’’Je ne ferme pas la porte à mes projets au sein de la FEI’’, Pierre Durand

Champion olympique en 1988 à Séoul, puis président de la FFE, président de l’INSEP, et candidat battu à la présidence de la Fédération équestre internationale, en décembre dernier, Pierre Durand se lance en politique dans sa région natale, l’Aquitaine, appelée à devenir l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Numéro deux sur la liste de la Droite et des Centres en Gironde, l’ancien cavalier garde néanmoins dans un coin de la tête le projet de représenter la France au sein de la FEI.



Grand-Prix Replay?: Qu’est-ce qui a motivé votre engagement dans cette campagne régionale??
Pierre Durand?:
Cette action n’a pas été engagée de ma propre initiative, j’ai été sollicité fin août par Virginie Calmels (ancienne dirigeante au sein de Canal+ et Endemol, et désormais première adjointe au maire de Bordeaux, Alain Juppé, dont elle pilote la campagne présidentielle, ndlr) pour figurer sur sa liste. Après un temps de réflexion, je me suis lancé à ses côtés. Je me reconnais dans la personnalité de Virginie Calmels. C’était dans la continuité de mon engagement politique orienté vers l’intérêt général. Ma seule condition était de pouvoir être utile. J’ai été très surpris qu’elle m'inscrive juste à côté d’elle sur sa liste.

GPR?: La future Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes compte parmi les régions importantes dans le monde du cheval. Si vous êtes élu, porterez-vous des projets pour le développement de la filière équine ? Quel rôle voulez-vous jouer dans votre région ?
P.D.?:
Je n’ai pas de projet bien défini pour le moment. Le premier défi sera d’assurer au mieux le déroulement de la fusion entre l’Aquitaine, le Poitou-Charentes et le Limousin. La région sera gigantesque, elle aura quasiment la superficie de l’Autriche. De mon côté, si je suis attaché au sport, je commencerai par recenser tous les équipements sportifs de la région pour en assurer au mieux la gestion. Bien sûr, si certains dossiers concernent la filière équine, je les étudierai avec beaucoup d’intérêt. 
 
GPR?: Le Jumping de Bordeaux qui fait partie des étapes historiques de la Coupe de monde. Pour l’heure, même si certains en rêvent, elle n’a encore jamais accueilli la finale. Est-ce un projet que vous soutiendrez ?
P.D.?:
Encore faudrait-il qu’il y ait vraiment un projet. Il me semble que Paris est davantage pressentie pour accueillir cet événement. Bien sûr, si jamais un projet pouvant faire rayonner la région au niveau national et international est envisagé, je l’étudierai avec une attention toute particulière. Cependant, il ne faut pas oublier que les organisateurs ne peuvent pas attendre tout des collectivités. La région ne pourra pas tout financer.


’’?La FEI n’a vraiment pas été à la hauteur dans l’affaire Steve Guerdat’’

GPR?: Dans l’entretien que vous avez accordé cet hiver à GP International, vous évoquiez votre volonté d’intégrer la FEI en briguant éventuellement la présidence du Groupe 1 rassemblant les fédérations d’Europe de l’Ouest et du Sud. Cela est-il compatible avec ce nouvel engagement ?
P.D.?:
La Fédération française souhaitait en effet avoir un candidat pour représenter la France. J’ai demandé à y réfléchir. Dans un premier temps, je voulais savoir si cette candidature avait une chance d’aboutir. Aujourd’hui, cela ne semble pas aller dans ce sens. Je pense qu’il y a un gros travail à accomplir, qui prendra certainement plusieurs années, pour que la France soit représentée à sa juste valeur au sein de la FEI, c’est-à-dire en tant que très grande nation des sports équestres. Si l’élection régionale me sourit, je n’aurais sans doute pas suffisamment de temps à accorder à la FEI. Cependant, c’est un projet auquel je ne ferme pas la porte.

GPR?: Que pensez-vous de la politique menée par Ingmar de Vos, le nouveau président de la FEI ?
P. D.?:
Pour être honnête, je n’ai pas suivi dans le détail la politique menée par la FEI ces derniers mois. J’ai noté que des décisions prises très rapidement me semblent aller dans le bon sens. Je pense notamment à l’endurance. C’était très courageux d’exclure les Émirats arabes unis des compétitions, et à la fois absolument nécessaire pour éviter les dérives de cette discipline. Ce qui doit primer sur tout, c’est la santé des chevaux. Ensuite, je suis tout à fait d’accord avec l’action menée contre le Global Champions Tour qui souhaite créer un circuit avec un système d’équipes privées. C’est un circuit qui prendrait beaucoup trop de place face aux concours mettant en valeur les sélections nationales qui sont, à mon avis, primordiales dans ce sport.
 
GPR?: Que reste-t-il selon vous à améliorer??
P.D.?:
Si j’avais été élu à la tête de la FEI, je n’aurais pas du tout géré de la même manière l’affaire Steve Guerdat. D’une manière générale, je ne suis pas en faveur des suspensions provisoires. Cela mène à des situations complétement ubuesques dans lesquelles le cheval est suspendu, et non le cavalier, comme si le cheval était responsable de son propre dopage?! Ensuite, je trouve que l’affaire a été très mal gérée. Il y a eu un manque énorme de confidentialité qui a mené à une cacophonie médiatique très préjudiciable à l’image de Steve Guerdat. Je trouve que la FEI n’a vraiment pas été à la hauteur dans cette affaire.
Je regrette également que les réflexions au sujet du bien-être des chevaux n’aboutissent pas suffisamment vite. La fédération suisse a fait un premier pas dans cette direction en interdisant les rênes allemandes en concours. Je ne suis pas sûr que ce soit très justifié, mais au moins, cela va dans le bon sens. Pour protéger au mieux les chevaux, j’avais proposé dans mon programme de limiter le nombre de concours par an et par mois. Ce genre de limitation me paraît nécessaire pour endiguer la tentation du dopage et éviter la sur-sollicitation des chevaux liée à la tyrannie du classement mondial.