paris 2024

Claude Onesta, ancien entraîneur à succès de l’équipe de France de handball, a été chargé par Laura Flessel, ministre des Sports, de conduire une réflexion visant à améliorer la politique sportive de la France en matière de haut niveau. L’objectif affiché est ambitieux : obtenir deux fois plus de médailles aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 que lors de ceux de Rio 2016.



À l’occasion d’une conférence de presse organisée cet après-midi au ministère des Sports, Claude Onesta a reçu une fiche de mission particulièrement ambitieuse. D’ici trois mois, le double champion olympique, triple champion du monde et triple champion d’Europe à la tête de l’équipe de France de handball devra rendre une feuille de route à la nouvelle ministre, Laura Flessel, elle-même double championne olympique d’escrime. Entouré d’une poignée d’experts des "aventures olympiques", selon ses propres mots, il devra produire un rapport permettant de moderniser et d’améliorer la politique sportive de la France en matière de haut niveau.

Cette initiative est évidemment liée à l’attribution des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris. Dans cette optique, "afin de réussir pleinement ces Jeux", Laura Flessel a fixé pour objectif aux mouvements olympique et paralympique français de décrocher deux fois plus de médailles à Paris qu’en 2016 à Rio, soit quatre-vingts aux JO et soixante aux JP. "Il s’agit de transformer la performance en haute performance et de nous diriger vers l’excellence dans l’optique des Jeux de Paris 2024. Sept ans, c’est court. Nous ne voulons pas nous comporter en magiciens et produire des effets d’annonce. À travers la mission de Claude, nous voulons des préconisations réfléchies pour organiser les travaux de modernisation du modèle sportif français", a expliqué la ministre.

Le petit comité réuni par Claude Onesta, lequel a été mis à la disposition du ministère par la Fédération française de handball, devra se mettre au travail dès le 15 octobre et rendre ses préconisations dès janvier 2018. Suivra alors la probable mise en application d’un plan de réforme, après consultation de l’administration du ministère et des fédérations concernées.


"Nous n’avons pas le droit de voir arriver les Jeux sans rien faire"

Laura Flessel, Claude Onesta, mais aussi Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français, et Emmanuelle Assmann, présidente du Comité paralympique et sportif français, ont insisté sur leur volonté d’avancer main dans la main, préalable naturellement jugé indispensable à la réussite des athlètes tricolores lors de ces Jeux. Pour y parvenir, ce comité de réflexion, dont l’identité des membres sera prochainement dévoilée, s’attachera à auditionner un maximum d’acteurs du haut niveau, athlètes, entraîneurs et responsables fédéraux. "Nous allons d’abord écouter beaucoup de gens, réfléchir et essayer de ne pas produire un rapport de plus. L’objectif est de se préparer pour quelque chose que personne ne connaît vraiment en France puisque la dernière fois remonte à 1912 : vivre les JO à domicile. Il faut notamment habituer nos sportifs à ne pas subir la pression. Nous ne sommes pas là pour dire aux fédérations et entraîneurs qu’il faut tout changer, mais pour les réunir, les sortir de leur isolement et les amener à partager des informations qui permettront de créer une équipe de France forte et porteuse de nos valeurs et d’enthousiasme."

Quelle philosophie présidera? Mettre le paquet sur les disciplines déjà pourvoyeuses de médailles ou donner la chance à toutes les fédérations de pouvoir hisser leurs meilleurs éléments sur les podiums? Claude Onesta a botté en touche, estimant que cette question centrale serait justement l’une de celles à discuter au cours de cette phase de réflexion : "Nous étudierons ces deux cas de figure, et bien sûr ce qui se fait dans d’autres pays, mais nous n’allons pas commencer à copier un modèle qui a marché ailleurs. Les solutions sont en nous, dans la spécificité du sport français. Celui-ci n’a pas à rougir de ce qu’il est, mais nous n’avons pas le droit de voir arriver les Jeux sans rien faire. Il faut réévaluer notre organisation et notre modèle sportif. Les Jeux, c’est une affaire d’expertise", ajoute-t-il.

S’il est peu probable qu’un expert des sports équestres ne fasse partie de ce comité restreint, espérons que des cavaliers, entraîneurs et cadres de la Fédération française d’équitation pourront être auditionnés et apporter leur pierre à cet édifice, d’autant que le saut d’obstacles et le concours complet, crédités de deux médailles d’or et d’une en argent à Rio, de même que le dressage et le para-dressage comportent de nombreuses singularités par rapport aux autres disciplines inscrites au programme des Jeux. À court et moyen terme se posera aussi la question des moyens. L’an prochain, dans le cadre des efforts réclamés à l’ensemble des ministères par le Président Emmanuel Macron et le Premier Ministre Édouard Philippe, le budget alloué à celui de Laura Flessel pourrait baisser de 70 millions d’euros. "C’est un fait, il faudra faire mieux, beaucoup mieux même, avec beaucoup moins… enfin un peu moins", conclut l’ancienne épéiste, fidèle à la philosophie empreinte de management entrepreneurial qu’a fait sienne le nouveau Gouvernement.