Il était important pour [Rene Lopez] de remporter un jour le Grand Prix de Saint-Lô. Ce jour est enfin arrivé, hier ! Le cavalier colombien de Bogota s’est imposé avec force et ténacité devant trois autres barragistes dont les rapides [Patrik Spits] avec Cyber Van Vryhern, deuxième, et [Penelope Leprevost] avec Myss Valette, troisième.
« Je suis arrivé en Normandie chez Jean-Pierre Vilault il y a vingt ans pour y travailler six mois, et tout compte fait, je ne suis jamais revenu en Colombie. Cette région me tient à cœur, c’est pour cela qu’il était important pour moi de remporter un jour ce Grand Prix. La Normandie c’est un peu mon deuxième pays », annonçait ému René Lopez qui s’est installé depuis en Alsace. René était de plus en selle sur une jument née à quelques encablures de Saint Lô chez Vincent Brohier à côté de Bayeux. Noblesse de Tess (Cumano x Philadelphine par Irak E) a été montée jusqu'à six ans par son naisseur qui l’aura ensuite vendue à Bertrand Darier, lui-même détenteur d’une victoire sur le Grand Prix de Saint Lô.
« Elle a un cœur énorme et beaucoup de force. C’est bien sûr ma jument de tête. J’étais qualifié pour les JEM de Lexington, mais nous avons pensé avec son propriétaire qu’il était encore tôt. Je la protège beaucoup, elle n’a fait qu’une trentaine de parcours cette année dont le splendide parcours du CSIO de la Baule. Je la prépare pour les Jeux panaméricains et j’espère qu’elle sera toujours en forme pour les JO Londres. Je n’irai pas à Caen car les nouveaux organisateurs, qui sont les mêmes que ceux de Cannes (François Bourey), me demandent depuis vingt ans à chaque fois de l’argent pour participer à leur concours alors que moi je veux juste faire mon sport et pas payer pour faire mon métier…»
Premier à s’élancer sur la piste face à cinquante-huit cavaliers qualifiés, René aura eu moins de pression que ses concurrents car le temps réglementaire affichait 79 secondes. « Je n’avais pas passé un très bon week-end jusqu’ici car mes autres chevaux faisaient leurs premiers indoors et ils n’ont pas fait de bons résultats. Cela a joué sur mon moral, mais ce matin j’ai tout effacé et comme je connais très bien la jument que je monte depuis un an et demi, la complicité était là et j’ai foncé sans me poser de question. »
Après le deuxième sans-faute du Suisse Hansueli Sprunger avec Képi de Valse (Duc de la Cour) qui s’élançait juste après René, le chef de piste Jean-Paul Lepetit décida de raccourcir le temps à 73 secondes.
Six cavaliers sortiront avec du dépassement de temps dont la victorieuse Espagnole de l’an passé Pilar Lucrecia Gordon, septième. Meilleur cavalier du concours avec trois victoires à son actif, Simon Delestre fera de même avec Couletto, il se classe sixième. Il recevra en cadeau pour ses bons résultats du week-end un beau poulain. Cinquième avec un point de temps, Marc Dilasser gardait tout de même le sourire sur Obiwan de Pilière.
Le parcours était semé d’embûches, le vertical en numéro deux et le gros oxer carré tombaient fréquemment. « Je n’étais pas à 100% dans mon barrage et la jument non plus, mais trois jours avec trois sans-faute, on peut quand même dire que c’est positif pour cette jument qui fera la grosse épreuve des GPA Master à Lyon », explique Pénélope Leprevost qui était reçue sur ses terres normandes comme une star après son retour de Lexington. Autre star normande, Alexis Gauthier, récent champion de France, fera une petite faute dans le Grand Prix, comme le célèbre Idéo du Thot qui revient très en forme avec le jeune Martin Fuchs.
Côté ambiance, les tribunes étaient pleines à craquer, côté organisation le CSI aura hérité de l’écran géant, des belles décorations et de la restauration mise sur pied pour les journées JSF du week-end dernier (coût 140 000 euros). Jean-Claude Heurtaux, l’organisateur, souhaiterait bien sûr créer plus tard un CSI4*, mais pour le moment ce sera plutôt un CSI3* prévu avec des épreuves jeunes chevaux internationales cet été. Cela se déroulerait le week-end suivant le Normandie Horse Show pour préparer au mieux la candidature de la ville de Saint Lô au JEM de 2014. Saint Lô accueillerait dans ses infrastructures – qui ont coûté treize millions d’euros – les épreuves jeunes chevaux organisées par la Fédération et la SHF. Un mondial des jeunes chevaux sera en effet organisé en parallèle des JEM.
Le CSI 1* qui se courrait en parallèle sur la carrière extérieur aura été remporté par Bruno Coutureau et Maidelis d’Elke. Il devance Thomas Rousseau avec Pasha du Gué et Fabrice Paris avec Lavande des Forêts.
Jennifer Decamp