Des dirigeants de club sous pression face aux conséquences économiques dramatiques du confinement
Cette période de crise sanitaire est exceptionnelle et frappe de plein fouet tous les secteurs d’activités. Les poney-clubs, les centres équestres, l’ensemble des pratiquants et les sportifs de haut niveau font face chaque jour aux difficultés et subissent les conséquences. La filière équestre est d’autant plus touchée qu’elle doit continuer à entretenir ses équidés malgré une activité stoppée. La FFE tire à nouveau la sonnette d’alarme et donne la parole à Anne-Sophie Riguet, trente-huit ans, qui dirige le poney-club des Cinq Arpents, dans le Loiret.
La France compte près de 6.000 poney-clubs et centres équestres répartis sur tout le territoire, représentant 180.000 emplois directs et indirects. Ces très petites entreprises de type agricole, essentiellement privées, continuent de supporter l’intégralité des coûts de fonctionnement, liés aux installations et à l’entretien des chevaux et poneys qu’elles surveillent et entretiennent tout au long de l’année. “Notre poney-club compte près de cent cinquante licenciés. Nous hébergeons vingt-trois poneys tout au long de l’année qui permettent à nos cavaliers de découvrir l’équitation, de progresser et de sortir en compétition. Habituellement à cette période, ils dorment en boxes et sont au pré la journée quand ils ne sont pas en cours avec leurs petits cavaliers. Avec la fermeture des établissements accueillant du public, nous avons fait le choix de les mettre au pré dès à présent. Ils vivent en petits groupes de quatre ou cinq. Nous allons les voir quotidiennement pour les nourrir et assurer les soins indispensables à leur bien-être. Nous ne pouvons pas les abandonner dans un coin en attendant que cela passe, ils ont besoin de nous et de notre attention chaque jour. Nous avons été contraints de mettre nos salariées à temps plein en chômage partiel à cause de la baisse d’activité. Nous sommes en confinement et cette crise nous frappe de plein fouet en raison de la baisse des recettes qui en découle. C’est normalement pour nous la pleine période d’activité. Avec le retour des beaux jours, nous organisons habituellement beaucoup d’animations, de sorties, de compétitions... avec nos cavaliers. Les stages que nous proposons aux vacances de Pâques sont également une source importante de revenus. Toutes ces activités nous permettent de fidéliser notre clientèle à travers la pratique de l’équitation. J’ai peur que cette interruption nous soit très difficile à gérer pour la reprise. C’est un véritable coup d’arrêt pour nos clubs”, témoigne Anne-Sophie Riguet, trente-huit ans, qui dirige le poney-club des Cinq Arpents, dans le Loiret.
“Nous avons dû mettre en place une nouvelle façon de communiquer avec nos cavaliers pour rester en lien dans cette période de confinement qui est dure pour tout le monde. Sur nos réseaux sociaux, nous faisons l’opération «1 Jour > 1 Poney». Chaque jour, nous mettons à l’honneur un poney du club. Nous mettons des photos/vidéos et racontons son histoire, son parcours, des anecdotes qui le concerne, son caractère, ses habitudes, etc. Cela fonctionne très bien auprès de nos cavaliers et leurs parents, qui font même des paris sur le prochain «Poney du jour»! Il est très important de garder cette relation pendant cette période d’isolement. Nous devons trouver des moyens pour conserver notre cohésion et cet esprit de famille propre au club. Quand le temps sera venu pour chacun d’entre nous de circuler à nouveau plus librement, alors tous les clubs compteront sur leurs cavaliers pour revenir profiter de la nature aux côtés des chevaux et poneys”, poursuit la dirigeante.
“La FFE nous accompagne en relayant les directives gouvernementales et en les expliquant si nécessaire. Nous recevons également des informations juridiques et pratiques concernant les aides nationales ou régionales auxquelles nous pouvons prétendre, les annulations ou les reports de compétition... Pour ma part, j’attends aussi beaucoup des actions qui vont suivre comme la Fête du poney prévue le 14 juin ou, si le confinement devait durer davantage, la Journée du cheval en septembre, ainsi que les opérations d’aide à la relance qui seront proposées par la FFE. On va plus que jamais devoir s’appuyer sur ce genre d’initiatives pour faire revenir du monde dans nos clubs. Le relais et la communication mise en place par la FFE seront cruciales pour nous”, dit encore Anne-Sophie Riguet. “Le message que j’aimerais faire passer à tous les dirigeants de clubs, c’est de rester motivés et de ne pas se démoraliser. On peut rebondir et sortir d’une crise pareille. On doit être créatifs, inventifs, et miser sur nos fantastiques poneys et chevaux, ainsi que sur l’humain pour revenir encore plus forts!”