L'Amérique paie 'Cash'
Doté d'un million d'euros (dont 500.000 promis au vainqueur) , le Prix d'Amérique Marionnaud (groupe I, 2.700 mètres) disputé dimanche sur la cendrée de Vincennes avait fière allure pour sa 90ème édition, ayant réuni d'authentiques champions venus de divers horizons et tous prophètes en leur pays, comme le français Ready Cash, le très costaud suédois Maharajah ou l'italienne Lana del Rio, fille du champion Varenne, double lauréat de cette épreuve en 2001 et 2002. Il s'agissait là des favoris les plus crédibles de cette course mythique mais bien d'autres concurrents pouvaient afficher de sérieuses prétentions comme Oyonnax vainqueur surprise en 2010 à la cote de 172 contre un, à la recherche d'un doublé, Olga du Biwetz récente lauréate du Prix de Cornulier , l'épreuve reine au trot monté, Première Steed, Private Love et autres Quaker Jet, tous bardés de titres. Un tel plateau ne pouvait attirer que la foule des grands jours et lorsque le starter libéra les dix-huit concurrents, il était devenu difficile voire impossible pour les quelque 35.000 spectateurs (dont plusieurs milliers de Suédois) de circuler librement sur l'hippodrome du Plateau de Gravelle. Tous attendaient la victoire d'un monstre sacré à l'image des Ourasi, Bellino II ou Roquépine anciennes gloires qui forgèrent la légende de ce championnat du monde des trotteurs et ils n'ont pas été déçus....
Cette année il n'y a en effet pas eu de surprise majeure et les deux premières places sont revenues aux deux chevaux hors normes du peloton, le français Ready Cash réussissant à s'imposer devant le crack suédois Maharajah, tous deux ayant mis littéralement K.O leurs poursuivants en menant un train d'enfer, Olga du Biwetz devant se contenter à distance de la troisième place devant Oyonnax et Quaker Jet.
Avec dix-huit chevaux devant effectuer une volte pour s'élancer, le starter de Vincennes a déjà vécu des moments "américains" pathétiques, mais cette fois tout s'est bien passé (un seul mini faux départ) et Ready Cash a tout de suite pu s'installer dans le peloton de tête emmené par l'italienne Lana del Rio suivie de Maharajah, Oyonnax et Nuit Torride. Avant la mi-parcours, Lana del Rio se mettait au galop et disparaissait laissant Maharajah seul au commandement accompagné par Ready Cash, Olga du Biwetz en léger retrait avec Oyonnax et Quaker Jet.
Les premiers avalaient dans cet ordre la montée de Vincennes et dans l'ultime virage, Ready Cash piloté par Frank Nivard portait une attaque qui allait s'avérer décisive à Maharajah confié à Orjan Kihlström. Dans la ligne d'arrivée, Franck Nivard sachant que Ready Cash est pétri de classe mais imprévisible ne commandait pas trop fermement son cheval afin de le maintenir dans un trot parfait tandis que Kihlström, l'elfe suédois connaissant le talon d'Achille de son rival, revenait à grandes battues pour tenter de le surprendre. Peine perdue, il échouait à la hanche du super champion qui avait parcouru les 2.700 mètres sur le pied de 1'12''10 soit à environ 50 km/h !
Franck Nivard remportait son deuxième Prix d'Amérique après celui de Meaulnes du Corta en 2009 pour la plus grande joie de celui qui lui avait fait confiance, l'entraîneur de Ready Cash, Thierry Duvaldestin. Ce dernier, très ému après son succès s'exprimait ainsi: " Bravo à Franck car il n'a pas tremblé et surtout grand merci à Philippe Allaire qui m'a confié le cheval voici quelques mois". En effet, Philippe Allaire, copropriétaire du cheval et son entraîneur en début de carrière souhaitait que Ready Cash se refasse un moral à la campagne et quitte donc Grosbois le centre d'entraînement parisien où il avait beaucoup de mal à "l'avoir droit". Il faut dire que Ready Cash a connu bien des problèmes de dos et qu'il n'a pas toujours été en mesure de faire parler sa très grande classe se montrant bien souvent susceptible et "sur le gaz"... Mais hier, parfait dans ses allures et au-dessus de la mêlée il est entré dans la légende et nul n'oubliera de sitôt ce Prix d'Amérique d'anthologie qu'il a remporté à grandes battues devant un autre crack, Maharajah.
Jean-Noël GONTIER