Comment entretenir et alimenter son cheval en période de confinement ? La réponse de la FEI et Cavalor
En cette période inédite de confinement, beaucoup de chevaux sont en quelque sorte au repos forcé. Les uns vivent dans des boxes, les autres au pré. Certains continuent à travailler quotidiennement tandis que les autres doivent s’accommoder d’une activité très réduite… Comment les conserver en forme, prêts à reprendre la compétition dès que le feu vert sera donné ? Comment adapter leur régime alimentaire ? La Fédération équestre internationale (FEI) et son partenaire officiel Cavalor, leader mondial de la nutrition équine, apportent leurs réponses à ces questions cruciales.
« Sortir les chevaux tous les jours est absolument nécessaire à leur bien-être", Göran Åkerström
Mi-mars, dans de très nombreux pays, cavaliers et chevaux de sport ont soudainement vu leur rythme bouleversé. Compétitions annulées ou reportées, coaching interrompu… Si les humains doivent rester chez eux pour ralentir la progression du Covid-19, les chevaux, eux, ont toujours besoin d’activité physique. « Sortir les chevaux tous les jours est absolument nécessaire à leur bien-être. Cela n’est pas négociable », développe Göran Åkerström, directeur du service vétérinaire de la Fédération équestre internationale (FEI). « La situation varie selon les pays et le confinement n’est pas appliqué partout avec la même sévérité. En cas de difficulté mettant en péril le bien-être des chevaux, chaque professionnel, cavalier, gérant de structure équestre, ne doit pas hésiter à contacter sa fédération nationale pour demander conseil, ou de l’aide. Chaque fédération nationale doit, si besoin en n’hésitant pas à se référer aux autorités, assumer son rôle au-près de la communauté équestre de son pays et garantir le bien-être des chevaux, notamment concernant la nécessité absolue d’une sortie quotidienne pour chacun d’eux. »
« Au-delà d’un mois de repos, la musculature commence à s’atrophier », Emmanuelle van Erck
Le Dr Emmanuelle van Erck, vétérinaire, experte européenne en maladies respiratoires et consultante en nutrition de Cavalor, livre quelques rappels utiles. « Un cheval mis au repos reste en état durant un mois. Au-delà, sa musculature commence à s’atrophier… Et ce même s’il vit au pré ou s’il est sorti quotidiennement au paddock. » C’est pourquoi il est important, autant que possible, de continuer à faire travailler les chevaux chaque jour. « Je recommande au moins une séance quotidienne d’assouplissements et de mise en main afin d’entretenir la musculature et la flexibilité des tendons. Cela vaut d’autant plus pour un cheval d’âge, ou sujet à des fragilités musculaires ou ostéo-articulaires. À l’inverse, trois séances hebdomadaires pourraient suffire à un cheval encore jeune », ajoute Emmanuelle van Erck.
La vétérinaire met aussi en garde contre les effets sanitaires du repos forcé. « Un cheval confiné au box sera d’autant plus sujet à des problèmes de digestion comme les coliques, des accidents musculaires tels que la myopathie, ou respiratoires : en effet, il inhalera plus de particules de poussière que d’habitude. » Peter Bollen, fondateur et dirigeant de Cavalor, apporte lui aussi des préconisations en matière d’activité. « Je conseille de mettre en place un rythme de travail doux, avec deux séances hebdomadaires un peu plus costaudes. Les chevaux entretenus durant tout le confinement seront opérationnels dès la reprise des concours. » Quid des chevaux mis au vert et pour lesquels on ne peut maintenir le rythme d’entraînement ? « Il faudra en ce cas compter six à huit semaines de remise au travail progressive avant qu’ils soient prêts à fouler une piste de compétition », prévient Peter Bollen.
