Les JO se disputeront par équipes de trois à partir de 2020

Même si les nouveaux formats des compétitions olympiques devront encore être soumis au vote lors de la prochaine assemblée générale de la Fédération équestre internationale (FEI), en novembre prochain à Tokyo, puis présentés au Comité international olympique (CIO), il ne fait plus guère de doute que les Jeux olympiques de 2020 se disputeront par équipes de trois couples dans les trois disciplines concernées : saut d’obstacles, dressage et concours complet. Sauf peut-être dans cette dernière discipline, les équipes ne pourront plus effacer leur plus mauvais score. C’est l’information majeure de la seconde journée du Forum des sports de la FEI, qui s’est achevé ce soir à Lausanne.



À partir de 2020, voire dès 2018, les grands championnats et les Coupes des nations se courront à trois par pays. Les passionnés de sports équestres ainsi que les cavaliers, propriétaires, chefs d’équipes et directeurs techniques nationaux devront s’y faire et s’y préparer. Ainsi, les Jeux olympiques de Rio seront sûrement les derniers disputés par des équipes nationales de quatre couples en saut d’obstacles, concours complet et dressage. "Compte tenu de ce que nous avons entendu aujourd’hui, il me semble clair que nous allons avancer dans cette direction, même si nous devons encore soumettre toutes les propositions au vote de notre assemblée générale, puis les proposer au CIO pour validation", a déclaré ce soir Ingmar de Vos, président de la Fédération équestre internationale. Si cette formule, présentée l’an passé au Forum des sports, a déjà été en vigueur au cours de l’histoire olympique, et encore très récemment en dressage, elle était loin, très loin, de faire l’unanimité en saut et en complet où les aléas sont plus nombreux et les résultats plus incertains.
Ce matin à Lausanne, la refonte des formats des compétitions olympiques, et par ricochets de celles des Jeux mondiaux, championnats continentaux et concours dits officiels (CSIO, CICO, CCIO et CDIO), était donc à nouveau au programme de l’édition 2016 de ce Forum des sports. On s’attendait à un combat âpre entre les grandes nations équestres et les clubs de cavaliers d’un côté du ring et le reste du monde de l’autre. Ce bras de fer n’a finalement pas eu lieu. Même si l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont de nouveau rappelé leur ferme opposition aux projets défendus par John Madden, Giuseppe della Chiesa et Franck Kemperman, les présidents des comités de jumping, complet et dressage de la FEI, le front conservateur qui s’était dégagé l’an passé a volé en éclats. En effet, la Grande-Bretagne soutient désormais ces évolutions, tout comme le Danemark, la Suède et quelques autres grands pays.
Il faut dire qu’au milieu de la séance matinale, Ingmar de Vos a levé le frein le plus crucial à l’application de ces nouveaux formats, celui de la protection du bien-être des chevaux, en déclarant à l’assemblée avoir obtenu l’assurance du CIO que le couple remplaçant de chaque équipe pourrait entrer en jeu, y compris en cours de compétition, pour des raisons médicales ou vétérinaires, voire tactique, à la discrétion des chefs d’équipes.


« L’impression d’être venus pour rien », Sophie Dubourg et Philippe Guerdat

Les uns après les autres, tous les plus hauts responsables de la FEI ont insisté sur la nécessité de donner à plus de nations l’opportunité de participer aux JO, mais aussi de rendre les compétitions plus lisibles et plus attrayantes pour le grand public, les diffuseurs et la presse généraliste, tout cela pour satisfaire aux exigences de l’agenda 2020 du CIO… et ne pas disparaître du programme des JO. Ils ont reçu un concert de satisfécits parfaitement orchestré provenant de nations émergentes telles que le Venezuela, la Biélorussie, l’Arabie saoudite ou Singapour…
Représentée par Sophie Dubourg, directrice technique nationale, Michel Asseray, son adjoint chargé du complet, Quentin Simonet, conseiller technique national assistant chargé de mission pour les JO, et Philippe Guerdat, sélectionneur national de saut d’obstacles, la France a préféré ne pas s’exprimer. Après la séance, Sophie Dubourg et Philippe Guerdat ont fait part d’une certaine amertume quant à la forme de ces échanges, aucune des contre-propositions formulées par les grandes nations n’ayant été présentée, ni aucune réelle inflexion retenue par les comités. "Notre fédération est celle qui a formulé le plus de retours par écrit aux propositions des comités. Aujourd’hui, nous avons l’impression d’être venus pour rien et que les décisions étaient déjà prises. Pour des raisons politiques, certaines nations ont déjà considéré pour acquise la réduction des équipes à trois cavaliers. C’est regrettable. À l’avenir, avec une place en moins, motiver nos cavaliers et propriétaires et leur demander de se concentrer prioritairement sur l’objectif olympique ne sera pas évident…", regrettent-ils. Au cours de l’après-midi, ils se sont associés au baroud d’honneur du Club international des cavaliers de saut, dont la directrice, Eleonora Ottaviani, a rappelé l’opposition de 98 % des membres interrogés. Ils ont proposé de maintenir les équipes de quatre, mais d’inviter moins d’équipes et plus d’individuels, ce qui aboutirait à voir participer autant de nouvelles nations. C’est hélas peine perdue.
À travers cette vaste réforme, incluant également la séparation totale des épreuves individuelles et par équipes en saut et en dressage (la RLM serait disputée avant le Grand Prix Spécial et la finale individuelle de saut avant celle des équipes), la FEI parie sur l’avenir, estimant que cette plus grande ouverture aux nations émergentes permettra de faire grandir les sports équestres partout dans le monde, avec l’appui des gouvernements et de nouveaux sponsors. Si les Jeux de Rio devaient se disputer par équipes de trois, il n’est pas du tout certain que vingt nations pourraient aligner des équipes compétitives en jumping. En concours complet, combien sur les quinze envisagées parviendraient à qualifier trois couples, puis surtout à boucler les trois tests d’un CCI 3-4*? Faudra-t-il abaisser les standards de qualification, voire la hauteur et la technicité des parcours de cross et de concours hippique? Ingmar de Vos promet que l’excellence sportive primera toujours sur tout autre considération. L’équation ne sera vraiment pas simple à résoudre…