« JE SAVAIS QUE CE SERAIT LONG », AYMERIC DE PONNAT



Près de cinq ans après sa dernière apparition en "veste bleue", [Aymeric de Ponnat] signe à Falsterbo son grand retour en équipe de France de saut d'obstacles. En 2007, le Normand n'avait certes pu éviter la relégation des Tricolores en Promotional League mais il avait marqué les esprits en remportant avec la géniale Jubilée d'Ouilly le Grand Prix d'Hickstead, son tout premier CSIO, avant d'enchaîner les étapes de Dublin et de Barcelone. Un bonheur de trop courte durée puisqu'en plein hiver, les propriétaires avaient brusquement décidé de lui retirer la jument qu'il avait formée et façonnée, pour la confier à Pénélope Leprévost, sous la responsabilité de Michel Robert. Ce coup dur, auquel a succédé une collaboration au goût d'inachevé avec le Haras de Lillebec, a conduit de Ponnat à se remettre en question et à reconstruire son écurie sur des bases plus solides et grâce au soutien de sponsors qui l'accompagnent à la fois dans l'organisation de concours et dans l'achat de chevaux. Depuis l'acquisition en août 2010 d'[Armitages Boy], un étalon Oldenburger de dix ans, il est à nouveau porté par la vague du succès. Patient dans la construction de ce crack, il enchaîne les sans-faute et les places d'honneur en Grand Prix : victoire dans le CSI 2* de Villepinte en décembre, quatrième place au  CSI 3* de La Boissière-Ecole en mai puis cinquième et quatrième aux CSI 4* de Bourg-en-Bresse et Fontainebleau en juin. Ce week-end, il franchit un nouveau palier en retrouvant le plus haut niveau mondial et sa veste bleue.


GrandPrix-replay.com : Qu'est-ce qui vous a selon vous rouvert les portes de l'équipe de France ?
Aymeric de Ponnat : Je faisais partie des sélectionnables depuis un moment. Normalement, après La Baule, j'aurais dû aller à Copenhague, en Promotional League, mais avec ces histoires de grippe équine, tout a été annulé... C'est le lendemain du Grand Prix de l'Eté du Grand Parquet, où une pichenette sur le 1 en seconde manche me coûte la victoire (ndlr : revenue à Roger-Yves Bost sur Nippon d'Elle) que la sélection pour Falsterbo m'a été confirmée. Armitages est au top de sa forme. Quand je l'ai acheté, il avait très peu tourné. Il avait le talent mais besoin de travail de dressage sur le plat. Je le monte d'ailleurs avec un filet simple. Je lui ai bâti un programme très progressif sans courir après le classement mondial, en le faisant sauter sur de très belles pistes. Depuis Arezzo, il s'est classé quasiment dans toutes les épreuves, notamment dans les Grands Prix en deux manches. Aujourd'hui, il est prêt.

 
GrandPrix-replay.com : N'auriez-vous pas préféré revenir d'abord en Promotional League, bien que l'étape de Falsterbo soit généralement considérée comme l'une des moins difficiles de la Top League ?
Aymeric de Ponnat : Il y a cinq ans, oui, mais là, non. J'ai déjà connu tout ça, les victoires, les échecs. La première fois, on entre en piste rempli d'inconnues, en se demandant à quel type de Grand Prix on peut comparer une coupe. Là, ça ne m'inquiète pas. C'était l'objectif de la saison, nous y sommes. Maintenant il faut y aller !

 

GrandPrix-replay.com : En laissant filer Jubilée d'Ouilly fin 2007, pensiez-vous mettre autant de temps à revenir au plus haut niveau ?
Aymeric de Ponnat : Je savais que ce serait long. Les chevaux de ce statut-là sont très rares. J'ai été très patient. Dans tout ça, j'ai eu la chance de pouvoir m'appuyer sur mes sponsors qui m'ont donné ma chance, notamment quand j'ai vu pour la première fois Armitages, dans une épreuve à 1,25 m au Mans, même si j'ai aussi participé à son achat (15 %).

 

GrandPrix-replay.com : Quels sont vos objectifs à moyen et long termes ?
Aymeric de Ponnat : Bosty remplaçant Patrice Delaveau dans l’équipe de France aux JO, j’ai aussi été sélectionné pour Hickstead la semaine prochaine. Ensuite, Armitages se reposera. En fonction de ses performances, je demanderai peut-être Dublin, en août. Ensuite, pourquoi pas les championnats de France, que je n’ai encore jamais gagnés, s’ils peuvent rentrer dans son programme. Ses qualités lui permettent d’aller partout mais il ne peut pas sauter toute la saison extérieure et tous les concours indoor, d’autant qu’il est aussi très demandé à la monte. Il sautera donc quelques beaux concours en début d’hiver avant de faire la monte pour la première fois au Haras des M, dans l’Orne. La saison prochaine, l’objectif sera de participer aux championnats d’Europe.

 

Propos recueillis par Sébastien Roullier.