« Une période idéale pour aider le système immunitaire à se régénérer ! », Peter Bollen
On ne nourrit pas de la même manière un cheval soumis à un travail intensif en pleine saison de compétition et un équidé mis au repos ou travaillant au ralenti. Pour celui-ci, « il faut diminuer la quantité de céréales concentrées de sa ration, au profit de fibres et d’huiles végétales. Non seulement cela évite le surpoids, mais c’est aussi l’occasion rêvée de reposer son estomac et permettre à son système immunitaire de se régénérer », préconise Peter Bollen. Emmanuelle van Erck détaille le protocole à suivre : « Il faut veiller à opérer une transition en douceur afin de préserver la flore intestinale du cheval. Une transition brutale l’exposerait en effet à des risques de diarrhée, de constipation ou de fermentation. Cette transition progressive doit s’étaler sur une dizaine de jours. La quantité des rations sera également diminuée, à la hauteur du ralentissement de l’activité physique du cheval. En cas de doute, il est recommandé de faire appel à un nutritionniste. De plus, il existe des outils de calcul de rations sur mesure, qui sont évaluées en fonction de données telles que l’âge, le poids, le volume de travail, etc. » En la matière, Cavalor dispose de son propre outil, accessible en ligne sur mycavalor.com. « Nous avons à cœur non seulement de pro-poser une large gamme de produits permettant à chaque cheval de se trouver en forme, performant et heureux, mais aussi d’éduquer tous les cavaliers et hommes de cheval, afin qu’ils comprennent en quoi consiste une alimentation adaptée à leurs chevaux, et la maîtrisent », note Peter Bollen.
« Mastiquer en permanence le préservera de l’ennui et le détendra », Emmanuelle Van Erck
Cette période est également propice à un retour à une alimentation naturelle, composée notamment de fourrage. « Le foin, d’excellente qualité bien entendu, afin de préserver tous ses apports énergétiques, et humidifié si besoin, sera idéalement proposé à volonté, dans un filet plutôt qu’en vrac pour empêcher le cheval de se gaver trop vite. Il présente l’avantage non négligeable d’occuper le cheval tout au long de la journée, ce qui préserve tant son système digestif, qui produit de l’acidité en permanence nécessitant d’être épongée, que son moral. En effet, mastiquer en permanence le préservera de l’ennui et le détendra, ce qui favorisera un comportement plus zen », analyse Emmanuelle van Erck.
Quand l’environnement le permet, une telle période peut représenter une belle opportunité de redonner aux chevaux le goût de l’herbe. « Certes, les chevaux mangent essentiellement de l’herbe à l’état naturel, mais attention, quand cela ne constitue pas leur quotidien habituellement, il ne faut pas en abuser », nuance toutefois Peter Bollen. « En ce début de printemps, la jeune herbe est très riche en protéines et en sucres. Une surconsommation causerait au cheval des problèmes de santé : surpoids, diarrhées, coliques, fourbures. Il faut donc mettre les chevaux à l’herbe de façon progressive, d’abord une heure par jour seulement, puis en augmentant la durée chaque jour. Il ne faut pas non plus négliger les données climatiques. En ce moment, les jours se réchauffent, mais les nuits demeurent très froides. Pour se protéger, l’herbe produit du sucre en fin d’après-midi. Afin que les chevaux ne soient pas victimes d’excès de sucre, surtout ceux qui y sont particulièrement sensibles (à l’instar des chevaux atteints du syndrome de Cushing, souffrant de fourbures chroniques, ou encore de ceux qui sont résistants à l’insuline ou sujets aux myopathies), mieux vaut donc les mettre à l’herbe en début journée. »
En cette période de confinement comme toujours, la communauté équestre déploie tous les efforts nécessaires pour préserver le bien-être des chevaux qu’elle aime tant. Depuis le début de la crise sanitaire, Cavalor met tout en œuvre pour accompagner au mieux chaque cavalier, chaque professionnel, chaque femme et homme de cheval dans cette épreuve.
Pour aller plus loin :
- les conseils de Cavalor pendant cette période sans compétition