VALYRA OU UN SEPTIEME DIANE EN VERT



Dimanche, sous un soleil retrouvé à Chantilly et devant une foule dense saupoudrée d'élégance, la 169ème édition du Prix de Diane Longines (groupe I - 2.100 mètres femelles de trois ans - un million d'euros) - l'une des plus vieilles épreuves du galop français, créée en 1843 - a souri aux couleurs vert et rouge de S.A. l'Aga Khan portées par Valyra (Azamour et Valima) qui a dominé la favorite Beauty Parlour (Deep Impact) et Rjwa (Muhtathir) montrant en l'occasion de la vitesse et de la classe.



Septième pouliche portant la casaque princière victorieusement, Valrya n'était pas engagée initialement dans cette grande course classique - la plus richement dotée au monde pour les pouliches de trois ans - et son entourage avait dû procéder à sa supplémentation (engagement de rattrapage) au tarif de 55.000 euros le jeudi précédant l'épreuve. Valyra, qui était invaincue en deux tentatives, avait très bien travaillé à l'entraînement sous la surveillance de son mentor le Palois Jean-Claude Rouget et la facilité de son dernier succès avait convaincu son écurie. Pourtant elle n'était pas favorite dimanche, cet honneur revenant à Beauty Parlour (Deep Impact et Bastet) invaincue, elle aussi, qui avait dominé la Poule d'Essai des pouliches (Groupe I) sur 1.600 mètres à Longchamp laissant ce jour-là une formidable impression. Valyra qui a été montée avec patience par l'Irlandais John Patrick Murtagh possède sûrement plus de tenue que sa rivale Beauty Parlour. Cette dernière est cependant une pouliche de très grande qualité et on peut estimer avoir assisté à une véritable course de haut niveau même si le temps de 2'10"11 pour parcourir les 2.100 mètres n'est pas un record. En effet les deux premières se sont livrées une belle empoignade et ont creusé un trou, laissant leur plus dangereuse rivale Rjwa à trois longueurs, elle-même suivie à quatre longueurs par Forces of Darkness. Le fait qu'elles aient "perdu en route" des pouliches ayant déjà brillé dans des courses de groupe démontre bien qu'elles sortent de l'ordinaire.



Les classiques de Chantilly sont maintenant courus et vient le temps des comparaisons puis des suppositions. Ne reculons pas : il nous semble que cette année, les pouliches de la génération classique sont nettement supérieures aux mâles et ce n'est pas faire injure à Saônois, le vainqueur voilà quinze jours d'un Prix du Jockey-Club, course de stock cars que de l'avancer. Pensons maintenant au futur des pouliches : il ne nous étonnerait pas autrement de retrouver Valyra à l'automne dans le Prix de l'Arc de Triomphe car son père Azamour, gagnant de quatre courses de groupe I de deux à quatre ans outre Manche, a triomphé sur 2.400 mètres dans l'Arc anglais (les King George and Queen Elizabeth Stakes d'Ascot), sa mère étant issue de Linamix, un facteur de tenue également. Quant à Beauty Parlour, elle n'abandonnera sûrement pas le plus haut niveau après cette honorable défaite et on pourrait la retrouver à Deauville soit dans le Prix Guillaume d'Ornano (groupe II - 2.000 mètres) soit dans le Prix Jacques Le Marois (groupe I - 1.600 mètres) avant de rebondir vers les grandes courses classiques de Longchamp en octobre.



Jean-Noël Gontier