''L'élevage français est une fierté nationale'', Benoit Hamon

À treize jours de l'élection présidentielle, et une semaine après les premières auditions de différents candidats face à la filière équine, Grand Prix vous soumet cette semaine quatre interviews de candidats afin de mieux en saisir les programmes. Aujourd'hui, la parole revient à Benoit Hamon, candidat du Parti Socialiste et de la Belle Alliance populaire.



GrandPrix-Replay : Si vous êtes élu, quelle position défendrez-vous pour les activités équines devant la Commission Européenne ? Demanderez-vous un retour au taux réduit pour ces activités ? Quelle stratégie de négociation entendez-vous adopter au niveau européen ?
Benoit Hamon :
Tout d’abord, je partage l’idée que l'enseignement de l'équitation en France représente une exception européenne. Ce loisir sportif s'y est fortement démocratisé tout au long de ces dernières années et ce développement est évidemment en lien avec le fait que la France avait su lui donner le statut spécifique qu’il méritait du fait de sa particularité, prenant en compte l’utilisation d’un animal, en l’occurrence le cheval. Il est encore aujourd’hui le troisième sport français en nombre de licenciés, avec les résultats sportifs que chacun connait.
Mais l’augmentation du taux de TVA en 2014 a eu des conséquences particulièrement négatives notamment pour les centres équestres, obligés de répercuter cette augmentation dans leurs tarifs. C’est donc sa démocratisation qui est en péril. J’engagerai avec d’autres pays européens favorables (Irlande, Allemagne, Pays Bas mais aussi Autriche, Italie ou République Tchèque) un dialogue constructif pour pouvoir former une forte coalition et demander le retour à un taux réduit de TVA.

GPR : Si vous êtes élu, aménagerez-vous la réforme des rythmes scolaires, qui ont beaucoup pénalisé la pratique de l’équitation ? Et si oui, de quelle manière ? Envisagerez-vous de favoriser l’intégration d’une approche de l’équitation dans le cadre scolaire ?
B.H. :
Je partage l’ambition de la réforme des rythmes scolaires. Si elle a été difficile pour les communes, et nécessite une adaptation pour les enseignants comme pour les parents, elle est bonne pour les enfants. Bénéfique car on apprend mieux avec cinq matinées qu’avec quatre. Bénéfique car jamais autant d’enfants en France ont eu accès à des activités périscolaires, des activités sportives, culturelles, artistiques qui permettent l’éveil et l’épanouissement. Aujourd’hui, il s’agit de renforcer cette dynamique et d’accompagner les communes populaires, les outre mers et les communes rurales pour qu’elles aussi puissent développer une offre de qualité des temps d’activité périscolaires comme on le voit dans les communes plus aisées. Il ne faut pas laisser s’établir des inégalités entre les communes qui ont le plus de moyens et les autres. Il faut organiser la montée en gamme, la qualité des temps d’activité périscolaires et veiller à rendre ces activités accessibles aux enfants en situation de handicap. Les activités périscolaires, sportives et culturelles participent pleinement à l’épanouissement de l’enfant et de l’adolescent, développent les intelligences multiples, s’insèrent dans le parcours éducatif, nourrissent l’ouverture culturelle et font partie intégrante du parcours de santé.
J'augmenterai de 25% sur le quinquennat le budget de l'Etat consacré à l'accompagnement des communes dans la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires et du développement des activités périscolaires. Tous les territoires doivent pouvoir tirer les mêmes bénéfices pour les élèves de ce temps pédagogique essentiel. La pratique de l'équitation, comme l'ensemble des activités sportives, doit donc pouvoir bénéficier de cette réforme des rythmes scolaires.

GPR : Si vous êtes élu, mettrez-vous en œuvre une promotion de l’équitation ? Et si oui, par quel(s) biais ?
B.H. :
L’équitation est l'un des sports favoris des jeunes Français. Le rapport au cheval en est évidemment la raison première. Mais il est vrai que le coût de sa pratique reste onéreux pour beaucoup de familles. Le retour à un taux de TVA réduit n’en prend que plus d’importance. Le renforcement de la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires, notamment dans les communes rurales, populaires et en Outre-Mer et à destination des enfants en difficulté (handicap, décrochage scolaire) permettra une montée en puissance de l’équitation comme activité scolaire, et par voie de conséquence, d’augmenter le nombre de pratiquants en dehors de l’école.


"L'élevage français est une fierté nationale"

GPR : Si vous êtes élu, enjoindrez-vous le ministère de l’Agriculture d’accompagner davantage les éleveurs de chevaux de sport français, y compris financièrement si nécessaire ? Par ailleurs, encouragerez-vous les initiatives prises par les acteurs de la filière pour valoriser davantage leur production à l’étranger ?
B.H. :
L’élevage français en général, et équin en particulier, est une fierté nationale. En aucun cas je n’accepterai que la France se transforme en pays d’importation alors que nous comptons sur notre territoire parmi les meilleurs élevages mondiaux. Il convient au plus vite d’inverser la tendance en subventionnant – dans l’attente d’une révision de la directive TVA – notre filière d’élevage et également de promouvoir notre savoir-faire à l’étranger. Cela pourrait passer par un renforcement du soutien à l’exportation et à la mise en œuvre d’un large plan de communication.

GPR : Si vous êtes élu, envisagerez-vous la suppression de l’IFCE, qui avait été préconisée par la cour des comptes européennes, ou bien sa réorientation ? Et dans ce second cas, quels seront les axes visant à le rendre plus efficient et davantage au service de la filière ?
B.H. :
Le fonctionnement de l’IFCE, il est vrai de création récente, n’est sans doute pas optimal. Si la filière a beaucoup évolué au cours des dernières décennies, un organisme de ce type m’apparait néanmoins indispensable pour couvrir l’ensemble de ses activités. Il faut que nous établissions une vision stratégique globale de la filière équine. Je proposerai ainsi d’accompagner la démocratisation évidente de ce sport par une réforme profonde de la gouvernance de l’IFCE, et je pense notamment à la représentation des usagers.

GPR : Si vous êtes élu, les acteurs de la filière pourront-ils espérer un choc de simplification quant aux normes les concernant, notamment à propos de l'hébergement ou de la restauration ?
B.H. :
Il est vrai que les activités équestres de par leur aspect protéiforme peuvent revêtir un caractère complexe. Il reviendra au Ministère de l’Agriculture et au Ministère des sports, d’identifier dans chaque nouvelle norme, qu’elle soit règlementaire, législative ou européenne, ce qui impacte ou peu potentiellement impacter les activités équestres et de le communiquer de façon claire et précise aux différentes instances du secteur. Cela permettra de conserver une vision d’ensemble et de répondre de façon coordonnée aux différentes problématiques qui pourraient être soulevées suite à l’adoption d’une nouvelle norme.

GPR : Quelle est votre vision de l'univers de l'équitation ? Quelles relations nourrissez-vous avec le cheval et l’équitation ? Y êtes-vous impliqué, ou l’avez-vous été, d’une manière ou d’une autre ?
B.H. :
Vous l’avez dit, l’équitation est le troisième sport pratiqué en France. Nous sommes donc loin de l’image d’Epinal accolée au monde du cheval. Je suis partisan d’une plus grande démocratisation de la pratique de l’équitation et c’est pourquoi je plaide pour la baisse des tarifs au travers d’un taux de TVA à taux réduit, comme pour un renforcement de la réforme des rythmes scolaires afin de lutter contre les inégalités entre les territoires.
Le cheval a été tour à tour un outil, une arme, un consommable mais il a surtout toujours été un compagnon de l’Homme. C’est dans cette veine que je me place.