Kamel Boudra entre gratitude, tristesse et espoir

Ce matin, les équipes d’Equidia ont été informées par leur directeur, Laurent Eichinger, de la fin de Equidia Life, la seule chaîne de télévision francophone dédiée au cheval et aux sports équestres. Figure emblématique de l’antenne lancée en septembre 2011, Kamel Boudra se dit partagé entre trois sentiments : sa gratitude envers le Paris Mutuel Urbain (PMU), propriétaire de la chaîne, sa tristesse de voir cette belle aventure s’achever et sa volonté de mettre tous les grands acteurs de la filière équine autour d’une table pour ne pas refermer définitivement cette fenêtre médiatique ouverte à l’équitation.



GrandPrix-replay.com : Quel est votre sentiment après cette annonce intervenue ce matin?
Kamel Boudra : C’est une énorme perte pour la filière. J’espérais une autre issue que celle-ci, et à un large soutien qui n’est jamais venu.
Trois sentiments précis me traversent. Tout d’abord, je remercie sincèrement le PMU (propriétaire d’Equidia, ndlr), c’est-à-dire la filière des courses hippiques, qui s’est engagé pendant plus de dix ans, bien avant le lancement d’Equidia Life, à retransmettre de grandes compétitions de sports équestres. Aujourd’hui, le PMU et les sociétés de course sont confrontés à une crise et à une nouvelle concurrence internationale. Ils ont choisi de relever ce défi en se recentrant sur les courses et en se désengageant des sports équestres, ce qui est compréhensible dans ce contexte. De plus, le découragement des actionnaires n’est pas que financier. Equidia manque aussi de soutien de la part des acteurs de la filière du cheval sport. Dès lors, ils n’ont pas compris pourquoi ils devraient continuer à investir dans le vide.
Naturellement, je suis aussi envahi de tristesse car cela fait maintenant treize ans que je travaille dans ce milieu. À mon humble niveau, sur Equidia et ailleurs, notamment sur RTL, j’ai essayé d’être un ambassadeur du cheval et des sports équestres. Je n’ai pas ménagé mes efforts, comme tous ceux qui ont fait vivre cette antenne. Je repense aux Jeux équestres mondiaux de Normandie et aux Jeux olympiques. J’ai vécu tant de grands moments et tant de belles médailles avec des millions de personnes. Comment se priver de la joie que nous avons partagée l’année dernière lors des Jeux olympiques avec ces trois médailles? Equidia a boosté ce sport et la culture du cheval.
Mon troisième sentiment est un espoir et une volonté de tout faire pour trouver une solution avec ceux qui ont un intérêt à ce qu’il y ait toujours du cheval et du sport à la télé. Je suis sûr qu’une issue positive est possible à condition que tous les principaux acteurs de la filière se réunissent.
 
GPR. : Existe-t-il vraiment un modèle économique pérenne pour une chaîne du cheval en France?
K.B. : Oui, j’en suis persuadé. La chaîne Golf Plus en est la preuve. Mais pour réussir et attirer des investisseurs, un tel projet doit bénéficier du soutien de toutes les parties prenantes de notre filière, et que celles-ci soit prêtes à établir de vrais partenariats. Il ne faut pas que chacun avance dans son coin avec ses propres projets, sinon personne ne sera capable d’amortir les investissements nécessaires et de proposer des contenus de qualité. Je pense qu’il est possible de faire aussi bien, voire mieux qu’Equidia. Si nous voulons pouvoir vivre les prochains Jeux olympiques en direct et en intégralité, et ne pas se contenter de quelques minutes d’antenne, c’est la seule solution viable.
 
GPR. : D’ici son extinction, le 31 décembre 2017, Equidia Life retransmettra-t-elle les grandes compétitions au calendrier? Et par la suite, Equidia Live reprendra-t-elle en partie le flambeau?
K.B. : L’annonce officielle de l’arrêt de la chaîne est intervenue ce midi. Pour ce qui est des événements de fin d’année, je ne sais pas, ce n’est pas encore décidé. À partir du 1er janvier 2018, en revanche, il est acté qu’il n’y aura plus de sports équestres sur Equidia. Encore une fois, le PMU et les sociétés de course ont un autre combat à mener, qui va mobiliser toute leur énergie. Equidia, c’est terminé pour moi, mais je ne veux pas regarder en arrière. Je vais me battre, dans notre intérêt à tous.
 
Lire également ici la réaction de Pascal Boutreau, rédacteur en chef adjoint et autre figure majeure d’Equidia Life.