La filière du cheval auditionne quatre candidats à la présidentielle

Devant plusieurs centaines de spectateurs, ce matin à l’hippodrome de Saint-Cloud, quatre candidats à l’élection présidentielle se sont exprimés sur les questions concernant l’avenir de la filière équine, à l’invitation des institutions représentatives du monde du cheval. De cet exercice plutôt convenu, on retiendra les applaudissements plus ou moins chaleureux à l’égard de Nicolas Dupont-Aignan, Édouard Ferrand, lieutenant FN de Marine Le Pen, et Jean Arthuis, lieutenant UDI d’Emmanuel Macron, et surtout la standing-ovation réservée à François Fillon.
 



François Fillon accueilli en rock star


Ex-Premier ministre mais aussi ex-président de la société de courses de Sablé-sur-Sarthe, son ancien fief électoral sarthois, François Fillon, candidat de droite en grande difficulté dans la campagne présidentielle, a sans nul doute été la star de la rencontre avec la filière du cheval qui s’est tenue ce matin à l’hippodrome de Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine. Programmé à 12h en troisième intervenant de cette manifestation organisée par les sociétés-mères du monde des courses et de l’élevage de chevaux de sport, ainsi que par la Fédération française d’équitation, le député de Paris a reçu deux standing ovations, à son arrivée et à son départ. On a même entendu monter des « Fillon, président ! » de la part de quelques fans installés dans le grand hall où s’étaient massés plusieurs centaines de spectateurs et de nombreux journalistes. «Quel accueil! C’est sans doute parce que je suis un peu l’un des vôtres», s’est-il félicité. Rarement à la fête depuis le début de l’année 2017, l’élu mis en examen dans une affaire d’emplois fictifs présumés ne regrettera pas d’avoir honoré cette invitation.

S’il s’en est tenu à une vingtaine de minutes de discours, dix pour un exposé clair et concis et dix autres pour se positionner sur des questions plus spécifiques, François Fillon semble avoir répondu aux attentes d’une assemblée visiblement dominée par des acteurs du monde des courses. Outre des rappels d’ordre général sur l’importance de la filière et sur son programme, mettant l’accent sur les baisses de cotisations sociales qu’il entend offrir aux entreprises, il s’est évidemment exprimé sur la question majeure de la TVA appliquée aux activités équines. Sans surprise, il entend revenir à des taux réduits. «Je veux convaincre la Commission européenne d’accepter ce taux réduit. Ce travail ne doit pas seulement concerner les activités liées au cheval, mais aboutir à ce que la Commission renonce à vouloir imposer les mêmes règles à tout le monde.» L’ancien sénateur s’est également engagé à abroger la réforme des rythmes scolaires, laquelle a eu des conséquences négatives sur l’activité des centres équestres.
 


« Marine Le Pen reviendra bien à des taux de TVA réduits »

 
Deux heures plus tôt, Édouard Ferrand a ouvert les hostilités. Sortie de l’Union Européenne, renationalisation de la Politique agricole commune, retour aux taux réduits de TVA et aux anciens rythmes scolaires, etc. Le député européen Front national représentant la grande circonscription du Sud-Ouest a essentiellement repris les arguments développés par Marine Le Pen dans le numéro d’avril du magazine Grand Prix (actuellement en kiosques et en vente ici) dans le cadre d’un dossier spécial consacré à cette élection présidentielle. Avant de quitter le pupitre, il ne s’est pas privé d’un tacle à l’endroit de ses adversaires politiques. «Ni François Fillon, Premier ministre pendant cinq ans, ni Emmanuel Macron, ministre de l’économie de François Hollande, ni Jean Arthuis, ancien ministre des Finances d’un gouvernement de droite, et représentant aujourd’hui le même Macron, n’ont agi pour vous. Je peux vous assurer que Marine Le Pen reviendra bien à des taux de TVA réduits à 5,5% et 10% comme autrefois pour vos activités», a-t-il promis.

Au cours d’un exposé moins tranchant mais peut-être plus réaliste face à la complexité des enjeux, Jean Arthuis s’est évertué à défendre les orientations mesurées et la philosophie assez libérale d’Emmanuel Macron, le candidat d’En Marche qu’il a rallié dès octobre dernier. Ancien ministre de l’Économie et des finances, ancien sénateur et ancien président du conseil général de Mayenne, l’actuel président UDI de la commission des budgets du Parlement européen s’est également dit favorable à un retour à des taux réduits de TVA. Pour autant, il s’est montré plus prudent quant à l’issue de la renégociation de la directive européenne prévue au troisième trimestre de cette année. «Revenir à un taux global de 10% me semblerait approprié», évoque-t-il. À l’échelle nationale, le Mayennais milite pour la création d’un poste de délégué interministériel « cheval », «pas trop éloigné du Premier ministre», afin de coordonner l’action des différents ministères (Finances, Agriculture, Jeunesse et Sports et Défense) en rapport plus ou moins direct avec la filière. Concernant les rythmes scolaires, En Marche entend laisser chaque commune décider de manière autonome de l’emploi du temps de ses enfants, en collaboration avec l’ensemble des acteurs locaux des sports et loisirs.
 


«Quitte à vous faire plaisir, autant le faire complètement!», N. Dupont-Aignan


Dernier homme auditionné ce midi, Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France, a eu l’honnêteté d’avouer qu’il n’était pas omniscient et donc pas capable de répondre de manière définitive à toutes les problématiques de la filière. Comme Marine Le Pen, lui aussi avait répondu aux questions posées par Grand Prix. Le député maire de Yerres, dans l’Essonne, prône un retour à un taux de TVA de 5,5% pour toutes les activités équines. «Quitte à vous faire plaisir, autant le faire complètement!», a-t-il osé, avant de se reprendre : «J’entends encourager la production et le maintien de l’emploi en France par tous les moyens fiscaux possibles. Vos activités n’étant pas délocalisables, je ne vous accorderai pas ce taux réduit pour vous faire un cadeau, mais parce que c’est une bonne affaire pour la France!» Aussi catégorique que Marine Le Pen et François Fillon quant à la réforme des rythmes scolaires conduite en 2013 par Vincent Peillon, le parlementaire francilien estime qu’on «a emmerdé des millions de Français et dépensé des centaines de millions d’euros pour rien…» Il a conclu en rappelant son attachement au bien-être animal, qu’il estime insuffisamment protégé en France.

À noter que Benoît Hamon, candidat socialiste de la Belle alliance populaire, et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), celui de la France insoumise, n’ont pas participé à cette manifestation. Néanmoins, l’un et l’autre se sont exprimés dans les colonnes de Grand Prix. D’ailleurs, le site internet de Grand Prix publiera très prochainement leurs réponses in extenso, de même que celles de Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, ainsi que les discours prononcés aujourd’hui par François Fillon et Jean Arthuis.

Du côté des représentants de la filière, assis parmi les premiers rangs, il y avait notamment Dominique de Bellaigue, président du Cheval Français, société-mère du trot, Édouard de Rothschild, président de France Galop, Emmanuel Feltesse et Frédéric Bouix, vice-président et délégué général de la Fédération française d’équitation, Yves Chauvin, président de la Société hippique française, ou encore Pascal Cadiou, président du Stud-Book Selle Français. On a aussi reconnu quelques personnalités du monde du sport, dont Déborah Smaga, propriétaire de Quartz Rouge et gérante d’un poney-club à Rambouillet.