“Je n’ai pas le sentiment d’être un modèle”, Peder Fredricson
Lorsqu’il n’est pas sur des chevaux, Peder Fredricson les peint. L’œuvre de sa vie a d’ailleurs de quoi rendre fou de jalousie bon nombre d’hommes. Présentant un physique élégant et élancé, un charme froid typiquement scandinave, une vie familiale parfaite, une réussite sportive insolente et un talent certain pour les arts plastiques, le Suédois a tout du père de famille idéal, mesuré et patient. Depuis 2016, celui qui était alors âgé de quarante-quatre ans a collectionné trois médailles majeures : l’argent individuel aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, l’or individuel aux championnats d’Europe de Göteborg et l’argent collectif aux Jeux équestres mondiaux de Tryon. Indissociable du génial H&M All In de Vinck, qu’il espère retrouver au sommet de sa forme cet été aux JO de Tokyo, l’homme de Grevlunda, petit village de la côte sud suédoise, rêve de nouveaux grands succès. Infiniment humble, il est de ces hommes qui ne font jamais de vagues mais dont les accomplissements créent des tsunamis. Au lendemain d’une finale du Top Ten décevante, Peder Fredricson s’est livré dans une alcôve du CHI de Genève. Au propre comme au figuré, rencontre avec un grand Monsieur.
Cette saison, All In a par moments semblé moins intouchable que par le passé. Partagez-vous ce sentiment, et si oui, comment l’expliquez-vous ?
C’est vrai, il n’a pas été tout à fait le même, ce que je ne m’explique pas vraiment… Après avoir remporté les championnats d’Europe (en août 2017, ndlr), il a été écarté des terrains de compétition un bon moment. Je n’ai pas pu l’emmener aux JEM de Tryon car il a eu un problème au jarret. Il est revenu et a réalisé quelques très bonnes choses, comme ses victoires à Stockholm et Falsterbo. Malgré cela, on ne peut pas dire qu’il soit vraiment le même. Je m’en suis bien rendu compte ici. Je déteste sentir que l’état de forme d’un cheval se dégrade. Je vais lui donner une pause, et nous allons voir si quelque chose le gêne. Il reprendra la compétition dans des épreuves modestes, jusqu’à ce que je juge qu’il a retrouvé toute sa superbe. Ce sera sûrement au Mediterranean Equestrian Tour d’Oliva, avec deux week-ends de CSI 2*, puis un CSI 3*. Nous verrons s’il parvient à retrouver l’état de forme qu’il avait dans ses meilleures années. En tout cas, il ne prendra part à aucune compétition d’envergure avant que j’en sois certain. En vue des JO de Tokyo, il devra être en meilleure forme qu’aux Européens de Rotterdam pour que je m’appuie sur lui. J’espère que nous allons trouver ce qui cloche. Sans omettre qu’il aura quatorze ans en 2020…
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Lorsque l’on demande à des légendes telles que Rodrigo Pessoa ou Michel Robert (lire les numéros 108 et 111 du magazine) quel cavalier les impressionne actuellement, votre nom est immédiatement cité. Que cela vous inspire-t-il ?
[Il rougit ]Non, sérieusement ? Je n’aurais jamais au grand jamais imaginé cela ! Je suis vraiment étonné. C’est tout à fait inattendu. Je suis ravi et très honoré d’entendre cela à mon sujet. C’est vraiment gentil, mais je n’ai pas le sentiment d’être un modèle. La seule chose, c’est que j’aime mes chevaux. Je pense que c’est en partie pour cela que les gens m’apprécient en Suède, car ils aiment aussi profondément les chevaux. Cela nous unit un peu. La plupart du temps, c’est positif, mais cela peut aussi être un poids car cela pousse à être un peu trop déterminé et compétiteur. Cependant, ce n’est pas mon état d’esprit. Ce qui prime avant tout, c’est l’amour que je porte à mes chevaux. J’aime les monter, les entraîner et les emmener en compétition. Bien sûr, j’adore gagner, mais ce n’est pas ma priorité.
Retrouvez cet entretien en intégralité dans le numéro 113 du magazine GRANDPRIX