« LE CONCOURS EST NOTRE ADRÉNALINE », MARC DILASSER
Depuis sa victoire dans la Coupe des nations de Calgary en septembre dernier, [Marc Dilasser] a fréquenté les étapes françaises de la Coupe du monde de saut d’obstacles à Lyon puis Bordeaux avec son fidèle [Obiwan de Piliere]. En pleine reprise de la saison, de belles perspectives d’évolution se présentent à ce cavalier qui ne se repose pas sur ses lauriers.
Grand Prix Replay : Comment s’est passé votre préparation hivernale ?
Marc Dilasser : Nous avons eu un stage par mois avec Barnabas Mandi et Henk Nooren au Pôle international du cheval de Deauville. Je voulais laisser une bonne pause à Obiwan après son année de neuf ans ; après Calgary, nous avons fait trois concours : le championnat de France, le CSI3* de Caen et la Coupe du monde de Lyon, fin octobre, pour terminer la saison. Il est resté trois mois sans concours dont quatre semaines sans sauter et a effectué des entraînements lors des stages ou à la maison. Il a repris à Marcq-en-Baroeul lors du CSI2* de janvier où il termine troisième du Grand Prix, puis a couru l’étape Coupe du monde de Bordeaux.
Grand Prix Replay : Comment s'est passé le concours d’Auvers ?
Marc Dilasser : Auvers était un week-end un peu chargé puisque j’avais huit chevaux, des nouveaux que j’ai récupérés pendant l’hiver et d’autres à remettre en route. Mistinguete termine deux fois deuxième sur les grosses épreuves ; j’avais également une jument très compétitive l’an dernier qui appartient à Monsieur et Madame Cage, Olrose Source, qui est cinquième, troisième puis gagnante. J’avais également deux sept ans, dont Regan Kervec qui appartient à Michel Deroy de l’élevage de l’Angenardière et qui a fait de très bons parcours.
Grand Prix Replay : Vous avez aussi effectué votre rentrée à Strazeele...
Marc Dilasser : Obiwan n’avait pas sauté en piste depuis Bordeaux et était très frais, nous finissons deuxièmes du Grand Prix. Je suis vraiment content de trouver mon cheval dans cet état de forme et d’envie en ce début de saison. Regan Kervec est sans-faute dans le Grand Prix des sept ans. J’ai également remis en route Nikel de Presle qui n’avait pas sauté depuis la fin de saison. J’avais aussi un nouveau sept ans, Rackham’jo, fils de Diamant de Semilly, né chez Madame Mestrallet au Haras de la Morsanglière, qui terminait champion des cinq ans. Sa mère est la sœur de Rebozo La Silla, quatrième aux Jeux équestres mondiaux de Lexington avec Rodrigo Pessoa. C’est une très bonne recrue en laquelle je crois beaucoup.
Grand Prix Replay : Vous emmenez six chevaux tous âgés de six ans sur les Cycles classiques de Deauville la semaine prochaine. Pourquoi ?
Marc Dilasser : Pour les Jeunes Chevaux, j’ai fait différemment cette année. Je n’ai que des chevaux de six ans, ce qui me permet de travailler mes chevaux d’âge le matin comme les épreuves ont lieu l’après-midi, mais aussi de concentrer mes déplacements en concours la semaine. J’ai un très bon lot de six ans, le frère utérin d’Ideo du Thot qui s’appelle Sunshine du Thot, un fils de Quite Easy qui était vice-champion à trois ans. Il est un peu tardif car il a beaucoup sailli à quatre ans et pris un peu de retard dans sa formation mais je crois beaucoup en lui aussi.
Grand Prix Replay : Ces chevaux forment-ils votre relève ?
Marc Dilasser : Tous les chevaux ne m’appartiennent pas, ils appartiennent à des propriétaires qui ont des objectifs différents : pour certains c’est la commercialisation, pour d’autres l’étalonnage, ou enfin le sport. C’est pourquoi je ne voulais pas complètement abandonner les Jeunes Chevaux car aujourd’hui j’ai des chevaux pour faire du bon niveau, mais ils ne sont pas éternels et il faut continuer à penser à la relève. Entre mon lot de six, sept et huit ans, j’ai vraiment de bons chevaux. Par exemple Qamaieu de Montsec, un huit ans qui était quatrième du critérium à six ans, troisième du championnat à sept ans et qui appartient également à Michel Deroy. Je fonde de bons espoirs en lui.
Grand Prix Replay : Comment se profile votre saison ?
Marc Dilasser : La saison va être assez chargée, mais pour moi il est plus facile de gérer l’excédent que le manque. Grâce à Obiwan, je vais avoir accès à de beaux concours, les autres chevaux vont suivre et pouvoir concourir dans les épreuves intermédiaires ou les plus grosses pour certains. Ils vont prendre une bonne évolution tout comme moi ; il faut aller se frotter au haut niveau pour évoluer, la concurrence entre un CSI3* et un CSI5* n’a rien à voir. Il faut progresser et travailler pour atteindre ce niveau.
Grand Prix Replay : Avez-vous déjà planifié vos concours ?
Marc Dilasser : Mon programme est fait jusqu’à mi-mai. Obiwan sautera ce week-end au Grand Palais, il aura ensuite deux semaines de repos avant de partir quinze jours à Arezzo où j’emmène quatre autres chevaux. Pour les sept ans, ce sera Rackham’jo ; il y aura également Mistinguete, Nikel de Presle et Non Coupable. Au retour d’Arezzo, Obiwan aura deux semaines de repos. J’ai eu la confirmation hier par Henk Nooren que je courrai la Coupe des nations à Lummen puis la semaine suivante à La Baule. C’est déjà un gros morceau jusqu’au 15 mai puisqu’en dehors d’Arezzo, les autres chevaux iront sur le CSI2* de Chantilly puis sur un national à Deauville, près de la maison. Enfin, le week-end suivant le Grand Palais, je serai au Mans pour courir le Grand Prix à 1,45m avec Mistinguete, Non Coupable et Qamaieu.
Grand Prix Replay : Avez-vous des objectifs particuliers cette année ?
Marc Dilasser : L’an dernier, Henk Nooren a utilisé assez peu de couples sur la Super League et sollicité les cavaliers de tête pour le maintien de l’équipe. Normalement cette année, les chevaux qui participeront aux JO vont être assez ménagés et a priori certaines étapes de la Super League vont s’ouvrir à des couples en devenir. L’objectif est donc d’avoir accès à un maximum de concours 4* et 5*, ainsi que les CSIO pour s’aguerrir avec Obiwan et monter petit à petit. Je pourrais ainsi emmener mes chevaux de huit et neuf ans qui manquent encore un peu de métier pour les préparer aux saisons suivantes. Ils sont prêts à attaquer les grosses épreuves, ils en ont les capacités.
Propos recueillis par Camille Ménard