'ÊTRE SÉLECTIONNEUR N?EST PAS DE TOUT REPOS', BÉNÉDICTE ÉMOND-BON



Les Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 en Normandie approchent à grands pas. Les cavaliers d’endurance pressentis pour représenter la France ont rendez-vous à Lignières dans le Cher, du 1er au 3 août pour un dernier stage de préparation. À l’issue de celui-ci, Bénédicte Émond-Bon communiquera les noms des cinq couples qui prendront le départ des championnats du monde d’endurance à Sartilly dans la baie du Mont-Saint-Michel. Dans un entretien accordé à GrandPrix-replay.com, la sélectionneuse de l’équipe de France revient sur la santé de l’endurance nationale, son travail de sélection et sur les chances de briller lors des JEM de sa future équipe.

GrandPrix-replay.com : La vente de très bons chevaux d’endurance français à l’étranger à quelques mois des JEM a suscité une polémique. N’est-elle pas un handicap pour les cavaliers tricolores?

Bénédicte Émond-Bon : Ce n’est pas un problème pour l’endurance française. Je n’ai pas de souci par rapport aux ventes contrairement à ce qu’on a pu lire ailleurs. L’élevage français est très en vogue. Chaque semaine depuis six mois, environ douze chevaux français passent par la Fédération équestre internationale pour changer de nationalité. C’est vraiment très bien. Les gens vendent leurs chevaux à des prix très élevés, ils ont raison. C’est souvent le seul moyen pour eux de gagner leur vie. En France, l’endurance dispose toujours d’un réservoir de chevaux et de cavaliers très compétitifs. Certains des cavaliers qui ont vendu leurs chevaux de tête sont présélectionnés avec de jeunes chevaux, certes moins fiables, mais ils tout de même très satisfaisants. J’attends la fin du dernier stage de préparation avant de me prononcer à leur sujet. Et puis les ventes de chevaux d’expérience permettent aussi à des cavaliers évoluant hors du milieu commercial d’être mis en lumière. J’ai de très bons couples, sérieux et motivés.

GPR. : Comment se passe pour vous le processus de sélection ?

B. E.-B. : C’est difficile. Un sélectionneur fait des heureux et des malheureux. Je n’aime pas devoir faire de la peine à des cavaliers qui ont longuement travaillé, mais je suis obligée de faire des choix. L’aventure débute avec douze couples et se termine à cinq. J’essaie d’évaluer chacun en fonction de critères précis et connus de tous dès le départ pour être la plus impartiale possible. Être sélectionneur n’est pas de tout repos!

GPR. : Aviez-vous déjà des couples en vue avant le début des sélections ?

B. E.-B. : Non. J’ai d’abord étudié la locomotion des chevaux. Chez ceux qui s’en sont bien sortis à ce niveau-là, je me suis intéressée à d’autres critères comme la récupération cardiaque. Ce qui importe le plus est l’intégrité des chevaux. En second lieu, je m’intéresse aux cavaliers. Je me demande s’ils montent bien, s’ils sont capables de tirer le meilleur de leurs montures, s’ils sont sociables et à même de porter les couleurs de l’équipe de France dans de bonnes conditions. Je fais ensuite mes choix. Les JEM insufflent beaucoup de pression, personne n’a le droit à l’erreur, mais il ne faut pas pour autant que le mental des troupes en soit perturbé.

GPR. : D’où vient cette pression ?

B. E.-B. : La pression ne vient pas du groupe. Elle vient de l’extérieur. Du coup, elle difficilement contrôlable. Les JEM sont un événement énorme, surtout pour la France qui l’organise. Je pense qu’il faut gérer cela calmement pour pouvoir y faire face. L’endurance est une discipline confidentielle du côté des médias, mais tous les gens du milieu s’agitent. Lors des championnats d’Europe qui se sont déroulés à Florac, en Lozère, en 2011, il y avait un monde fou. C’était du jamais vu. Cela ajoute forcément une pression supplémentaire. Je dois garder mes couples présélectionnés en dehors de tout ça, les mettre sous cloche.

GPR. : Selon vous, que peut-on attendre de l’équipe de France lors de ces JEM ?

B. E.-B. : Je suis convaincue que l’équipe de France d’endurance a de bonnes chances de briller lors d’une course aussi difficile que celle des JEM. Bien évidemment, on ne peut jamais savoir à l’avance ce qui se passera et quel sera l’état du terrain. Plusieurs parties de la course traverseront des propriétés privées dont on ne connaît pas la nature des sols.

GPR. : Ces derniers mois, de sombres histoires ont entaché le monde de l’endurance, comme la mort d’une jument lors du CEIO 3* de Compiègne en mai dernier. Êtes-vous sereine quant au déroulement des JEM ?

B. E.-B. : Je pense que les organisateurs feront tout pour que les mondiaux se déroulent sans encombre et dans un véritable esprit sportif.

Propos recueillis par Pierre Jambou

La rédaction de Grand Prix adresse ses plus sincères condoléances à Bénédicte qui vient hélas de perdre sa maman.