« Pour un retour à l’endurance traditionnelle »
Nommé au comité technique d’endurance de la Fédération équestre internationale le 19 novembre pour quatre ans de mandat, Stéphane Chazel est l’un des porte-parole de la Fédération française d’équitation à l’international. En compagnie de Michel Faucon, président de la commission endurance et juge international 4*, et d’Alain Soucasse, coordinateur de la discipline au sein de la FFE, ils partagent leur vision de la discipline dans un entretien réalisé et publié par la fédération.
Quel sont le principe, les valeurs et l’éthique de l’endurance?
Stéphane Chazel : Aller d’un point à un autre, le plus rapidement possible, en préservant la santé de son cheval. Cette discipline valorise le surpassement de soi et les notions de couple, de complicité et de partage de l’effort. La santé et la préservation des chevaux sont au cœur de nos préoccupations.
Michel Faucon : En France comme à l’international, l’objectif est de mobiliser l’ensemble des acteurs de l’endurance sur le bien-être animal : officiels, vétérinaires, cavaliers, entraîneurs et organisateurs.
Comment cette discipline a-t-elle évolué ces dernières années?
S.C. : Les premières compétitions ont débuté en Europe dans les années 1970. C’est une discipline jeune, qui a évolué de telle manière qu’elle doit être repensée. Aujourd’hui, les progrès génétiques mais aussi techniques en matière de préparation, d’alimentation et de ferrure ont contribué à améliorer de manière significative les performances. C’est bien, mais nous sommes arrivés à une certaine limite, qui nous oblige à nous montrer vigilants et à repenser l’organisation de la discipline. Pierre Cazes, ancien entraîneur de l’équipe de France, avait dit au sujet de la difficulté grandissante des épreuves : \"on est en train de faire du demi-fond, plus de l’endurance pure\". Nous arrivons à la limite de l’augmentation de la vitesse. Depuis quelques d’années, les distances des épreuves tendent à se réduire, et qui dit \"plus court\", dit \"plus vite\"! Il faut rester attentif à ce que les performances des chevaux ne nous éloignent pas de l’endurance telle qu’on la pratiquait à l’origine.
Quelles sont les solutions face à ces problèmes?
S.C. : Nos réflexions vont vers un retour à l’endurance traditionnelle, en rallongeant les distances des épreuves. La France, les États-Unis et l’Australie, qui ont inventé la discipline sous sa forme sportive et qui sont les leaders en termes d’organisation et de résultats, veillent à cela. L’idée serait de privilégier les épreuves de fond sur 160 km aux épreuves de « course » et de maintenir ainsi la technicité des parcours. La solution pourrait être de scinder la discipline en deux branches, avec une endurance de course d’un côté et une endurance de fond de l’autre.
Qui intervient pour garantir la bonne santé des chevaux lors des compétitions d’endurance?
S.C. : En premier lieu les cavaliers, qui sont normalement à l\'écoute de leurs chevaux. Ensuite, les officiels qui, en tant qu\'experts, veillent au respect du règlement et plus particulièrement au bien-être des chevaux. Vétérinaires et juges ont donc un rôle prépondérant pour éviter tout abus et sanctionner ceux qui ne pourraient malheureusement pas être évités.
Qui réglemente la discipline?
S.C. : La FEI et les fédérations nationales. Le principal enjeu se situe au niveau de l’application du règlement. Les juges et vétérinaires, qui en ont bien pris conscience, organisent des tables rondes pour réfléchir à ce qui pourrait être amélioré.
Stéphane Chazel : Aller d’un point à un autre, le plus rapidement possible, en préservant la santé de son cheval. Cette discipline valorise le surpassement de soi et les notions de couple, de complicité et de partage de l’effort. La santé et la préservation des chevaux sont au cœur de nos préoccupations.
Michel Faucon : En France comme à l’international, l’objectif est de mobiliser l’ensemble des acteurs de l’endurance sur le bien-être animal : officiels, vétérinaires, cavaliers, entraîneurs et organisateurs.
Comment cette discipline a-t-elle évolué ces dernières années?
S.C. : Les premières compétitions ont débuté en Europe dans les années 1970. C’est une discipline jeune, qui a évolué de telle manière qu’elle doit être repensée. Aujourd’hui, les progrès génétiques mais aussi techniques en matière de préparation, d’alimentation et de ferrure ont contribué à améliorer de manière significative les performances. C’est bien, mais nous sommes arrivés à une certaine limite, qui nous oblige à nous montrer vigilants et à repenser l’organisation de la discipline. Pierre Cazes, ancien entraîneur de l’équipe de France, avait dit au sujet de la difficulté grandissante des épreuves : \"on est en train de faire du demi-fond, plus de l’endurance pure\". Nous arrivons à la limite de l’augmentation de la vitesse. Depuis quelques d’années, les distances des épreuves tendent à se réduire, et qui dit \"plus court\", dit \"plus vite\"! Il faut rester attentif à ce que les performances des chevaux ne nous éloignent pas de l’endurance telle qu’on la pratiquait à l’origine.
