''L'équitation doit être une filière de l'excellence française'', Nicolas Dupont-Aignan

À neuf jours de l'élection présidentielle, et une semaine après les premières auditions de différents candidats face à la filière équine, Grand Prix vous soumet cette semaine quatre interviews de candidats afin de mieux en saisir les programmes. Aujourd'hui, la parole revient à Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout La France.



GrandPrix-Replay : Si vous êtes élu, quelle position défendrez-vous pour les activités équines devant la Commission Européenne ? Demanderez-vous un retour au taux réduit pour ces activités ? Quelle stratégie de négociation entendez-vous adopter au niveau européen ?
Nicolas Dupont-Aignan :
Il est inacceptable que les activités équestres françaises ne bénéficient pas de la PAC alors que c'est le cas dans les autres pays ! Les pays de l'Union doivent avoir les mêmes règles du jeu, cela concerne aussi la TVA qui diffère selon les Etats. L'équitation est une discipline importante, c'est la troisième fédération sportive nationale et elle touche toutes les catégories socio- professionnelles. L’augmentation de la TVA a non seulement pénalisé les pratiquants les plus modestes mais elle a aussi affaibli les activités équestres. Le secteur a perdu beaucoup d'emplois lors du passage à ce taux : une perte de près de 6000 emplois directs et indirects a été chiffrée. Nous ne pouvons pas accepter le déclin d'une filière d’excellence et j’exigerai la baisse de la TVA afin de la redynamiser. La France doit pouvoir déterminer librement ses taux de TVA. Pour soutenir la filière, je propose donc la diminution de la TVA sur les opérations concernant les équidés (de 20% à 5,5% comme c'était le cas avant le 1er janvier 2015), le rétablissement de la prime aux naisseurs supprimée en 2009, sans oublier la création d’un fonds commun pour payer les opérations d'équarrissage qui sera financé par les mouvements de changement de propriétaire réalisés au cours de la vie du cheval.

GPR : Si vous êtes élu, aménagerez-vous cette réforme afin que les rythmes scolaires soient moins pénalisants pour la pratique de l’équitation comme de bien d’autres sports ? Et si oui, de quelle manière ?
N.D.A. :
Lors du Salon du cheval, au mois de décembre, j'ai rencontré de nombreux gérants de centres équestres et tous m'ont fait part d'une baisse moyenne de leur chiffre d'affaires (entre 20 et 40%). Ce problème ne concerne pas seulement l'équitation, de nombreux clubs sportifs sont dans le même cas. Cette situation nuit à l'apprentissage des enfants et créé de nombreuses inégalités territoriales. Je me suis opposé à la réforme des rythmes scolaires que je veux abroger. Nous devons mieux associer l’école au monde associatif, en particulier les centres équestres.

GPR : Si vous êtes élu, mettrez-vous en œuvre une promotion de l’équitation ? Et si oui, par quel(s) biais ?
N.D.A. :
L'équitation doit être une filière de l'excellence française. Nous disposons d’une formidable opportunité : valoriser notre expertise dans des pays comme la Chine, qui découvrent l'équitation. Notre savoir-faire rayonne sur l’ensemble de l'équitation mondiale, nous devons soutenir nos grands cavaliers qui serviront de modèles aux jeunes.  Concernant la pratique de l'équitation en France, je souligne le fait que les pratiquants ont la chance de disposer de 2 chaînes dédiées à la télévision. Ce n'est pas le cas de tous les sports... En outre, le contact avec l'animal a de formidables vertus éducatives, notamment pour les enfants. Nous devons soutenir les institutions ; telles que le cadre Noir de Saumur ou la garde Républicaine.
Dans ma ville à Yerres en Essonne, j'ai créé une police montée et j'ai remarqué que le cheval est à la fois un facilitateur de contact entre la police et la population, mais aussi un animal suffisamment impressionnant pour que les fauteurs de trouble soient découragés plus facilement.


GPR : Si vous êtes élu, quelles seront les actions mises en œuvre pour aider cette filière des courses hippiques à se relancer et assurer sa pérennité ?
N.D.A. :
A partir du moment où le marché est libéralisé, toutes les entreprises concurrentes doivent elles aussi pouvoir contribuer au fonds Eperon.

GPR : Si vous êtes élu, enjoindrez-vous le ministère de l’Agriculture d’accompagner davantage les éleveurs de chevaux de sport français, y compris financièrement si nécessaire ? Par ailleurs, encouragerez-vous les initiatives prises par les acteurs de la filière pour valoriser davantage leur production à l’étranger ?
N.D.A. :
La suppression de la prime à l’éleveur a été une erreur, tout comme le fait de devoir faire payer l'équarrissage. Nous proposons donc une contribution minime (10-15€) pour les acheteurs, lorsqu'ils obtiennent la carte de propriétaire, de manière à rétablir ces primes. L'acheteur doit prendre en compte le travail de l'éleveur. Je regrette que trop de propriétaires fassent reproduire leurs juments sans aucune notion d'élevage. Donner naissance à un poulain est une responsabilité. Nous devons mieux encadrer la reproduction afin de ne pas avoir un surplus d'équidés. De trop nombreux particuliers se trouvent dépassés et dans certains cas, on arrive hélas à des situations de maltraitance. Encadrer l'élevage, par des formations obligatoires, permettrait de sensibiliser les cavaliers souhaitant faire reproduire leur animal. Enfin, la filière du cheval Français de Selle est fortement concurrencée par celle des chevaux de l'Est tels que les KWPN. Il faut remédier à cela et organiser l'export du savoir-faire français mais également des chevaux de sport de haut niveau.

GPR : :Si vous êtes élu, envisagerez-vous la suppression de l’IFCE, ou bien sa réorientation ? Et dans ce second cas, quels seront les axes visant à le rendre plus efficient et davantage au service de la filière ?
N.D.A. :
Les haras nationaux se sont reconvertis au marché privé, mais avec des moyens plus importants. Le privé ne se bat pas à armes égales. Fidèles à l’exigence de service public, il faut réinventer un autre rapport au privé plutôt que de le concurrencer, en développant par exemple un véritable support-conseil pour l'export du savoir-faire français.

GPR : Si vous êtes élu, les acteurs de la filière pourront-ils espérer un choc de simplification quant aux normes les concernant ?
N.D.A. :
Nous devons appliquer les mêmes normes à toutes les structures. Elles doivent être progressives en fonction de la taille de la structure. Les acteurs de la filière devraient pouvoir compter sur des organismes tels que l'IFCE ou la SHF pour être véritablement accompagnés dans leur quotidien.

GPR : Quelle est votre vision de l'univers du cheval ? Quelles relations nourrissez-vous avec le cheval et l’équitation ? Y êtes-vous impliqué, ou l’avez-vous été, d’une manière ou d’une autre ?
N.D.A. :
Je me suis pleinement engagé pour la protection du cheval, notamment sa reconnaissance en tant qu’animal de compagnie, je suis l’auteur d’une proposition de loi interdisant la consommation de viande de cheval. "Le cheval ne nous appartient pas, la seule chose que nous possédons, c'est le devoir de nous en occuper correctement" dit un proverbe indien. Je partage pleinement cette philosophie et je constate, comme de nombreux Français, le travail admirable et désintéressé que réalisent les associations de protection animale. C’est pourquoi je propose la modernisation des abattoirs, et la systématisation de l'interdiction à vie de posséder un cheval pour ceux qui abandonnent leur animal.