'L?enjeu est de développer notre sport, de le rendre plus beau et plus compréhensible', Ingmar de Vos



Tout juste élu président de la FEI à Bakou en Azerbaïdjan, Ingmar de Vos a de grandes ambitions pour l’instance qu’il connaît particulièrement bien pour avoir occupé le poste de secrétaire général aux côtés de la Princesse Haya de Jordanie depuis plusieurs années. Par ce choix, les fédérations nationales ont choisi la continuité et on ainsi élu le Belge de quatre-vingt-dix-huit voix contre vingt-et-un pour le Français Pierre Durand, et six pour le Suisse Pierre Genecand et le Britannique John McEwen. Lors d’une conférence de presse organisée à la suite de l’élection, le nouveau président s’est exprimé sur les responsabilités inhérentes à son rôle.

GrandPrix-replay.com : Vous venez d’être élu à la présidence de la FEI, quels sont vos objectifs ?

Ingmar de Vos : J’ai déjà eu de nombreuses opportunités pour informer la communauté de mes plans. Je vais établir un programme précis pour avancer au mieux. Bien sûr nous souhaitons conserver le momentum instauré par la Princesse Haya et respecter tout ce qu’elle nous a légué. Elle a fait un travail fantastique pour cette organisation et elle a permis une transition d’une organisation purement sportive à une organisation qui couvre bien plus que le seul sport. La Princesse Haya nous a mis sur la voie de la modernisation de la FEI en portant un plus grand intérêt à la médiatisation afin de mettre en avant notre sport et nous devons préserver tout cela. Bien sûr cela ne signifie pas que nous allons seulement continuer cette action, mais nous allons avoir de nombreux nouveaux challenges qui émergent à travers la compétition qui existe avec les autres sports et les autres disciplines. Désormais il existe de très nombreux sports qui se battent tous jour après jour pour attirer l’attention des médias, pour être populaire et être pratiqué. Je pense que ce sera notre principal challenge, tenter de toucher le plus de personnes possible. L’enjeu est de développer notre sport, de le rendre plus beau et plus compréhensible pour le grand public. Je suis vraiment content des retours que nous avons déjà eus et de la position actuelle de la FEI. Une part importante du travail a déjà été réalisé mais nous devons continuer à faire de l’équitation un sport plus global.

GP-R. : Pourquoi vous être finalement porté candidat alors qu’au début vous ne sembliez pas intéressé par cette responsabilité ?

I.V. : Je dois dire que je n’ai jamais vraiment souhaité être élu parce que, jusqu’à la fin, j’ai espéré que la Princesse Haya se présenterait pour un troisième mandat ! Les fédérations nationales ont fait énormément de travail pour tenter d’arriver à cela en convoquant par exemple une assemblée générale exceptionnelle afin de changer les statuts. J’ai été déçu lorsque je me suis finalement rendu compte que cela n’aurait pas lieu. À ce moment j’ai été énormément sollicité par les fédérations nationales pour que je pose ma candidature. J’ai pensé au fait que, en fonction de la personne qui serait élue, je ne pourrais peut-être pas rester secrétaire général et continuer à faire avancer la FEI sur le chemin qu’a instauré la Princesse Haya. C’est vraiment cette raison qui m’a poussé à me présenter. Je ne voulais pas décevoir les fédérations internationales qui me soutiennent. La demande était vraiment sincère et venait du cœur.

GP-R : Durant votre campagne vous avez dit que si vous étiez élu vous aimeriez changer le statut du président afin d’obtenir une rémunération, qu’en est-il de cette idée ?

I.V. : Premièrement la question de la rémunération n’était pas du tout une des conditions de ma candidature. C’est important de le préciser car je pense qu’il y a eu des mésententes à ce sujet. Dans un second temps, les sports équestres se sont professionnalisés et lorsque je vois ce que cela demande comme investissement d’être président je crois que si nous souhaitons attirer des personnes au niveau de nos ambitions il doit y avoir une possibilité de rémunération. De ce fait, davantage de personnes pourront être attirées par cette responsabilité qui ne sera plus réservée à la partie très supérieure des classes sociales. Jacques Rogge, ancien président du Comité international olympique, a estimé, une fois qu’il avait quitté le CIO, que son successeur devrait être payé et que cela lui permettrait de s’investir à temps complet pour cette cause. Je pense qu’il en va de même pour la FEI. Nous allons regarder cela avec le Bureau mais pour l’instant ce n’est vraiment pas l’urgence. Si l’assemblée générale venait à refuser cette mesure, cela ne changerait absolument rien pour moi.

GP-R : Vous étiez déjà au cœur de la FEI avec votre poste de secrétaire général mais qu’est ce qui va changer pour vous maintenant que vous êtes président ?

I.V. : Je réalisais mon travail en collaboration très proche avec la Princesse Haya donc je ne pense pas qu’il y aura de véritable changement dans mon quotidien. Je sais quelles sont les obligations et quel est le rôle d’un président, je sais également quelles sont les responsabilités d’un secrétaire général, poste que j’aimerai d’ailleurs confier à Sabrina Zeender en intérim jusqu’à la prochaine Assemblée Générale car elle a énormément d’expérience et que nous travaillons ensemble depuis de nombreuses années.

GP-R : Dans les mois précédents, John McEwen, votre concurrent, avait pris en charge l’endurance, désormais que vous êtes président, allez-vous récupérer cette responsabilité ?

I .V. : Je voudrais vraiment clarifier le fait qu’un président n’est pas responsable d’une discipline en particulier. Je n’ai pas de conflit d’intérêt avec quelque discipline qui soit donc les personnes compétentes selon les statuts se chargeront de cela. La Princesse Haya était investie en endurance à travers notamment son mari mais ce n’est pas mon cas.

GP-R : Vous avez choisi de nommer le Sheikh Al Kalifa comme vice-président, cela ne vous gêne pas d’avoir dans votre équipe une personne venant d’un des pays causant le plus de problèmes en endurance ?

I .V. : J’ai été clair à l’assemblée générale et depuis le début avec la composition de mon équipe. Sheikh Khalifa est un homme très respecté qui est membre du comité exécutif de la FEI depuis désormais quatre ans. Nous travaillons très bien ensemble et je pense qu’il est la bonne personne pour aider au développement et à la modernisation de notre sport.

Marie de Pellegars-Malhortie