'TERMINER AVEC UN RÉSULTAT POSITIF EST GÉNIAL MAIS J?AI PRESQUE UNE FRUSTRATION', FABIEN GROBON



Du 23 août au 7 septembre 2014, la Normandie a accueilli, pour la première fois en France, la septième édition des Jeux équestres mondiaux. Une quinzaine internationale rythmée par huit championnats du monde et vingt-huit podiums pour mettre en valeur l’excellence équestre des soixante-quatorze nations participantes. Six mois après les Jeux, l’heure du bilan a sonné. Si les points négatifs ont quelque peu été éludés, le bénéfice entre 1 et 1,5 million d’euros après impôts est l’argument majeur des organisateurs pour s’assurer de la réussite de l’événement.

 

 

Les Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie ont établi des records, tant pour le nombre de spectateurs, de bénévoles que pour les athlètes et chevaux. L’édition la plus médiatisée de l’histoire des Jeux a rapproché le public des disciplines équestres et a laissé aux compétiteurs le souvenir d'une belle ambiance. À la genèse de ce projet, Laurent Beauvais, président du comité d’organisation, s’était alors fixé trois objectifs majeurs. 'Le premier était d’offrir du sport de très haut niveau. Ensuite, nous souhaitions mobiliser un public du plus grand nombre. Le troisième point concernait le territoire. Nous avions le défi de proposer des Jeux qui n’étaient pas sur un seul site et cela correspondait à notre désir de valorisation du territoire dans l’Orne, dans le Calvados et dans la Manche.'

 

 

Contrat rempli. 'Je pense que nous avons réussi à atteindre nos objectifs. D’abord, les retours des professionnels de la filière, de la Fédération internationale et des cavaliers, ont été très positifs. Ensuite, il y a eu cinq cent soixante-quinze mille visiteurs durant ces quinze jours ce qui nous laisse penser que cet événement a été une réussite. Les retours médias ont également été positifs et ont montré que ces Jeux ont été portés en terme de communication. Enfin, nous avons un résultat financier positif (entre 1 et 1, 5 millions d’euros) ce qui est très important. Cela permet de faire perdurer l’élan des Jeux. Les quinze millions d’euros investis par la région doivent avoir leur portée dans le temps et nous avons de grands projets pour développer la Normandie dans les quinze ans qui viennent au niveau de la filière équine', détaille celui qui est également président de la région Basse-Normandie. Si, actuellement, certaines infrastructures réalisées pour l’événement, telle que la carrière située aux pieds du château du Haras du Pin, n’ont pas encore d’utilité, le comité organisateur a assuré que des projets étaient actuellement en réflexion.

 

 

Grâce à ces Jeux équestres mondiaux, il y a eu cent deux millions d’euros de valeur ajoutée pour la Normandie. Il s’agit là de l’évaluation des effets directs, indirects et induits de l’événement grâce aux publics venus spécifiquement en Normandie pour l’événement. Cette étude d’impact a été réalisée par des enseignants chercheurs IFCE-INRA, en considérant les effets économiques, sociaux et environnementaux. Les deux mille trois-cents questionnaires ont concerné autant les spectateurs que les officiels, athlètes, employés, bénévoles ou encore les habitants normands. 'Il s’agit d’un excellent ratio entre budget de l’événement (soixante-dix-neuf millions d’euros) et retombées économiques. Nous sommes au-delà de la seule compensation des dépenses, et notamment de l’argent public apporté (quarante-deux millions d’euros et quatre millions d’euros pour le projet territorial). Le Comité d’organisation s’est appuyé sur des équipements existants pour ne pas alourdir le budget, tout en réalisant des investissements qui servent la filière comme au Haras du Pin', souligne Céline Vial, chercheur IFCE-INRA.

 

 

Les personnes interrogées monétisent également la portée sociale de l’événement à près de quarante-cinq millions d’euros, valeur reflétant la satisfaction des spectateurs et des habitants locaux : plaisir, notoriété, attractivité, bénéfices pour la filière, et les spectateurs de l’événement attribuent une note de satisfaction de 7,8 sur 10 à l’édition Normandie 2014. La Fédération équestre internationale, de son côté, évalue l’impact économique de l’édition Normandie 2014 à trois cent soixante-huit millions d’euros pour la France, valeur en nette progression par rapport à l’édition 2010.

 

 

Des enseignements pour l'avenir

 

 

De son côté, Fabien Grobon, directeur général du comité d’organisation, porteur du projet depuis désormais cinq ans aurait aimé changer quelques aspects de ces Jeux mondiaux : 'Terminer avec un résultat positif est génial mais j’ai presque une frustration parce qu’avec quelques centaines de milliers d’euros nous aurions pu régler quelques problèmes que nous avons eu. Dans le feu de l’action, il était impossible de savoir qu’il nous resterait de l’argent ! Ce qui est plus important c’est la mobilisation du territoire et l’impact de ces Jeux sur la région. Nous avons écrit un rapport pour la FEI, mais également pour les autres entités souhaitant organiser à l’avenir un événement sportif afin d’en tirer des enseignements. Je pense que notre point faible a été de ne pas réussir à nous structurer en interne pour donner plus de poids au grand public. Nous n’avons pas réussi à offrir une réelle expérience extra sportive. Notre retour client n’est donc pas optimisé. Le public a été impacté.'

 

 

Ce rapport a notamment permis à Ingmar de Vos, président de la Fédération équestre internationale depuis quelques mois, secrétaire générale durant les Jeux équestres mondiaux, de déceler quelques points d’amélioration nécessaire. Si la question d’une suppression de la finale à quatre en saut d’obstacles se pose depuis quelques années, de nouvelles problématiques ont alors émergées. 'Cette compétition nous a appris que la FEI doit désormais limiter le nombre d’athlètes présents. Nous devons aussi regarder ce que nous pouvons faire pour rendre le format de compétition plus attractif pour les spectateurs. J’ai été particulièrement ému par la voltige lorsque j’ai vu la manière dont le comité d’organisation a crée une ambiance au Zénith. J’ai directement dit à mes services que c’était dans cette direction qu’il fallait aller pour le développement de cette discipline.'

 

 

Le nouveau président a également tenu a féliciter les acteurs de ces Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie : 'Nous avons vécu de grands moments d’excellence sportive. Cet événement d’envergure a attiré un nombre record d’athlètes, de nations et de spectateurs, autant dans les stades que devant les écrans de télévision, les téléphones et les tablettes. Je voudrais remercier très sincèrement le Président Beauvais, Fabien Grobon ainsi que tout le Comité d’organisation pour l’excellence du travail accompli. Au moment où nos yeux se tournent vers le Canada et la prochaine édition des Jeux équestres mondiaux, le moment est venu de dire au revoir et surtout merci la Normandie et merci la France.' Ce bilan positif, tant au niveau financier qu’humain, laisse entrevoir à la Normandie l’espoir d’accueillir les sports équestres durant les Jeux olympiques de 2024, si la candidature de Paris est retenue.

 

 

 

À Caen, Marie de Pellegars-Malhortie (avec communiqué)