Quelles sont les solutions face à ces problèmes?
S.C. : Nos réflexions vont vers un retour à l’endurance traditionnelle, en rallongeant les distances des épreuves. La France, les États-Unis et l’Australie, qui ont inventé la discipline sous sa forme sportive et qui sont les leaders en termes d’organisation et de résultats, veillent à cela. L’idée serait de privilégier les épreuves de fond sur 160 km aux épreuves de « course » et de maintenir ainsi la technicité des parcours. La solution pourrait être de scinder la discipline en deux branches, avec une endurance de course d’un côté et une endurance de fond de l’autre.
Qui intervient pour garantir la bonne santé des chevaux lors des compétitions d’endurance?
S.C. : En premier lieu les cavaliers, qui sont normalement à l\'écoute de leurs chevaux. Ensuite, les officiels qui, en tant qu\'experts, veillent au respect du règlement et plus particulièrement au bien-être des chevaux. Vétérinaires et juges ont donc un rôle prépondérant pour éviter tout abus et sanctionner ceux qui ne pourraient malheureusement pas être évités.
Qui réglemente la discipline?
S.C. : La FEI et les fédérations nationales. Le principal enjeu se situe au niveau de l’application du règlement. Les juges et vétérinaires, qui en ont bien pris conscience, organisent des tables rondes pour réfléchir à ce qui pourrait être amélioré.
« L’équitation comme un sport de couple »
Quelle est la position de la Fédération française d’équitation?
Alain Soucasse : La FFE a toujours positionné l’équitation comme un sport de couple. En endurance, nous défendons cela auprès de la FEI. L’Endurance « race » (de course rapide) n’est pas du tout dans cette logique-là. C’est un véritable débat qui est engagé sur ce qu’est le sport et la compétition sportive en endurance.
S.C. : La France doit être leader et source de propositions dans ce débat avec la FEI. Elle est le pays où l’endurance est la plus pratiquée sous l’égide de la FEI, à la différence des États-Unis et de l’Australie, où seuls 5 % des compétitions sont gérées par la FEI.
Comment sont transmises les valeurs de l’endurance aux entraîneurs et cavaliers français?
A.S. : Bénédicte Émond-Bon, entraîneur et sélectionneur national, et Christophe Pélissier, vétérinaire de l’équipe de France Seniors, réunissent plusieurs fois par an l’élite des cavaliers d’endurance. Bénédicte et Marie Galliou Goachet, vétérinaire des Jeunes, regroupent régulièrement les Juniors lors de stages organisés par la FFE, comme dans toutes les autres disciplines. En termes de diplôme, d’un point de vue institutionnel, il n’existe que le BP JEPS d’animateur enseignant d’équitation. Le diplôme d’entraîneur reste à créer en endurance. D’un point de vue fédéral, la mise en place du Brevet fédéral d\'entraîneur (niveaux 1 et 2) est également un levier pour apporter des compétences spécifiques d\'entraînement à des diplômés d\'État et ainsi promouvoir les valeurs et techniques que nous défendons.
Le meilleur moyen pédagogique d’inspirer au monde le modèle français ne serait-il pas d’organiser nos prochaines compétitions en France dans le respect total de la tradition?
S.C. : Oui, tout à fait. D’ailleurs, la plupart des règlements actuels avaient déjà été réfléchis et améliorés sur le canevas des règlements français établis dans les années 1980. Nous travaillons en ce sens pour les compétitions à venir.
Quel rôle vont avoir les cavaliers dans cette perspective?
S.C. : Les jeunes ont envie d’un retour aux valeurs traditionnelles. Je crois que le salut viendra d’eux. Il faut maintenant une prise de conscience massive des organisateurs.
Quels sont les enjeux de ce débat sur l’avenir de l’Endurance ?
A.S. : Le bien-être du cheval est essentiel. Une mauvaise image de l’endurance, c’est une mauvaise image de l’équitation en général. Nous avons cette responsabilité d’entretenir une belle image de notre sport. Les enjeux sont la place de l’équitation en France, dans le monde et dans le concert international du sport et les grands rendez-vous sportifs comme les Jeux olympiques.