« LE TOP TEN N?EST PAS UNE FIN EN SOI », SIMON DELESTRE



Le Lorrain, [Simon Delestre], a vu son piquet de chevaux s’étoffer ces derniers mois grâce à l’arrivée de plusieurs montures de sept et huit ans. Dans le même temps, le cavalier a chuté à la trente-sixième place du classement mondial alors qu’il participait à la finale du Top 10 Rolex en décembre à Paris. GrandPrix-replay.com s’est tourné vers le principal intéressé afin de comprendre ces changements.

 

GrandPrix-replay.com : Vous revenez de Lummen avec plusieurs classements. Comment s’est déroulé le week-end ?
Simon Delestre : A Lummen, j’ai sorti trois chevaux de huit ans et un cheval de sept ans qui ont fait un concours formidable. J’étais vraiment plus que ravi. Quiness du Mezel a vraiment fait deux bons parcours. J’avais également une jument de huit ans qui s’appelle Queldam Denfer, qui a un peu moins d’expérience. C’était la première fois que je la mettais dans une épreuve de ce niveau-là, elle fait deux fautes, mais c’était vraiment deux fautes d’inexpérience. Enfin, Qlassic Bois Margot a vraiment fait un concours de rêve. Il a sauté dans les deux grosses épreuves et est double sans-faute à chaque fois. C’est un cheval exceptionnel, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, et maintenant il le confirme. Je ne pensais pas que les choses iraient aussi vite. Il a sauté avec une facilité incroyable. Armani V Overis Z, un cheval de sept ans, était également à Lummen ce week-end mais à son âge, il est encore en formation.
 

GrandPrix-replay.com : Votre piquet de chevaux s’est récemment élargi, quelles sont les qualités que vous recherchez chez un cheval ?
Simon Delestre : Aujourd’hui, il en faut beaucoup, surtout si l’on souhaite arriver au top. Pendant un moment, on disait que les moyens n’étaient pas le plus important. Mais lorsque l’on regarde la finale de la Coupe du monde, on réalise que les moyens comptent quand même pour beaucoup. Mais il faut aussi que le cheval ait le sens du concours et qu’il soit respectueux. Après, la manière de sauter peut être différente d’un cheval à l’autre, mais concrètement les qualités sont plus ou moins les mêmes. Pour ma part, je cherche avant tout des chevaux qui aient des gros moyens, beaucoup de respect, qui soient intelligents sur la piste et avec le sens du parcours.
 

GrandPrix-replay.com : Quels sont les prochains grands rendez-vous pour vous et vos chevaux ?
Simon Delestre : J’emmène [Napoli du Ry] à Hagen ce week-end, [Whisper]*Zimequest et Queldam l’accompagneront. La semaine suivante, je me rendrai à Oliva pour le Global Champions Tour avec [Valentino Velvet] et Quiness. Puis, du 10 au 13 mai direction La Baule avec Napoli bien entendu, mais aussi Quiness et Qlassic.
 

GrandPrix-replay.com : Comment voyez-vous l’avenir sur le long terme, notamment avec Qlassic, Quiness, Queldam ou Armani ?
Simon Delestre : Ce sont tous des chevaux qui ont énormément de qualités. Je pense que Qlassic sera un très bon cheval de championnat. Il devrait être prêt pour faire les JEM 2014 en Normandie. Il est presque en avance pour son âge. Il pourrait faire plus aujourd’hui que ce qu’il ne fait déjà, mais je ne veux pas le pousser pour qu’on dise dans quatre ans, « On lui en a trop demandé à huit ans ». Il faut que je fasse attention dans le choix de mes épreuves car il est tellement doué et précoce qu’on pourrait en oublier qu’il n’a que huit ans. Le but est de le préserver, c’est un cheval hors-normes comme on en croise peu sur son chemin. Les autres sautent très bien aussi, avec beaucoup de moyens et de qualités, mais ils ne sont pas encore sortis sur des épreuves du niveau de Qlassic donc c’est difficile de se prononcer. Ce sont des chevaux qui feront de belles choses, j’en suis sûr. Quiness a déjà remporté le petit Grand Prix à Göteborg et a fait de bonnes choses dans les épreuves à 1,50m. Queldam, en revanche, est beaucoup plus verte. Elle fera très probablement des grosses épreuves un jour, mais cela va prendre un petit peu plus de temps. Armani est encore en formation, cette année, je vais surtout chercher à le préparer pour quelques Grands Prix l’année prochaine.
 

GrandPrix-replay.com : Le fait de vous concentrer sur ces jeunes chevaux expliquerait-il votre chute dans le classement mondial ?
Simon Delestre : Déjà, il faut savoir que si je me classe au-delà de la deuxième place dans les épreuves dotées à 23.000 euros, dites « ranking », je ne marque aucun point. Désormais, il faut plus s’orienter dans les épreuves à 56.000 euros de dotation et le coefficient passe donc au niveau supérieur, mais il n’y en a pas énormément. Cet hiver, avec Napoli, même s’il a toujours bien sauté dans les Coupes du monde, on sort six fois à quatre points donc je n’ai pas marqué de points. Ce nouveau règlement ne nous a pas vraiment avantagés avec [Roger-Yves Bost]. Et puis, je me suis pas mal concentré sur mes jeunes chevaux, et je n’ai pas envie de leur demander plus tout de suite. Valentino commence seulement à être prêt. Il ne faut pas oublier qu’en septembre il n’avait pas sauté plus d’1,35m et il y a quinze jours, à Doha, il a superbement sauté. Les chevaux vont très bien, c’est le principal. Parfois, le classement n’est pas tout à fait révélateur de ce qui se passe et bien souvent, il a six mois de décalage.
 

GrandPrix-replay.com : Vous participiez au Top Ten à Paris en décembre dernier, votre objectif est-il de remonter dans ce Top Ten ?
Simon Delestre : Non, pas pour le moment mais peut-être l’année suivante. Qlassic a beau être très à l’aise sur les barres, je ne veux pas abuser non plus. Avec Napoli, le but est d’aller aux Jeux olympiques donc je vais essayer de trouver le juste équilibre en terme de concours afin de le préserver au maximum. De même, Valentino va trouver son rythme dans les étapes du Global Champions Tour. Je ne veux pas aller en surrégime pour remonter dans le classement mondial, ce n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est d’être dans les trente premiers et pouvoir participer au Global. Mais surtout, c’est d’avoir des chevaux comme j’ai aujourd’hui.
 
Propos recueillis par Lola Bernardini